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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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oublier à jamais lorsqu’ils décident de rejoindre un
monastère. Ainsi, notre révéré saint Augustin...
    — Vous ne comprenez pas ! hurla Yolande, soudain
démontée. Jamais... Vous m’entendez, jamais, je n’aurais rejoint la fausse
tranquillité de vos couvents, jamais je n’aurais accepté de me plier à vos
règles ineptes si je n’avais craint pour la vie de mon fils, si j’avais pu
épouser mon amour. Jamais !
    Une crise de nerfs la secoua. Elle se rua vers le bureau,
balayant de la main tous les papiers, les froissant avec rage, les déchirant,
tapant de ses poings serrés contre la plaque de chêne, gémissant :
    — Jamais, jamais... Je vous exècre ! Je ne survis
parmi vous qu’en rêvant de Thibaut et de mon bel amour.
    Elle se retourna vers l’abbesse, le visage méconnaissable.
Elle leva ses mains en griffes, prête à lacérer la femme qu’elle avait tant
estimée durant ces longues années de monastère, ces longues années qui n’avaient
été à ses yeux qu’un emprisonnement moins épouvantable que d’autres puisque
Thibaut survivait grâce à sa pénitence.
    Annelette se jeta au-devant d’elle. Deux gifles brutales s’abattirent
sur le visage de Yolande. La voix grave, impérieuse de la sœur apothicaire
claqua :
    — Calmez-vous ! Immédiatement !
    Yolande la fixa, le regard fou, prête à sauter sur elle.
Annelette la secoua et feula :
    — Et que croyez-vous, pauvre folle ? Que je me
trouve ici par dévotion ? Non, j’y suis venue parce que je n’avais d’autre
solution pour exercer mon art. Croyez-vous que Berthe de Marchiennes ait choisi
la robe par amour de la méditation ? Non, on ne voulait pas d’une autre
fille dans sa famille. Croyez-vous qu’Éleusie de Beaufort aurait pris la
direction de notre congrégation si elle ne s’était trouvée veuve ? Et
Adélaïde Condeau ? Pensez-vous véritablement que si elle avait eu le
privilège d’être bien née plutôt qu’abandonnée dans une forêt, elle aurait
choisi d’être moniale ? Et toutes les autres ? Idiote ! La
majorité d’entre nous s’est rabattue sur ce lieu pour éviter la rue ! Et
alors ? Nous y vivons en compagnie de Dieu et, du moins, aurons-nous eu le
privilège de ne pas échouer puterelle, louées à l’heure dans quelque bordel des
villes pour finir rongées par une maladie et jetées à l’agonie dans un caniveau.
    Cette tirade, son évidence, brisa net la crise nerveuse qui
secouait Yolande. Elle souffla :
    — Pardon. Je vous demande humblement pardon.
    — Qui vous communique des renseignements au sujet de
votre fils ?
    Yolande pinça la bouche et asséna d’un ton sans appel :
    — Je ne vous le révélerai pas. Vous pouvez me menacer
du pire, je me tairai. J’ai commis assez d’erreurs, je ne porterai pas
préjudice à un être qui n’a été que bonté et réconfort pour moi.
    À sa voix, Annelette comprit qu’il était inutile d’insister.
Elle vérifia pourtant ce qu’elle avait déduit :
    — Et vous vous rencontriez à la nuit tombée devant l’herbarium,
que l’on ne peut apercevoir des fenêtres des appartements de notre mère, ni de
celles du dortoir, afin d’échanger des confidences.
    — En effet. Je n’en dirai pas davantage.
    La violence de la scène mais surtout la découverte d’une
autre vie gâchée avaient atterré Éleusie. D’une voix que la lassitude
assourdissait, elle ordonna :
    — Ce sera tout, ma fille. Laissez-nous.
    — Vos punitions seront...
    — S’Il a tendu les mains vers Marie Madeleine, qui
suis-je pour vous tourner le dos ? Allez en paix, Yolande. Mon seul
reproche, voyez-vous, demeurera le temps que vous avez mis à nous révéler la
vérité.
    Soudain affolée, Yolande bredouilla :
    — Croyez-vous que... que si je m’étais confessée plus
tôt, Hedwige aurait pu être...
    Annelette répondit à la place de l’abbesse :
    — Sauvée ? J’en doute. Sa mort ne vous souille pas
l’âme. Je crois qu’elle et Jeanne ont inquiété la meurtrière, qui a décidé de
les faire passer de vie à trépas. Si nous en découvrons la raison exacte, nous
connaîtrons l’identité de l’enherbeuse... du moins, je prie pour que tel soit
le cas.
    Après le départ de Yolande de Fleury, les deux femmes
demeurèrent face à face quelques instants. Éleusie de Beaufort rompit le
silence la première :
    — Je suis... est-ce vrai ?
    — Quoi ?
    — Que vous n’auriez jamais rejoint les ordres si

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