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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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été transporté évanoui. Mais rien de cela n’a pu se dérouler ainsi sans laisser des indices : une poursuite, le transport d’un homme sur une voiture ou sur un cheval, dans la nuit ou au matin, cela ne passe pas inaperçu ; il y a toujours des yeux et des oreilles aux aguets quelque part, tout le temps, même en forêt !
    Erwin regarda ses interlocuteurs l’un après l’autre.
    — Lors de vos investigations, n’avez-vous rien remarqué, rien recueilli, aucune indication, aucun témoignage qui puisse nous mettre sur une piste ? demanda-t-il.
    — Il faut dire, précisa le vicomte Farald, que nous étions partis à la recherche de quelqu’un et non pour recueillir des indices sur une disparition et que, d’ailleurs, nos démarches ne nous ont pas conduits dans les environs de cette clairière où ton assistant a été retrouvé.
    — Si les événements se sont déroulés comme tu le penses, seigneur, ajouta Nodon, il a suffi en somme de deux ou trois canailles pour empoisonner le frère Antoine et ensuite pour le transporter à deux ou trois lieues de chez eux.
    — Et toi, Guntran, ton opinion ? s’enquit le missus.
    — J’estime comme toi, mon père, que cela aurait dû laisser des traces.
    — Donc qu’il en existe encore ?
    — Sans doute.
    Il était près de minuit quand un domestique vint annoncer que le serviteur de Pétronille demandait à être entendu d’urgence. Erwin frémit, appréhendant une nouvelle fâcheuse. Le sourire qu’arborait le jeune homme en entrant dans le réfectoire le rassura.
    — Ma maîtresse qui possède grande science et grand pouvoir a tenu la promesse qu’elle t’avait faite, seigneur, dit-il avec fierté en s’adressant au Saxon. Celui qui a l’honneur d’être ton assistant vient de reprendre connaissance. Il est encore très faible et n’est pas complètement revenu à lui. Mais il est sauvé.
    Le missus dominicus, précédé par l’aide de la guérisseuse et suivi par ses deux assistants, se dirigea vers la salle où le frère Antoine avait été soigné et il y pénétra seul. La pièce était maintenant en ordre. Pétronille s’avança vers lui avec un air confiant. A cet instant le moine en se retournant sur sa couche aperçut celui qui entrait et se dirigeait vers lui. Son visage exprima une épouvante panique. Il poussa un long cri accompagné de soubresauts de tout son corps et de gestes désordonnés. Puis, comme vidé d’un coup de toute énergie, il émit des plaintes, des paroles indistinctes. Le Saxon crut entendre : « Oh non, pas toi, pour l’amour de Dieu, pas toi !… Pas ainsi !… Oh ! Tout-Puissant !…» Et le frère Antoine s’évanouit.
    La magicienne jeta à Erwin un regard noir.
    — Qu’est-ce que cela veut dire ? lança-t-elle. Es-tu venu détruire cette vie que j’ai sauvée ? Qui es-tu pour plonger cet homme dont tu es le seigneur dans une telle terreur ? Se pourrait-il que tu sois le maître le plus infâme, le plus indigne que cette terre ait jamais porté ? Et peux-tu me dire pourquoi…
    Cependant, en voyant sur le visage d’Erwin les marques d’une affliction proche du désarroi, elle se tut brusquement.
    — Non, reprit-elle, tu ne peux être ainsi… Mais pourquoi alors a-t-il été en proie à une telle frayeur ?
    — Comment pourrais-je le savoir ? murmura l’abbé saxon, troublé.
    Pétronille, cependant, avait, sans attendre, repris ses soins, en faisant respirer à son patient des vapeurs balsamiques et en lui massant la face et le cou.
    — Il va revenir à lui rapidement, promit-elle, mais il ne faudrait pas que cette panique recommence. Ne vaudrait-il pas mieux que tu repousses ta visite de quelques heures ?
    Puis, comme saisie par une inspiration, elle demanda :
    — Ne t’a-t-il pas semblé qu’en t’apercevant, il a cru voir quelque spectre se dresser devant lui ?
    — Il se peut, dit Erwin… Oui, sans doute…
    Elle réfléchit encore, puis avança, avec un léger sourire :
    — Les fantômes n’ont pas de mains où circulent un sang vif et chaud, me semble-t-il ; ils n’ont pas de gestes familiers – puis-je dire amicaux ? –, ils ne parlent pas d’une voix normale avec les mots qu’emploie un missionnaire du souverain ; ils ne peuvent évoquer des souvenirs communs… Je vois que tu m’as comprise… Dis-moi encore : ceux qui se tiennent devant la porte de cette salle sont bien tes serviteurs ?
    — Oui, mes assistants, et depuis des années.
    — Donc, depuis des années également,

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