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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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avait vu
son frère en profiter et les gloussements de la fille l’avaient fait jurer à
mi-voix. Qu’est-ce que Gengis aurait pensé de la conduite insouciante de Khasar ?
Il leur avait confié une mission capitale. Sans le moyen de pénétrer dans les
villes fortifiées des Jin, les Mongols ne parviendraient jamais à briser les
soldats de l’empereur. Furieux, Temüge avait attendu que Khasar prenne une
seconde fois son plaisir. Il savait que s’il lui faisait une réflexion, son
frère le rembarrerait devant l’équipage. Temüge avait contenu en silence son
exaspération. Si Khasar avait la mémoire courte, il n’avait pas oublié, lui, le
but de leur voyage.
     
     
    Le soir tombait quand Börte vit arriver Djötchi, précédant
ses frères épuisés. Ses pieds nus saignaient, il était à bout de souffle. Le
cœur serré, elle le vit chercher vainement son père des yeux. Quelque chose se
brisa en lui quand il se rendit compte que Gengis n’était plus là. Il cracha sa
gorgée d’eau et eut un sanglot.
    — Il a été rappelé au camp, mentit-elle.
    Djötchi ne la crut pas.
    — Il est retourné auprès de sa nouvelle femme, l’étrangère.
    Börte se mordit la lèvre sans répondre. En cela aussi, elle avait
perdu l’homme qu’elle avait épousé. Devant la détresse de son fils aîné, il lui
était facile de haïr Gengis pour son aveuglement égoïste. Elle décida d’aller
dans la yourte de cette Xixia si elle ne le trouvait pas. S’il n’avait plus qu’indifférence
pour sa première femme, il se souciait encore de ses fils et elle s’en
servirait pour le reprendre.
    Chatagai et Ögödei arrivèrent en titubant, crachèrent eux
aussi leur eau par terre. Sans leur père pour les voir, la victoire qu’ils
avaient remportée sur eux-mêmes était creuse et ils semblaient désemparés.
    — Je lui dirai que vous avez bien couru, leur
promit-elle, les yeux brillants de larmes.
    Cela ne leur suffit pas et ce fut tristement et en silence
qu’ils se mirent en selle pour retourner au camp.

 
12
    Ho Sa annonça aux deux frères que Baotou n’était qu’à
quelques lis du port fluvial animé qui la ravitaillait. La ville était le
dernier centre de négoce entre les Jin du Nord et les Xixia, et le fleuve
grouillait déjà de bateaux lorsqu’ils en approchèrent. Trois semaines s’étaient
écoulées depuis qu’ils avaient abandonné leurs chevaux et Temüge en avait plus
qu’assez des heures interminables, des brumes matinales et de ce régime de
poisson et de riz. Chen Yi et ses matelots buvaient l’eau du fleuve sans en
être incommodés et Khasar avait apparemment un estomac de fer mais, depuis
trois jours, Temüge souffrait du ventre et salissait ses vêtements. Jamais
auparavant il n’avait mangé ni même vu de poisson, et il ne faisait aucune
confiance à ces bêtes aux écailles d’argent. L’équipage au contraire s’en
régalait après les avoir tirées de l’eau, frétillant au bout d’une ligne, et
assommées. Temüge avait lavé ses habits mais son ventre continuait à gronder et
à empuantir l’air.
    Tandis que le fleuve Jaune serpentait entre les collines, les
oiseaux étaient de plus en plus nombreux à suivre les bateaux et à se nourrir
de ce qu’ils rejetaient. Temüge et Khasar étaient sidérés par la multitude d’hommes
et d’embarcations qui transportaient des marchandises dans un sens ou dans l’autre.
Si Chen Yi parvenait à se frayer un chemin dans cette cohue rien qu’en
manœuvrant avec le gouvernail, de nombreux mariniers écartaient les autres
bateaux avec de longues perches. Dans le vacarme et le chaos, des centaines de
marchands braillards rivalisaient pour vendre toutes sortes de choses, du
poisson frais aussi bien que des pièces de tissu abîmées par l’eau. Des odeurs
d’épices flottaient dans l’air quand Chen Yi se glissa entre ses concurrents et
chercha un poteau où s’amarrer pour la nuit.
    Il semblait encore plus connu dans cette ville et ne cessait
de répondre aux saluts d’autres capitaines. Si l’équipage avait accepté Khasar,
Temüge ne faisait toujours pas confiance à Chen Yi. Comme Ho Sa, il était
persuadé que la cale renfermait des marchandises de contrebande, mais le petit
capitaine ne dédaignerait peut-être pas de gagner quelques pièces de plus en
signalant leur présence aux soldats impériaux. Rester à bord sans savoir s’ils
étaient en sécurité faisait croître la nervosité des trois hommes.
    Ce

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