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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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l’alarme, les soldats sortaient de leurs casernes. Chen Yi dirigea
le groupe vers un bâtiment proche, frappa pour se faire ouvrir. Temüge
entendait des claquements d’armures se rapprocher quand la porte s’ouvrit. Ils
s’engouffrèrent à l’intérieur, refermèrent derrière eux.
    — Poste des hommes aux fenêtres d’en haut, dit Chen Yi
à celui qui leur avait ouvert. Qu’ils nous disent ce qu’ils voient.
    Il jura et Temüge n’osa pas lui parler. La vue de la vilaine
plaie courant le long de la clavicule de son frère lui fit oublier sa panique
et il demanda une aiguille et du fil en boyau de chat. Khasar grogna une ou
deux fois tandis que Temüge recousait grossièrement la blessure. Le sang et la
pluie l’avaient nettoyée, elle ne s’infecterait sans doute pas. Faire quelque
chose contribua à calmer les battements du cœur de Temüge et l’empêcha de trop
songer aux soldats qui les traquaient en ce moment même.
    L’un des hommes envoyés en haut se pencha par-dessus la
rampe pour rapporter d’une voix rauque et basse :
    — La porte ouest est fermée et barricadée. Elle est
tenue par une trentaine d’hommes.
    Chen Yi leva les yeux vers lui.
    — Des arbalètes ?
    — Vingt, peut-être plus.
    — Alors nous sommes pris au piège. Ils vont fouiller
toute la ville.
    Se tournant vers Temüge, il ajouta :
    — Je ne peux plus vous aider. S’il me trouve, ils me
tueront et la Triade Bleue aura un nouveau chef. Je dois vous laisser ici.
    Lian, le maître maçon, n’avait pas pris part au combat. N’étant
pas armé, il s’était écarté aussitôt. Ce fut lui qui répondit à Chen Yi, sa
voix résonnant dans le silence stupéfait :
    — Je connais une issue. Si vous ne craignez pas de vous
salir un peu les mains…
    — Des soldats dans la rue ! prévint le guetteur. Ils
frappent aux portes, fouillent les maisons.
    — Explique-toi vite, Lian, le pressa Chen Yi. S’ils
nous prennent, ils ne t’épargneront pas.
    Le maçon hocha la tête.
    — Allons-y. Ce n’est pas loin.
     
     
    Les lampes à graisse de mouton crachotaient en projetant une
faible lumière jaune tandis que Gengis faisait face à six hommes à genoux, les
mains attachées derrière le dos. Tous montraient un visage impassible, comme si
la terreur que leur inspirait le khan ne les rongeait pas. Gengis allait et
venait devant eux. Tiré du lit de Chakahai, il s’était levé empli d’une colère
qui n’avait pas diminué quand il avait constaté que c’était Kachium qui criait
son nom dans le noir.
    Les six hommes étaient frères, le plus jeune à peine sorti
de l’enfance, les autres déjà mûrs, avec femmes et enfants.
    — Vous m’avez tous prêté serment ! leur lança
sèchement Gengis.
    Sa colère crût encore et un instant, il fut tenté de les
décapiter tous les six.
    — L’un de vous a tué un jeune garçon des Uriangkhais. Qu’il
parle et un seul mourra. S’il se tait, je suis en droit de tous vous exécuter.
    Il dégaina le sabre de son père, lentement, pour leur faire
entendre le chuintement du métal. Il sentait la présence, hors du cercle de
lampes, d’un nombre croissant de guerriers attirés par la perspective de le
voir rendre justice. Gengis ne les décevrait pas. Il s’arrêta devant le plus
jeune des frères et leva son sabre comme s’il ne pesait rien.
    — Je peux le trouver, seigneur, intervint Kökötchu de
la lisière de l’obscurité.
    Il pénétra dans le cercle de lumière, ses yeux brillant d’une
lueur terrible.
    — Il me suffit de poser la main sur chacune de leurs
têtes pour reconnaître celui que tu cherches.
    Gengis remit son arme dans son fourreau.
    — Fais agir ta magie, chamane. Un jeune garçon a été
taillé en pièces. Montre-moi le coupable.
    Après s’être incliné devant le khan, Kökötchu se tint devant
les six frères, qui n’osaient pas le regarder. Il pressa légèrement sa paume
sur le front du premier et ferma les yeux. Des mots en langue chamanique
jaillirent de sa bouche en un flot de sons. L’un des frères sursauta et faillit
tomber.
    Quand Kökötchu souleva sa main, le premier des frères
vacilla, étourdi et blême. Des murmures montèrent de la foule, qui avait encore
grossi. Kökötchu passa au deuxième frère, prit une inspiration et ferma de
nouveau les yeux.
    — Le garçon… Le garçon a vu…
    Il se tenait parfaitement immobile et la foule retenait sa
respiration en l’observant. Enfin, le chamane se

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