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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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courtois de
lui offrir un siège mais Temüge n’était pas de ceux qui laissent oublier les
vieilles blessures. Ils restaient donc debout et débitaient d’interminables
histoires de bois et de pâturages pendant qu’il regardait au loin.
    — Si tu ne nous laisses pas mener les troupeaux sur de
nouveaux pâturages sans un de tes jetons, nous devrons abattre des bêtes saines
parce qu’elles n’auront plus rien à manger, arguait le Woyela.
    Il avait pris de l’embonpoint depuis que Gengis lui avait
tranché les cuisses. Temüge prenait plaisir à le voir cramoisi de colère et ne
lui accorda qu’un coup d’œil détaché sans lui répondre. Aucun d’eux ne savait
lire ou écrire, mais le dessin d’un loup avait été gravé au feu sur les petits
carrés de bois de pin. C’était une bonne idée. Temüge disposait d’hommes qui
réclamaient ces jetons chaque fois qu’ils voyaient un guerrier abattre un arbre,
échanger du butin ou se livrer à mille autres choses. Le système n’était pas
encore parfait mais Gengis avait soutenu son frère en renvoyant ceux qui
venaient se plaindre, blêmes de peur.
    Lorsque les Woyelas eurent fini leurs récriminations, Temüge
leur parla aussi calmement que s’il commentait le temps. Il avait découvert qu’un
ton modéré attisait leur colère et il s’amusait à les exaspérer de cette façon.
    — De toute notre histoire, nous n’avons jamais été
aussi nombreux dans un seul endroit, répondit-il avec une expression de doux
reproche. Il faut être organisé pour prospérer. Si je laisse tout le monde
couper des arbres, il n’y en aura plus l’hiver prochain. Avec mon système, on
commence par les arbres qui se trouvent à plus de trois jours de cheval et on
rapporte le bois. Cela demande du temps et des efforts mais vous en verrez l’intérêt
l’année prochaine.
    En plus du ton, qui les mettait en rage, ils étaient furieux
de ne pas pouvoir trouver une faille dans son raisonnement. C’étaient des
manieurs de sabre, il parvenait à les embobiner par ses arguments maintenant qu’ils
étaient forcés de l’écouter.
    — Mais pour les pâturages ? insista le khan
infirme. On ne peut pas même déplacer une chèvre sans qu’un de tes estropiés
demande à voir un jeton prouvant que tu es d’accord. Les tribus s’agitent sous
un contrôle qu’elles n’ont jamais connu avant.
    Temüge sourit en voyant que le poids du père commençait à
peser sur les épaules des fils.
    — Ah, mais il n’y a plus de tribus, rappela-t-il. N’as-tu
pas appris la leçon ? J’aurais cru que tes jambes t’en faisaient souvenir
chaque jour.
    Il fit un signe et un Jin lui mit dans la main une coupe d’arkhi.
Il avait choisi ses serviteurs parmi ceux que Gengis avait pris dans les villes
conquises. Certains d’entre eux avaient travaillé pour des familles nobles et
savaient comment traiter un homme de son rang. Il entamait chaque journée par
un bain chaud dans une bassine en fer spécialement conçue pour cet usage. Il
était le seul du camp à le faire et pour la première fois de sa vie, il sentait
l’odeur de son peuple. Cette idée lui fit plisser le nez. C’est ainsi qu’un
homme doit vivre, pensa-t-il, buvant à petites gorgées tandis que les Woyelas
attendaient.
    — La situation est nouvelle, reprit-il. Nous ne pouvons
quitter cet endroit avant la chute de la ville, ce qui signifie que nous devons
ménager les pâturages. Si je n’exerce aucun contrôle, la terre sera dénudée
quand viendra l’été, et où serons-nous alors ? Voulez-vous que mon frère
soit séparé de ses troupeaux par des milliers de lis ?
    Il haussa les épaules et continua :
    — Nous pourrions avoir un peu faim à la fin de l’été. Il
faudra abattre une partie des bêtes si la terre ne peut pas toutes les nourrir.
N’ai-je pas envoyé des hommes chercher du sel pour conserver la viande ? L’empereur
tirera la langue avant nous.
    Les Woyelas le fixaient dans un silence frustré. Ils
pouvaient bien lui donner des exemples de sa mainmise excessive sur le camp, il
avait une réponse prête pour chaque cas. Ce qu’ils ne pouvaient exprimer, c’était
leur irritation d’être constamment mis au pas par quelque nouvelle règle de Temüge.
Il ne fallait pas creuser les latrines trop près de l’eau courante. Il fallait
accoupler les bêtes selon la liste des lignées que Temüge avait établie sans
consulter personne. Un homme possédant une bonne jument ne

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