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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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L’approbation doit être générale. Peut-être pourra-t-elle faire hésiter ces puissances que l’Angleterre tente de liguer contre la France.
    Il parle plus vite. Il écrit au ministre des Relations extérieures.
    Que Talleyrand fasse connaître à Vienne ma satisfaction de la reconnaissance par l’Autriche de l’Empire français.
    Et donc, que l’Empereur Napoléon I er reconnaît au roi d’Autriche le titre d’Empereur héréditaire qu’il vient de s’attribuer. Mais que Talleyrand signifie au contraire au tsar le regret – Napoléon hésite, dit : « le courroux », répète –, le regret que le chargé d’affaires russe ait demandé ses passeports et quitté Paris.
    La Russie se rangerait-elle aux côtés de l’Angleterre ?
    Faudra-t-il un jour faire la guerre à toute l’Europe pour que je sois accepté, reconnu ?
    Il ferme à nouveau les yeux.
    Et pourtant c’est la paix, que je veux. Mais peut-on l’imposer autrement que par le glaive ?
     
    Il est arrivé à Aix-la-Chapelle le 3 septembre 1804. Il fait à nouveau beau. La ville est fleurie, les jeunes femmes lui apportent des bouquets. La foule se presse dans les rues, sur son passage, et, le soir, quand il se rend à la fête donnée dans une salle de la redoute en son honneur, les façades sont illuminées. On a dressé ici et là des portraits de Charlemagne.
    Dès qu’il entre dans la salle, on l’acclame. Des princes l’entourent. Il aperçoit Joséphine entourée de ses dames du Palais. Mais il a appris il y a quelques minutes que Mme Duchâtel n’a pas été conviée à ce voyage. Sans doute Joséphine a-t-elle déjà des soupçons. Cela l’irrite, le blesse. Cherche-t-elle à l’enfermer dans une fidélité dont il ne veut pas ? Il s’approche de Joséphine, courroucé, et brusquement il croise le regard d’une jeune femme, qui le fixe avec un mélange de soumission et d’invite. Elle est grande, vêtue d’une robe de soie bleue, les épaules nues. On devine la naissance de ses seins. Il incline la tête vers Joséphine et s’arrête devant la jeune femme. Qu’on ose l’empêcher de parler et de voir qui il veut, comme il veut !
    Qui est-elle ? Mme de Vaudey, répond la jeune femme en se courbant avec élégance. Il l’attend, dit-il. Il lui donnera ses ordres ce soir. Il s’éloigne déjà avec un sentiment de plénitude. Il rejoint les princes allemands, qui l’interrogent.
    Il se rendra, répond-il, à la cathédrale pour s’incliner devant le tombeau de l’Empereur Carolus Magnus, et méditer devant les reliques conservées. Il veut voir l’épée de Charlemagne. C’est avec elle que cet Empereur a pacifié l’Europe. Peut-on renoncer au glaive si l’on recherche la paix ? Il veut, dit-il, que son sacre à Paris rappelle la grandeur de Charlemagne. Car son plus grand désir est de faire de l’Europe une terre de paix et de bonne administration.
    Il veut que Charlemagne soit son « auguste prédécesseur ».
    Il sort de la salle, regagne sa résidence et ordonne à Constant de trouver Mme de Vaudey, dame du Palais, et de la conduire jusqu’à lui cette nuit même.
    Il n’imagine pas qu’elle puisse refuser. Il y avait dans ses yeux cette flamme qu’il voit maintenant dans le regard de presque toutes les femmes, le désir d’être choisie, l’appel et l’offrande. Il est l’Empereur.
    Elle est venue. Belle, jeune, curieuse et gaie, avec une pointe d’impertinence qui a donné de la vivacité à leurs rapports, mais dont en même temps il se méfie. Il la sent aussi, dès cette première nuit, avide, soucieuse de son avenir, pensant déjà à sa nouvelle situation à son retour à Paris.
    Une femme doit recevoir sans exiger. Et celle-ci, il le devine, offre ses charmes comme un appât. Mais elle est plaisante, il est vrai. Et lorsqu’il la renvoie à l’aube, il se promet de la revoir, à Saint-Cloud ou aux Tuileries.
    Puis il s’en va parcourir les rues de la vieille ville. Ici donc, Charlemagne régnait.
    Il entre dans la cathédrale, voici le tombeau et les reliques de l’Empereur. Mais il est déçu par l’épée. La plupart des pièces les plus rares – le sceptre, la toge, le globe – se trouvent à Nuremberg. Il faut pourtant que son sacre ait la magnificence d’une cérémonie carolingienne.
    Il avance dans la nef de la cathédrale, il entend ses pas résonner sous les voûtes. Y a-t-il plus grande entreprise que celle de reconstituer l’Empire de Charlemagne et d’imposer comme il

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