Le secret d'Eleusis
un congrès. Ils n’ont pas vraiment le profil de fauteurs de troubles. Et Knox, celui qui est en bas, non seulement il a trouvé la tombe d’Alexandre le Grand, mais il a fait tomber les Dragoumis. C’est un héros national.
— Nom de Dieu... Je vais lui faire la peau à ce malakas de Grigorias !
— Pas tant que l’affaire n’est pas résolue.
— Non... Vous dites que ce Knox est en bas ?
— Oui.
— Et c’est un homme raisonnable ? On pourrait peut-être envisager un arrangement.
Theofanis réfléchit un instant.
— Il est furieux, mais il a peur, songea-t-il à voix haute. Pour lui, mais surtout pour son ami Pascal. Si on pouvait lui garantir des soins adaptés...
— Et comment suis-je censé offrir une garantie pareille avec nos foutus hôpitaux ?
— Alors je ne sais pas... Peut-être devriez-vous aller le voir en personne.
Angelos se leva de son fauteuil.
— Bonne idée, admit-il.
Chapitre 3
I
Pavillon des congrès, Éleusis
Nico Chavakis avait appris à reconnaître les symptômes avant-coureurs dune crise : trouble du rythme cardiaque, suées et bouffées de chaleur, haut-le-cœur, nausées et, le plus désagréable, vertiges entraînant une perte d’équilibre. Il desserra le nœud de sa cravate et déboutonna son col de chemise.
— Une chaise, souffla-t-il.
Heureusement, Gaëlle Bonnard n’hésita pas une seconde. Elle se précipita vers les rangées de chaises pliantes en bois, empoigna les deux premières et les ouvrit côte à côte derrière lui, avant de l’aider à s’asseoir, une fesse sur chacune. Jambes écartées, les mains sur les genoux, il s’efforça de respirer comme on le lui avait montré, profondément et régulièrement, en gonflant les poumons. Puis il attendit que la crise passe.
— Ça va ? s’inquiéta Gaëlle. Vous avez besoin de quelque chose ?
— Ça va aller, répondit Nico. Laissez-moi le temps de récupérer.
— J’appelle un médecin.
— Pas la peine.
C’était vrai. Nico était toujours dans le tunnel, certes, mais l’obscurité était de moins en moins opaque. Il commençait à en voir le bout. Et il ne voulait surtout pas se faire remarquer par les nombreuses personnes qui sirotaient leur cocktail de l’autre côté du pavillon des congrès.
— Je suis sous le choc, c’est tout, bredouilla-t-il.
Il y avait de quoi. Bien sûr, c’était une tragédie pour Augustin Pascal et Roland Petitier, mais il était, lui aussi, en mauvaise posture. Il n’était pas fier de penser à ses intérêts personnels dans un moment aussi dramatique, mais c’était humain, après tout. Il avait un congrès à gérer.
— Vous savez, ajouta-t-il, c’étaient mes deux principaux intervenants.
Toute trace de compassion disparut immédiatement du visage de Gaëlle.
— Et alors ? s’indigna la jeune femme. Vous n’avez qu’à annuler.
— Vous ne comprenez pas, soupira Nico.
Il la regarda d’un air morne. Il savait très bien ce qui se passerait s’il annulait. Les congressistes comprendraient la situation, bien sûr. Seulement, il n’avait pas besoin de compréhension, mais d’argent. Ceux qui n’avaient pas encore effectué leur règlement s’en dispenseraient et tous les autres demanderaient à être remboursés, ce qui, hélas, était leur droit.
— Je ne peux pas, se lamenta-t-il. C’est impossible.
— Ce n’est pas vous qui financez ce congrès, en déduisit Gaëlle, c’est ça ?
Il ferma les yeux.
— Vous savez ce que c’est... Mes sponsors se sont retirés. Personne d’autre ne s’est proposé. Qu’est-ce que je pouvais faire ? Laisser tomber ?
— Oui.
— Je n’ai jamais connu de revers. Ma réputation est mon seul atout.
— Ecoutez, je suis désolée, vraiment, mais je suis simplement venue vous transmettre le message de Claire, afin que vous puissiez vous organiser pour demain. Maintenant, je dois retourner à Athènes. Il n’y a pas qu’Augustin. Daniel a été arrêté. Claire dit que ces salauds l’ont mis en cellule. Alors il faut vraiment que j’y aille.
Gaëlle posa la main sur celle de Nico.
— Vous comprenez ? murmura-t-elle.
Nico n’écoutait qu’à moitié, déjà occupé à élaborer des plans d’urgence. Il pourrait prendre le créneau de Petitier. Il avait l’intention de faire une conférence sur l’iconographie de la déesse de l’Agriculture et des Moissons, avant que celui-ci ne prenne contact avec lui. Il n’aurait pas de mal à
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