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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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assistants des missi estimèrent inutile de poursuivre son interrogatoire.
    Celui qui se présenta ensuite, un bûcheron demeurant près de Villiers, leur parut, dès l’abord, plus embarrassé, plus inquiet, donc plus intéressant que le témoin précédent. Pressé de questions, il finit par admettre que, parfois, jusque tard dans la nuit, des groupes de cavaliers passaient non loin de sa chaumière.
    — Combien d’hommes ? demanda le Grec.
    — Jusqu’à huit ou dix.
    — Les connais-tu ? Sont-ils armés ?
    — Non, non, je n’en connais aucun ! s’empressa de répondre le bûcheron. Et puis la route est loin de chez moi.
    — Et tu n’as pas eu la curiosité d’aller voir ?
    — Dieu m’en garde !
    — Pourquoi ?
    L’homme ne répondit pas.
    — Pourquoi ? Nous attendons ! lança Doremus.
    — Il vaut mieux se tenir à l’écart de ces gens-là, finit par répondre le bûcheron.
    — C’est-à-dire ?
    — Ils ne sont jamais venus jusque chez moi. Mais j’en connais d’autres que moi… Tout ce qu’ils ont été forcés de leur donner : du grain, de l’huile… et jusqu’à de bons deniers !… Alors…
    — Je vois, dit Timothée. Quant à ces cavaliers dont tu nous as parlé : d’où venaient-ils, où allaient-ils ? Cela, au moins, tu dois bien le savoir.
    — Je dirai… souvent venant de l’est… ou y allant…
    — L’est, cela veut dire quoi, quelles localités ?
    — Eh bien… Saulnay, Arpheuilles… plus loin Sainte-Gemme, le val de l’Indre…
    Le Grec hocha la tête d’un air entendu, puis, très posément, demanda :
    — Dis-moi donc ! La nuit dernière, vers la sixième ou septième heure, n’as-tu pas entendu le bruit d’une galopade, une petite troupe passant par le village et venant par exemple de Paulnay, ou directement de Mézières ?
    — Sur ma foi, rien de tel, répondit le bûcheron avec assurance. Pourtant j’ai de bonnes oreilles. Si une troupe pareille avait traversé Villiers, cela ne m’aurait pas échappé, surtout en pleine nuit !
    Quand le témoin eut quitté la pièce, Doremus regarda son ami en se passant lentement la main sur le crâne.
    — Tout cela ne nous conduit pas très loin, n’est-ce pas, dit-il.
    — Cela nous apprend tout de même que des cavaliers se déplacent assez fréquemment au nord de la Brenne et surtout que les ravisseurs de notre maître ne sont sans doute passés ni par Paulnay, ni par Villiers, ni par Azay. Comme ils n’ont pu s’envoler depuis ce monastère avec leur prisonnier, il y a de grandes chances pour qu’ils soient partis en direction du sud ou de l’est.
    — As-tu l’intention de continuer les interrogatoires ?
    — Assurément ! Ils ne se sont pas révélés si inutiles et peuvent nous réserver d’autres surprises.
    — Moi, je vais donc tenter de trouver, à partir d’ici même, la piste de ceux qui ont enlevé l’abbé Erwin. Quel dommage que notre Pansu ne puisse nous aider pour l’heure !
    — Fasse le Ciel qu’il retrouve rapidement toute son alacrité !
    Doremus se fit un devoir de commencer ses investigations à partir de la chapelle où le Saxon avait été capturé. Après y avoir pénétré par l’entrée principale, il se dirigea vers la porte latérale qui était encore entrouverte ; il franchit le pont sur la Claise qui donnait directement sur l’une des rues de Longoret.
    Il entreprit aussitôt d’interroger ses habitants. Ou bien il trouva porte close, ou bien il eut affaire à des hommes et des femmes visiblement apeurés, qui prétendirent, contre toute évidence, n’avoir rien observé d’anormal et formulèrent leurs réponses d’une voix suffisamment forte pour que leurs affirmations parviennent aux oreilles de leurs voisins. L’ancien rebelle s’y était attendu. A moins de faire preuve d’un courage exceptionnel, personne, à Longoret, ne prendrait le risque de représailles venant d’une bande assez redoutable pour s’emparer d’un missus dominicus.
    Il regagna les écuries du monastère et, à cheval, quitta le couvent, sortit de Longoret par le sud-ouest puis suivit une sente qui contournait la localité à un millier de pas de celle-ci. Le chemin était bien entretenu ; il lui sembla apercevoir des traces indiquant que des cavaliers ainsi qu’une voiture l’avaient emprunté récemment. Après avoir chevauché une demi-heure, il arriva près d’un marais en vue d’une demeure assez vaste entourée d’annexes, sans doute au cœur d’un domaine. La plupart des hommes

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