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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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Jin sombrera dans les flammes ? Verrons-nous sans rien dire une
civilisation disparaître ?
    Elle se tourna vers Yao Shu, qui écoutait attentivement.
    — Qu’adviendra-t-il alors de votre bouddhisme, mon ami ?
Sera-t-il écrasé sous les sabots des chevaux mongols ?
    Le moine parla pour la première fois depuis son arrivée :
    — Si l’on pouvait brûler ma foi, princesse, je ne lui
consacrerais pas toute ma vie. Elle survivra à cette guerre contre les Jin même
si les Jin eux-mêmes disparaissaient. Des hommes luttent pour devenir roi ou
empereur mais ce ne sont que des titres. Peu importe qui les détient. Il faudra
toujours labourer les champs. Les villes seront toujours des foyers de vice et
de corruption.
    Avec un haussement d’épaules, il poursuivit :
    — Nul ne sait où l’avenir nous conduira. Votre mari ne
s’est pas opposé à ce que je fasse l’éducation de ses fils. Les paroles du
Bouddha s’enracineront peut-être en l’un d’eux, mais il serait fou de voir si
loin.
    — Il a raison, princesse, approuva Ho Sa. C’est la peur
et la solitude qui vous ont fait parler, je le comprends maintenant. Je n’avais
pas songé à quel point ce doit être difficile pour vous.
    Sachant qu’il jouait avec le feu mais grisé par la beauté de
cette femme, il conclut :
    — Vous avez en moi un ami, comme vous l’avez dit.
    Chakahai sourit, les yeux à nouveau embués.
    — J’ai peut-être éprouvé de la peur, en effet. J’ai
imaginé la destruction de la ville de mon père, j’ai eu le cœur serré en
pensant à l’empereur jin et à sa famille. Que deviendront-ils ?
    — Tous les hommes meurent, répondit Yao Shu. Nos vies
ne sont qu’un oiseau qui passe devant une fenêtre éclairée avant de replonger
dans les ténèbres. Ce qui importe, c’est de ne causer aucune souffrance. Une
bonne vie consiste à défendre les faibles et, ce faisant, à allumer une lampe
qui brillera dans l’obscurité pour les autres vies à venir.
    Ho Sa n’était pas d’accord avec ces paroles solennelles et
frémit presque à l’idée d’une vie aussi austère. Il préférait la philosophie
simple de Khasar, qui prônait de ne pas gaspiller la force que le père ciel
vous avait donnée. Si un homme peut brandir un sabre, il doit s’en servir et il
n’y a pas meilleur adversaire que le faible. Il ne se risquera pas à vous
poignarder quand vous aurez le dos tourné. Ho Sa garda ses réflexions pour lui
et fut content de voir Chakahai se détendre.
    — Vous êtes un homme bon, Yao Shu, je l’ai senti, dit-elle.
Les fils de mon époux apprendront beaucoup de vous, j’en suis sûre. Leur cœur
sera peut-être bouddhiste un jour.
    — Nous sommes une civilisation très ancienne, souligna
le moine. Je crois que nous pourrons influencer une civilisation nouvelle quand
elle se développera. Si nous y veillons, ce sera pour le bien de tous.
    Ho Sa contempla une dernière fois la princesse de son peuple
avant de se lancer dans les salutations courtoises qui lui permettraient de
quitter la yourte avec Yao Shu. Une fois dehors, les deux hommes échangèrent un
regard puis partirent chacun de leur côté.

 
18
    L’ordre qui régnait habituellement dans la caserne impériale
de Baotou fut perturbé lorsque les soldats commencèrent à charger leur
équipement sur les chariots. Un message de Yenking était arrivé dans la soirée
et Lujan, le commandant, n’avait pas perdu de temps. Il ne fallait rien laisser
aux Mongols, tout ce qui ne pouvait être emporté devait être détruit. Des
hommes s’employaient déjà à briser les surplus de flèches et de lances à coups
de marteau avec méthode.
    Ce serait la mort dans l’âme que Lujan évacuerait la ville
et il n’avait pas dormi depuis qu’il en avait reçu l’ordre. Ses soldats
protégeaient Baotou des bandits et des triades depuis près de quatre ans. Beaucoup
d’entre eux avaient une famille et Lujan avait demandé en vain l’autorisation d’emmener
aussi leurs femmes et leurs enfants.
    La lettre du général Zhu Zhong était arrivée par courrier
impérial, le sceau était authentique. Lujan savait qu’il risquait la
dégradation ou pire s’il permettait à ses hommes d’emmener leurs familles mais
il ne pouvait pas les abandonner à l’ennemi. Il regarda un groupe de jeunes
garçons monter dans un chariot, l’air effrayés. Ils ne connaissaient que Baotou
et ils devaient soudain tout laisser derrière eux pour rejoindre

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