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Le souffle du jasmin

Le souffle du jasmin

Titel: Le souffle du jasmin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
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écoutaient les communications de l'ambassade.
    – Je vous ferai parvenir
la lettre du ministère des Armées dès que vous aurez obtenu l'accord de votre ambassadeur.
    Une fois Gahlan parti, l'attaché militaire et le témoin
mystérieux échangèrent des sourires. L'attaché donna un grand coup du plat de
la main sur le bureau et un rire silencieux secoua sa carcasse.
    Dans la rue, Gahlan, ravi, héla un taxi qui l'emmena à
l'ambassade de Tchécoslovaquie. Puis à celle de la République démocratique
d'Allemagne. Quand il en sortit, il était encore plus radieux. Il venait de
conclure l'affaire de sa vie. Le tout représentait trois cent mille livres.
Selon l'accord conclu avec le chef d'état-major, Haydar pacha, il touchait dix
pour cent du marché clandestin. Évidemment, il conviendrait d'arroser des gens
à gauche et à droite, mais Gahlan n’était pas avare. Trois ou quatre pour cent
le récompenseraient de ses efforts.
    Il ignorait que les Israéliens avaient, quelques heures
auparavant, conclu le même deal avec les mêmes ambassades, mais dans d’autres pays,
Paris, Bonn, Rome… Les armes et surtout les munitions que l’Égypte achetait par
son intermédiaire n’étaient que des fonds de tiroir. Le meilleur avait été
livré aux ennemis…

 
     
     
     
35
     
     
     
     
    Le courage nourrit les
guerres, mais c'est la peur qui les fait naître .
     
    Alain.
     
     
    18 mai 1948
     
     
    Dans un train bondé de soldats, Abdel Hakim Amer, Zakaria Mohieddine et
Gamal Abdel Nasser déploient une carte d'état-major.
    Le convoi bringuebale en direction d'El-Arich. El-Arich, première étape
sur la route de Gaza.
    Nasser pointe son doigt sur la carte :
    – Mech ma’oul  ! Ce n'est pas possible ! Où nous envoie-t-on ? Dans quel
enfer nous jette ce roi fantoche ? Les Juifs sont dotés d'un armement cent
fois supérieur au nôtre. Que dis-je ! Le nôtre est inexistant ! En
face nous attendent des gens cultivés, venus d'Europe, qui ont connu les ghettos
et la vie dure. Nos hommes n'ont aucune expérience guerrière ! Notre
misérable armée n'a jamais livré de combat. Durant toute la guerre mondiale,
hormis quelques artilleurs chargés de la défense aérienne, elle est restée dans
l'expectative et n'a jamais tiré un coup de feu !
    D'un geste las, il montre ses frères d'armes entassés, l'œil somnolent.
    – Dire que ce sont ces malheureux qui ont mission d'occuper des
centaines de kilomètres de terre palestinienne et de déloger les
kibboutzim !
    Abdel
Hakim Amer et Zakaria hochent la tête. Leur compagnon a raison. Ils roulent, sinon vers la mort, du moins vers la
défaite.
    23 heures. Le convoi vient d'entrer en gare d'El-Arich. Les hommes
descendent sur le quai. Un quai désert. Personne. Gamal et ses compagnons partent à la recherche d'un
quartier général. Ils ne trouvent qu'un simple officier d'état-major en quête
de nourriture.
     
     
    *
     
     
    Gaza, mai 1948
     
     
    La ville portuaire est encombrée de blessés rapatriés de Deir Senid,
une colonie juive contre laquelle on a lancé l'infanterie égyptienne en plein
jour et sans l'appui des blindés. Certes, la position de Deir Senid a fini par
être emportée, mais à quel prix ! Il y a bien pire. Dès les premières
escarmouches, les soldats se sont aperçus que les munitions fournies ne correspondaient
pas au calibre de leur armement. Des canons explosaient sans raison à la tête
des artilleurs qui se retrouvaient déchiquetés par leur propre batterie. Pas de
ravitaillement. Un service de santé déplorable.
    Départ pour Esdoud (Ashod) avec le VI e bataillon. Nouveau
désarroi. Nasser croise un soldat qui, à la suite d'ordres et de contrordres,
démonte sa tente pour la deuxième fois depuis le début de la journée. L'homme se lamente à voix basse :
« Quelle honte ! Quelle honte ! ».
     
    Le 11 juin, le Conseil de sécurité arrache une trêve d'un mois aux
belligérants. Le 12, la délégation des Nations unies dirigée par un Suédois, le
comte Bernadotte, personnage imposant et pâle, accompagné d'une centaine
d'observateurs américains, belges, français et suédois, arrive en Palestine.
Dans les jours qui suivent, il expédie un rapport prémonitoire : « En
qualité de médiateur, je suis convaincu que nos efforts ne pourront être poursuivis
avec succès que si une solution est
trouvée aux aspects les plus urgent du problème que pose la grande calamité humaine affectant sept cent
cinquante

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