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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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était aux mains
de l’Inquisition. Bien qu’ignorant la tâche exacte de ces moines, Mathilde les
savait très sévères. On entrait en leur maison, et il était ensuite peu
probable qu’on en ressortît jamais. Cependant, ils étaient hommes de Dieu et
envoyés du pape. Si sa mère avait mérité leur courroux, il fallait y voir la
punition d’une lourde faute commise par elle. En y réfléchissant bien, Mathilde
faisait acte de mansuétude en ne lui en voulant pas davantage, car, si Agnès de
Souarcy était reconnue coupable, le scandale risquait de retomber sur sa fille
et de compromettre son avenir.
    Du moins était-elle débarrassée de ce gueux de Clément. La
faiblesse d’Agnès vis-à-vis de ce petit valet de ferme, fils de suivante, avait
ulcéré Mathilde bien des fois. Et avec quelle arrogance il traitait l’unique
héritière du nom ! Car s’il s’était imaginé qu’elle ne sentait pas l’espèce
de compassion attristée avec laquelle il l’écoutait parfois, eh bien, il se
trompait. L’imbécile ! Qui tenait son éclatante revanche, maintenant ?
Elle ! Lui avait fui du manoir comme un voleur, prouvant, selon Mathilde,
que sa conscience n’était pas claire. Adeline lui avait raconté que hormis le
cheval de hersage que lui avait concédé leur maîtresse, il n’avait emporté que
peu de choses : quelques provisions de bouche et une couverture. Il avait
dû abandonner son cranequin, les serfs n’ayant pas le droit de porter armes.
Encore une sotte idée de sa mère que d’équiper ce vilain garnement d’une petite
arbalète ! Une pensée séduisante traversa la tête de la jeune fille. Les
bois étaient peu sûrs. Y vagabondaient nombre de prédateurs, qu’ils fussent à
deux ou à quatre pattes. Peut-être l’odieux garnement s’était-il fait mettre en
pièces ?
    L’entrée timide de Barbe, la servante que venait de lui
offrir son oncle, interrompit le cours prometteur de ses spéculations :
    — Eh bien, que veux-tu ? pesta Mathilde.
    — Messire Eudes souhaite l’honneur de vous visiter,
damoiselle.
    Le visage de Mathilde s’illumina à la mention du nom de son
cher oncle.
    — L’honneur est mien. Qu’attends-tu pour le lui
transmettre ?
    La fille n’avait pas quitté la chambre que Mathilde se
précipitait pour vérifier dans son miroir l’état de sa coiffure et le tombé de
sa robe.
    Eudes éclata de rire lorsqu’elle écarta les bras pour
tournoyer devant lui afin qu’il constate comme son présent soulignait sa jolie
silhouette.
    — Vous êtes délicieuse, ma nièce, et vous enchantez de
votre présence ma demeure, déclara-t-il d’une voix dont il força la tension.
    Le compliment flatta la jeune fille, et elle tomba dans le
piège grossier qu’il lui tendait :
    — Je vous vois bien sombre d’humeur, mon oncle.
    Eudes n’était pas mécontent de l’avoir menée si vite où il
le souhaitait.
    — C’est que, ma princesse, votre mère... que j’aime
comme ma sœur, vous le savez... eh bien... ce procès qui s’annonce aura de très
fâcheuses conséquences pour nous tous. Si elle venait à être convaincue d’hérésie,
ainsi que je le redoute, la honte en rejaillirait sur vous et sur moi. Vous
êtes, je le sais, agile d’esprit. Vous comprendrez donc qu’une condamnation de
madame Agnès n’arrangerait pas nos affaires auprès du roi de France, sans même
parler de cette marque d’infamie qui ternirait à jamais notre nom. Oh certes...
ma vie est faite, mais la vôtre débute à peine, et ce serait grande injustice
que de..., termina-t-il dans un soupir catastrophé.
    Consternée, Mathilde baissa la tête. Ainsi, son oncle
confirmait son inquiétude des dernières semaines. Au bord des larmes, elle
murmura :
    — Quelle injustice en effet de nous associer tous deux
aux erreurs de ma mère. Mon cher oncle... que pouvons-nous tenter...
    — J’ai échafaudé bien des plans de défense au cours des
dernières nuits, durant lesquelles le sommeil m’a fui. Un seul me semble
solide... mais il me répugne de vous le découvrir.
    — Faites, mon doux oncle, je vous en conjure. L’heure
est grave.
    — C’est que... Quelle peine je m’apprête à vous causer,
quand votre bonheur est le joyau le plus précieux à mon cœur...
    Mathilde n’en doutait pas. Loin des tristes murs glacés de
Souarcy, vêtue d’étoffes précieuses, coiffée chaque matin par une domestique,
baignée deux fois par semaine dans une eau coupée de lait et

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