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Le souffle du jasmin

Le souffle du jasmin

Titel: Le souffle du jasmin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
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et d'espérer y revenir pour rétablir sa liberté nationale.
    Motivés par ce lien historique, les Juifs ont lutté au cours des
siècles pour revenir sur la terre de leurs ancêtres et retrouver leur État. Au
cours des dernières décennies, ils sont revenus en masse, ils ont mis en valeur
les terres incultes, ont fait renaître leur langue, ont construit des villes et
des villages et ont installé une communauté entreprenante et en plein
développement qui possède sa propre vie économique et culturelle. Ils ont
recherché la paix tout en étant prêts à se défendre. Ils ont apporté les
bienfaits du progrès à tous les habitants du pays et se sont préparés à
l'indépendance souveraine. En 1897, le premier congrès sioniste, inspiré par la
vision de l'État juif de Theodor Herzl, a proclamé le droit du peuple juif au
renouveau national dans son propre pays... »
    La voix de Ben Gourion s'envola au-delà de Tel-Aviv, bien au-delà du
nouvel État, vers le monde arabe hébété.
    Le discours n'était pas achevé qu'à Damas, Bagdad, Alexandrie, Beyrouth,
au Caire, des manifestants s'en prirent aux commerces juifs, qui furent
saccagés à coups de barres de fer et incendiés.
    Le 15 au matin, la Syrie, le Liban, la Jordanie, l'Égypte et l'Irak
déclaraient la guerre à Israël.
     
    *
     
    Le Caire,
16 mai 1948
     
    À l'exception des noctambules invétérés et des
fonctionnaires de la Maison royale, bien peu de personnes au Caire
connaissaient Edmond Gahlan. Aussi les policiers qui surveillaient l'ambassade
de l'URSS ne lui prêtèrent-ils pas d'attention quand il en franchit le seuil.
    Il avait rendez-vous avec l'attaché militaire. C'est un
personnage chagrin qui le reçut derrière un bureau métallique et en présence
d'un tiers qui ne lui fut même pas présenté.
    – Je suis délégué par le roi d’Égypte, expliqua Gahlan. Nous avons besoin d'armes et de munitions.
    Le Soviétique hocha la tête ; il connaissait la
situation : depuis la veille, les États-Unis et la Grande-Bretagne avaient
décrété l'embargo sur les armes à destination du Moyen-Orient.
    La démarche du palais s'avérait compréhensible :
l'Égypte ne pouvait enfreindre ouvertement l'embargo, sous peine de susciter
une réaction violente des Américains et des Anglais. Les seuls susceptibles de
lui vendre ce dont son armée avait besoin étaient les pays du bloc communiste.
    – De quelles armes vous
avez besoin ? interrogea le Soviétique.
    Gahlan sortit de sa poche deux feuilles de papier
rédigées en anglais. L'attaché militaire examina attentivement la liste et leva
les sourcils.
    – Cela fait beaucoup de
matériel. Qui paie ?
    – L'État égyptien.
    – Il nous faudra un
engagement de votre gouvernement.
    – Vous l'aurez. Mais
c'est urgent.
    Le Soviétique hocha de nouveau la tête. Cette commande
offrait à l'URSS l'occasion rêvée de débarquer sur la scène du Moyen-Orient.
    – Les véhicules
blindés, asséna-t-il d'un ton sans réplique, pas question.
    – Pourquoi ?
    – Nos blindés sont
aisément reconnaissables. Nous aurions l’air de participer au conflit.
    Gahlan digéra la restriction ; après tout, elle se
justifiait.
    – L'armement lourd
aussi est exclu. Nous ne pouvons aller au-delà des mortiers. Des 6.73.
    – C'est aussi une
question de temps, je vous le rappelle.
    – Si vous êtes pressés, il faudrait, pour certains types d'équipements,
vous adresser à des pays amis, tels que la Tchécoslovaquie et l'Allemagne démocratique.
Ils possèdent des stocks rapidement disponibles.
    Il posa les deux feuillets sur le bureau et, pointant du doigt les
paragraphes, énuméra le matériel que l'URSS, la RDA et la Tchécoslovaquie
pouvaient chacune livrer rapidement.
    – Quels délais ? s'informa Gahlan.
    – Pratiquement le temps d'acheminement, soit trois jours de terre et
cinq jours de mer.
    Gahlan s'émerveilla de cette rapidité de livraison, mais n'en laissa
rien paraître. À vrai dire, il ignorait tout des armements.
    – Quel port d'expédition ?
    – Poula.
    Comme le nom, à l'évidence, n'évoquait rien à son interlocuteur, le
Soviétique précisa :
    – Yougoslavie. Au fond de l 'Adriatique.
    – Quel cargo ?
    – Turc ou yougoslave,
ne vous inquiétez pas. Mais il faudra, bien entendu, que je parle de tout cela à notre ambassadeur. Je vous téléphonerai.
    – Non. Informez-moi par
un coursier au palais d'Abdine.
    L'autre acquiesça, l'œil malin. Il savait que les
Anglais

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