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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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ceux qui
entraient et, normalement, les soldats devaient les laisser passer après avoir
interrogé le marchand qui les précédait. Avec un sentiment croissant de terreur,
Temüge vit les soldats lever les yeux vers le charretier impassible de Chen Yi.
L’un d’eux semblait plus vigilant que ses collègues encore à moitié endormis et
ce fut lui qui s’approcha.
    — Qu’est-ce que vous venez faire à Baotou ? demanda-t-il
au conducteur, qui commença à débiter une réponse hésitante.
    Par-dessus la tête du garde, Chen Yi regarda à l’intérieur
de la ville. Au-delà des portes s’étendait une place où se tenait déjà un
marché. Temüge vit le faux capitaine faire un signe de tête et, soudain, un
craquement monta des étals. Le soldat se retourna à demi.
    Des enfants couraient en criant et en zigzaguant pour
échapper aux marchands qui les poursuivaient tandis que de la fumée montait de
plusieurs endroits de la place. Le soldat poussa un juron, lança un ordre à ses
compagnons. Des étals se renversèrent, leurs marchandises se répandant partout
alentour. « Au voleur ! » entendit-on tandis que le chaos
gagnait.
    Le soldat frappa de la paume le chariot de Chen Yi, sans qu’on
puisse savoir si c’était pour le retenir ou le faire passer. Avec cinq de ses
camarades, il se précipita vers la place pour maîtriser ce qui menaçait de se
transformer rapidement en émeute. Temüge leva les yeux mais ne vit pas les
arbalétriers de la plateforme. Il espéra qu’eux aussi regardaient ce qui se
passait sur la place. Sur un claquement de langue de son conducteur, le premier
chariot de Chen Yi entra dans la ville.
    Le feu s’était mis de la partie, se propageant d’un étal à l’autre
et ronflant par-dessus les cris des marchands. Temüge vit des soldats courir
mais les enfants étaient agiles et disparaissaient déjà dans les ruelles avec
leur butin.
    Les deux chariots quittèrent la place pour une rue plus
tranquille, laissant derrière eux vacarme et confusion. Temüge s’affala sur les
sacs en essuyant son front de nouveau en sueur.
    Ce ne pouvait être une coïncidence, il le savait, et il s’interrogea
une fois de plus sur l’homme qu’il avait rencontré sur la berge du fleuve. Avec
une cargaison aussi précieuse dans sa cale, il n’avait peut-être pas cherché à
gagner quelques pièces mais plutôt à avoir trois hommes de plus pour la
défendre.
    Ils parcoururent lentement un dédale de rues, passant dans
des espaces sans cesse plus étroits entre les maisons. Temüge et Khasar se
sentaient oppressés par ces constructions si proches les unes des autres que le
soleil levant ne parvenait pas à en chasser l’ombre. Trois fois des chariots
venant en sens inverse furent contraints de reculer dans des ruelles latérales
pour les laisser passer. Quand le soleil fût enfin levé, les rues s’emplirent d’une
multitude qu’aucun des deux Mongols n’aurait jamais imaginée. Des dizaines de
marchands proposaient de la nourriture chaude servie dans des bols d’argile. Temüge
n’arrivait pas à croire qu’on puisse trouver à satisfaire sa faim sans avoir d’abord
chassé puis dépecé un animal. Les travailleurs matinaux se regroupaient autour
des échoppes, mangeaient avec leurs doigts, essuyaient leurs lèvres à leurs
vêtements avant de se fondre de nouveau dans la foule. Beaucoup d’entre eux portaient
des pièces en bronze percées enfilées sur une corde. Bien que Temüge eût une
idée de la valeur de ces pièces, il n’avait jamais vu quelqu’un en échanger
contre de la nourriture ou des marchandises. Il vit de vieux scribes écrire des
messages contre une pièce, des poulets caquetants proposés à la vente, des
râteliers de couteaux et des hommes qui les aiguisaient sur des pierres
tournant entre leurs jambes. Il vit des teinturiers aux mains tachées de bleu
ou de vert, des mendiants et des marchands d’amulettes contre les maladies. Chaque
rue était bruyante, animée et, à sa grande surprise, Temüge aimait ça.
    — C’est merveilleux ! s’extasia-t-il à mi-voix.
    Khasar lui lança un regard bougon.
    — Il y a trop de gens et cette ville pue.
    Temüge détourna les yeux, irrité par son imbécile de frère, qui
ne voyait pas ce que cet endroit avait de fascinant. Un moment, il en oublia
presque sa peur, même s’il s’attendait encore à demi à ce qu’un cri s’élève
soudain, comme si les gardes des portes avaient pu les suivre aussi loin

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