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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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savoir aussi bien argumenter que son frère Kachium.
    — Quel est le but de la vie, sinon conquérir ? poursuivit
le frère de Gengis. De s’emparer de femmes et de terres. Je préfère être ici et
voir ça que passer le reste de ma vie en paix.
    — Tu es un philosophe, dit Barchuk.
    — Tu es le seul à le penser, par ici, répondit Khasar
en riant. Non, je suis le frère du Grand Khan et notre temps est venu.

 
3
    Barchuk des Ouïgours parla longuement dans la grande yourte
tandis que le soleil se couchait. Gengis était fasciné par le savoir de cet
homme et quand il ne parvenait pas à comprendre une de ses idées, il la lui
faisait expliquer jusqu’à ce que son sens soit clair.
    De tous les sujets abordés, ceux qui concernaient les Jin
suscitaient le plus d’intérêt chez Gengis. Les Ouïgours venaient d’une terre
située loin au sud-ouest, jouxtant le désert de Gobi et le royaume jin des
Xixia. Gengis était avide de tous les détails que Barchuk pouvait fournir sur
les caravanes de marchands, les habits et les coutumes des Jin et, surtout, leurs
armes et leurs armures.
    — La paix t’a apporté richesse et sécurité, dit Gengis
lorsque Barchuk s’interrompit pour s’éclaircir la voix avec une gorgée de thé. Tu
aurais peut-être dû chercher à te rapprocher du roi des Xixia pour t’allier
contre moi. L’as-tu envisagé ?
    — Bien sûr, répondit Barchuk, désarmant de franchise. Mais
si je t’ai donné l’impression d’avoir leur amitié, elle est fausse. Ils
commercent avec nous pour les peaux de nos léopards des neiges, pour notre bois
dur, et même pour les graines de nos plantes rares qui les aident à combattre
les maladies. En retour, ils nous vendent du fer brut, des tapis, du thé, et
parfois un rouleau qu’ils ont maintes fois recopié.
    Barchuk adressa un sourire désabusé aux hommes rassemblés.
    — Ils viennent dans nos villes avec leurs palanquins et
leurs gardes, mais on peut lire le dégoût sur leurs visages, continua-t-il. Depuis
que j’ai appris leur langue, je les connais trop pour compter sur leur soutien.
Il faut les voir pour comprendre. Ceux qui ne sont pas xixia n’ont aucune
importance à leurs yeux. Même les Jin les considèrent comme un peuple distinct,
bien qu’ils partagent un grand nombre de coutumes. Ils paient tribut à l’empereur
jin et, quoique placés sous sa protection, ils s’estiment indépendants de leur
puissant voisin. Leur arrogance est infinie.
    Le khan des Ouïgours se pencha en avant, tapota le genou de
Gengis et ne parut pas remarquer que ses guerriers se hérissaient.
    — Depuis des générations, nous avons dû nous contenter
de ronger des os alors qu’ils se réservaient les meilleurs morceaux derrière
leurs murailles.
    — Et tu voudrais les voir brisés, murmura Gengis.
    — Oui. Tout ce que je demande, c’est que leurs
bibliothèques nous soient remises pour que nous puissions étudier leurs
rouleaux. Ils possèdent en outre des pierres précieuses, dont une qui est comme
un mélange de lait et de feu. Ils refusent d’en faire commerce, quelles que
soient les sommes que nous leur offrons.
    Barchuk savait qu’il n’avait pas le droit d’exiger une part
quelconque du butin. Les guerriers n’étaient pas payés pour se battre et tout
ce qu’ils pillaient était leur par tradition. Barchuk demandait beaucoup, mais
Gengis avait peine à imaginer qu’une autre tribu puisse réclamer les
bibliothèques des Xixia et cette idée même le fit sourire.
    — Tu auras les rouleaux, promit-il, je t’en donne ma
parole. Tout le reste va aux vainqueurs et est dans les mains du père ciel. Je
ne peux t’accorder de droit particulier.
    Barchuk eut un hochement de tête réticent.
    — Cela nous suffira, avec ce que nous leur prendrons. J’ai
vu les miens piétinés par leurs chevaux sur les routes, mourir de faim alors
que les Xixia se gavaient de récoltes qu’ils refusaient de partager. Je t’ai
amené mes guerriers pour leur faire payer cette morgue ; nos villes et nos
champs sont à présent déserts. Tous les Ouïgours sont avec toi : yourtes, chevaux,
sel et sang.
    Gengis écarta les bras et les deux hommes scellèrent le
serment d’allégeance par une brève accolade. Les membres de la tribu
attendaient devant la tente et Gengis leur demanderait plus tard de prêter eux
aussi serment.
    — Avant que nous allions retrouver les autres, j’ai une
chose à te demander, dit Gengis.
    Le visage de Barchuk

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