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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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effort pour apaiser sa colère.
    — N’avez-vous rien à me dire ?
    Doremus et Timothée s’en gardèrent bien.
    — Voilà donc ce qu’il en est ! A peine ai-je tourné les talons… Mais à qui puis-je me fier si vous vous conduisez avec cette légèreté ? Ainsi, il a suffi qu’une canaille soit démasquée pour que, sans l’ombre d’une réflexion, frère Antoine se précipite sur ses traces ! Et par quels chemins, jusqu’où, pourquoi ? Pour le rattraper peut-être, alors qu’il… Et vous…
    Le Saxon s’arrêta brusquement, apercevant l’air consterné de Timothée et le visage crispé de Doremus, qu’il avait sans doute blessés. Il passa la main sur son visage, fit quelques pas de long en large, puis revint vers ses collaborateurs.
    — Bien, bien ! murmura-t-il d’un ton réellement apaisé, ce qui était sa façon de tendre un rameau d’olivier.
    Ses assistants ne le saisirent pas. Ils répondirent aux questions que leur maître posait sur les résultats de leurs récentes investigations avec une rigueur formelle et un respect outrés. Erwin, qui semblait ne pas y prêter attention, était en train de les interroger à nouveau sur les conditions dans lesquelles le frère Antoine avait entrepris sa poursuite, quand, brusquement, il s’arrêta, comme saisi par une idée.
    — C’est cela, s’écria-t-il. Aux écuries !
    — Nous sommes à tes ordres, seigneur missionnaire du souverain, répondit Doremus en s’inclinant.
    — Avec obéissance et humilité, compléta Timothée en adoptant la même attitude.
    Le Saxon les regarda, l’un et l’autre, avec un léger sourire.
    — Bon ! Je crois que vous vous êtes exprimés à votre suffisance, leur dit-il. Mais poursuivre maintenant serait fort déplaisant ! Venez !
    Lorsque les palefreniers virent arriver le missus dominicus et ses assistants, ils prirent peur, n’imaginant pas qu’un si haut personnage pût faire irruption dans les écuries pour un autre motif que des blâmes, voire des accusations. Doremus s’efforça de les rassurer.
    Le Saxon commença par examiner le cheval sur lequel Magne avait pris la fuite et qui était revenu aux écuries ainsi que la jument du frère Antoine. C’était une bête splendide – elle était d’ailleurs réservée à l’économe du couvent – et certainement rapide. Quant à la jument Léonie qu’Erwin connaissait bien, elle était robuste, résistante, mais assez lente.
    — Comment est ce Magne ? s’enquit Erwin par le truchement de Doremus.
    — Eh bien, jusqu’à cette affaire, il n’y avait rien à redire sur lui, balbutia le chef des palefreniers, encore apeuré.
    — Ce n’est pas ce que je te demande. Est-il grand, petit, gros, mince ? T’a-t-il semblé bon cavalier ?
    — C’est-à-dire, seigneur, sûrement pas si grand que toi. A peu près comme moi. Gros ? Ça non ! En tout cas pas si gros que… enfin que celui qui l’a pris en chasse.
    — Et quel âge ?
    — Dans les trente ans. Pas plus, je dirai…
    — Et comme cavalier ?
    — Ben, justement, ça m’a, comme qui dirait, ébahi. Il t’a enfourché ce cheval à la voltige, hop, d’un coup ! Je sais bien qu’il était poursuivi. Mais pour faire ça, comme ça !… Il faut sacrément connaître les chevaux… et la monte… Alors, pour un domestique, pas un palefrenier, seigneur, mais un simple domestique, j’ai trouvé ça… comment dire…
    — Je t’ai très bien compris ! souligna Erwin. Mais alors, écoute-moi bien, vu les chevaux, vu les cavaliers, crois-tu que le frère Antoine avait une chance de rattraper ce Magne et de lui mettre la main dessus ?
    — Pas une ! dit l’homme avec assurance. Mais, alors là, pas une !
    Cette réponse plongea le Saxon dans une profonde réflexion.
    — Oh ! veuille le Très-Haut nous rendre frère Antoine sain et sauf, tel que nous le connaissons, murmura-t-il, et qu’en outre, en Sa grande bonté, Il nous le rende avec des souvenirs intacts.
    Avec Timothée et Doremus, il se recueillit un instant.
    Le missus dominicus se fit ensuite conduire jusqu’à la cellule monacale où l’intendant Conrad avait été mis au secret. Il put constater que, conformément à ses ordres, deux hommes en armes en gardaient la porte. Quand le prisonnier, qui était en prière, à genoux, aperçut celui qui entrait, il se leva avec difficulté pour le saluer. Il apparut à Erwin amaigri, avec un visage défait, un regard vacillant. Il s’adressa à son visiteur d’une voix lasse. Le Saxon

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