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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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Il peut pénétrer dans ma cellule à sa guise. Il lui suffit d’ordonner au geôlier d’ouvrir la porte… Mais s’entretenir avec moi… autre affaire !
    — Il s’attendait à cette réponse. Il m’a demandé d’insister.
    — Et je comprends pourquoi. Écoute-moi bien, Rafanel ! Depuis l’heure de mon enlèvement, le comte Childebrand et la mission qu’il commande, mes assistants sur place et tous ceux qui représentent en ce pays la puissance et l’autorité du souverain n’ont certainement pas perdu leur temps. Je ne sais où je suis détenu, encore que je commence à en avoir une idée. Ceux qui me recherchent, eux, ne vont pas tarder à le découvrir. Un enlèvement laisse forcément une trace. Donc ils vont intervenir sans tarder… dans les heures qui viennent… cette nuit peut-être… au plus tard demain. Alors ce « Baron » va avoir beaucoup à me demander… pour éviter le pire…
    Erwin regarda fixement le sabotier.
    — … et tu sais ce que « le pire » signifie, n’est-ce pas ?
    Rafanel courba la tête.
    — Hélas, trois fois hélas ! murmura-t-il.
    — Moi, je n’ai rien à demander, ajouta l’envoyé de l’empereur. La vie sauve ? A quoi lui servirait de me tuer ? Va, maintenant ! Tu peux lui rapporter tout ce que tu as entendu de ma bouche… Et inutile de me déranger désormais avant demain… sauf pour m’apporter, s’il s’en trouve une en ce lieu, une copie de l’Apocalypse de Jean. Voici le moment venu d’en relire quelques passages prophétiques !
    En fin d’après-midi un homme masqué entra dans la prison où le missus dominicus, après avoir longuement prié, somnolait sur sa couche. Il déposa un manuscrit sur la table, s’approcha d’Erwin et demeura un moment, sans un geste, près de lui. Puis il se retira silencieusement.
     
    Dès qu’ils furent aux abords de Mézières, le frère Antoine et Doremus s’aperçurent que tout le bourg était entré en effervescence. Ils en comprirent la raison quand ils virent, occupant la grand-place et ses rues adjacentes, les cavaliers, les fourgons et les serviteurs de la mission. Hermant se précipita au-devant des deux arrivants.
    — Nous nous apprêtions à partir pour l’abbaye Saint-Pierre, leur dit le commandant de la garde.
    — Comment êtes-vous parvenus si rapidement ici ? s’enquit le frère Antoine.
    — Le comte Childebrand avait décidé de hâter sa venue. De fâcheuses rumeurs étaient parvenues jusqu’à Bourges. Nous avons donc quitté cette ville voilà deux jours. Nous avons d’abord rencontré le messager que l’abbé Erwin avait dépêché vers nous ; plus tard, Sauvat nous a rejoints – nous avions alors dépassé Châteauroux – et c’est lui qui nous a appris la détestable nouvelle. Je n’ai pas besoin de vous décrire de quelle manière il a été reçu par notre comte ; j’aime autant ne pas avoir été à sa place. Mais vous connaissez Sauvat. Il a tout supporté sans broncher. Son calme a fini par désarmer notre missus qui, d’ailleurs, a repris rapidement son sang-froid. Il a décidé que nous devions accélérer notre train. Maintenant il a hâte de gagner le monastère et va certainement écourter notre halte.
    — Pas avant, cependant, qu’il ait entendu ce que nous venons de découvrir.
    — Bon courage ! leur dit Hermant en conduisant ses amis vers le comte Childebrand qui se tenait devant la viguerie.
    Dès que celui-ci vit s’avancer ses deux assistants, ses yeux lancèrent des éclairs.
    — Ah ! vous voici ! leur cria-t-il. Alors, on me cache décidément tout ! Par le cul du diable, qu’avez-vous à répondre ?
    Suivirent quelques appréciations peu flatteuses. Quand il se fut apaisé, le frère Antoine et Doremus lui rendirent compte des investigations qui avaient été entreprises, tant par Timothée à l’abbaye que par eux-mêmes dans l’est et le nord de la Brenne.
    — Il n’est pas impossible que l’abbé Erwin soit détenu à Arpheuilles, indiqua le moine, probable même…
    — Où exactement ?
    Doremus précisa quels pouvaient être les lieux de détention. Le comte, maintenant maître de lui, réfléchit un moment avant de poursuivre :
    — Je suppose qu’il n’existe pas d’autre piste.
    — Aucune autre qui soit sérieuse, en effet, seigneur. Les leurres et les pièges, eux, ne manquent pas.
    — Tendus par qui ?
    — Si nous le savions, nous saurions qui se cache derrière le masque du Baron, ou derrière celui de Flaiel.
    — Mais encore

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