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Le souffle de la rose

Le souffle de la rose

Titel: Le souffle de la rose Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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respectaient pas. Il
leur suffisait ensuite de prononcer un mea culpa pour être pardonné par un pair
puisqu’ils pouvaient s’absoudre les uns les autres.
    Ils la maintinrent par les aisselles le temps que s’ouvre le
battant qui menait à la salle de Question. Ce qu’elle découvrit la glaça.
    Une longue table, assez longue pour y allonger un être
humain. Une longue table vernie de rouge sombre. Dessous, une rigole dans
laquelle coagulaient d’étranges amas visqueux. Encore du sang. Du sang partout.
Du sang sur le visage de Florin, du sang sur ses bras, jusqu’à ses manches
retroussées aux coudes. Du sang sur le tablier de cuir du bourreau qui se
tenait bras croisés dans un coin. Du sang sur les murs, du sang sur les sangles
qui pendaient de la table. Une marée de sang humain.
    Nicolas Florin glissa vers elle. La sueur lui trempait le
visage et l’ivresse faisait briller ses pupilles. Agnès comprit aussitôt la
nature de son extase : le sang, les hurlements, la souffrance infinie, les
chairs déchirées, la mort.
    Elle le fixa en déclarant d’une voix posée :
    — Vous êtes maudit, au-delà de toute repentance.
    Il se pencha vers elle et frôla ses lèvres en souriant :
    — Croyez-vous ? murmura-t-il contre sa bouche.
    Il se tourna, s’avançant d’un pas gracieux vers le bourreau
en ordonnant :
    — Allons, foin des bavardages. Le travail nous attend
et il me brûle de l’entreprendre. L’habile jeu de mots !
    Une main brutale arracha le haut de sa robe et la propulsa
vers la table. Une autre la poussa violemment dans le dos. Elle s’affala. Le
contact de son ventre avec le sang coagulé sur le bois de la table la fit
sombrer vers un désespoir sans fin. Elle baignait dans le sang d’un autre, dans
le martyre d’un autre qui l’avait précédée en cet enfer. Elle sentit à peine la
tension des sangles qui se rabattaient sur son dos.
    Florin tordit la masse des cheveux dont le roux blond avait
terni, puis les rejeta à regret sur le côté. Il se méprit sur les raisons du
chagrin de sa victime et déclara en ronronnant :
    — Allons, allons... Nous n’avons pas commencé. Un peu
de nudité n’est finalement que peu de chose comparé au reste. Vous en jugerez
vous-même sous peu. Agnès, Philippine, Claire de Souarcy, née Larnay, vous
comparaissez aujourd’hui devant vos juges pour répondre des crimes de complicité
d’hérésie et d’hérésie personnelle aggravée du culte de latrie, de séduction d’un
homme de Dieu que nous entendrons plus tard, de sorcellerie avec invocation des
démons. Une dernière fois, avouez-vous ?
    Le sang sentait le fer. Peut-on reconnaître un homme à l’odeur
de son sang ? Peut-on prier pour lui, la bouche collée dans la nappe rouge
de sa vie répandue ?
    — Vous n’avouez pas, commenta rapidement Florin, que l’inverse
eut désespéré.
    Une chaleur venait de s’accumuler le long de son bas-ventre
et son membre se tendait. Il attendait cet instant depuis si longtemps. Il
luttait contre la montée de la jouissance, contre ses paupières qui s’alourdissaient
de plaisir. Il luttait contre l’envie de se ruer sur elle, de se vautrer sur
son dos pour la mordre, lui arracher à pleines dents cette belle peau pâle,
pour que le sang de sa magnifique proie ruisselle dans sa gorge.
    — Notez, grapharius ! hurla Florin en direction de
la lueur de lampe à huile qui semblait flotter à quelques centimètres au-dessus
du sol de terre battue. Notez que madame de Souarcy refuse d’avouer et qu’elle
se complaît dans un absolu silence, témoin de sa culpabilité.
    Le très jeune homme assis en tailleur par terre hocha la
tête et consigna le refus.
    — Bourreau, les lanières, vite ! rugit Florin en
tendant la main vers le grand homme au tablier de cuir. Grapharius, notez que
nous respectons la procédure en infligeant d’abord à l’accusée la punition
réservée aux femmes. Si notre magnanimité n’était récompensée par des aveux,
nous envisagerions d’autres moyens de persuasion.
    Florin tourna la tête vers le brasier ouvert au-dessus
duquel rougissaient d’étroites lames de métal.
    Lorsqu’elle entendit le sifflement du fouet qui se levait,
Agnès se tendit. Il s’abattit avec violence contre son dos et elle gémit.
Pourtant, la morsure des bandes de cuir épais lui parut supportable. Les coups
plurent durant ce qui lui sembla une éternité. Son corps tressautait à chaque
nouvelle vague meurtrissante. Elle

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