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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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ils laissèrent éclater leur joie.
    — Seigneur, seigneur… commença le Grec qui ne put en dire davantage.
    — Oui, voilà qui est bien, très bien même ! lança Erwin à ses assistants.
    Et il ajouta, sans doute pour souligner ce que le moment avait d’exceptionnel :
    — Mon cœur se réjouit de vous voir ainsi !
    — Et nous aussi de te voir ! s’écria Childebrand. Mais, par tous les saints, nous diras-tu ce qui s’est passé ici ? Pourquoi cette blessure ?
    Il désigna les corps gisant sur le dallage.
    — Et qui sont ces deux-ci ?
    Erwin entreprit alors de relater ce qui lui était advenu depuis le moment où il avait pénétré dans la chapelle du monastère Saint-Pierre pour y prier.
    — Le sort, assurément, me fut favorable, souligna-t-il, et je n’ai cessé, depuis, d’en remercier le Très-Haut. J’ai pu m’emparer de l’arme que portait l’homme en rouge frappé à mort, au moment où il s’affaissait. L’homme en noir, qui se révéla un redoutable combattant, attaqua tout de suite. L’affrontement dura longtemps, trop longtemps à mon gré. Enfin, avec l’aide de Dieu, je pus lui porter un coup mortel sans pouvoir éviter, cependant, qu’il ne me fasse la blessure que voici.
    Childebrand jeta à son ami un regard qui disait son soulagement et sa satisfaction mais qui était aussi lourd de reproches.
    — Vertu Dieu ! s’exclama-t-il, vraiment, quand cesseras-tu de te jeter dans des guêpiers pareils ? Quand je pense…
    Il arrêta là sa semonce, se contenant avec peine.
    — Crois bien, dit le Saxon, je m’en serais volontiers passé.
    Le comte marmonna des paroles indistinctes exprimant peut-être son scepticisme. Puis, pointant à nouveau un doigt vers les corps étendus, il demanda :
    — Alors… ceux-ci ?
    Montrant le mort qui était revêtu d’une tunique noire ornée de flammes rouges, Erwin précisa :
    — Celui-ci ? Flaiel ! C’est-à-dire l’un des chefs de la bande !
    — Comment, s’écria le frère Antoine, mais là-bas, j’ai vu, de mes yeux vu, un autre Flaiel, en tout cas un homme ayant la même vêture, inconnu de moi d’ailleurs… mort, tout à fait mort…
    — Celui qui gît ici est bien Flaiel, je te l’assure, ou plutôt un Flaiel, un très étonnant Flaiel… Timothée dévoile donc sa face !
    Le Grec s’approcha du cadavre, retira sa capuche. Il eut un mouvement de recul et secoua la tête, n’en croyant pas ses yeux.
    — Grands dieux ! Nodon ! dit-il. Par tous les diables, lui ? Est-ce possible ? Lui ? Un archiprêtre, un clerc chef de bandes ?
    — Il ne serait pas le premier, fit remarquer l’ancien rebelle.
    Timothée ne pouvait détacher son regard de cette dépouille.
    — Voici donc inerte, blafard, cet homme que j’avais vu si sûr de lui, si tranchant, insolent même… qui aurait pu se douter ?…
    Erwin montra sa tunique ensanglantée.
    — Croyez-moi, sa détermination, son habileté à l’épée, ne laissaient place à aucun doute ! lança-t-il.
    — Surprenant quand même !
    — Pas autant qu’il y paraît…
    Childebrand lança à son ami un regard inquisiteur.
    — Vraiment ? Qu’un archiprêtre devienne bandit n’aurait rien de surprenant ? s’étonna-t-il.
    — Concernant ce Nodon, on pouvait concevoir des soupçons.
    Le comte désigna alors l’autre cadavre et poursuivit :
    — Et touchant celui-ci – le Baron n’est-ce pas –, en as-tu conçu également ?
    — J’avais fini par découvrir qui il était en Brenne, mais je n’ai appris qu’en cette matinée, et de sa bouche, de qui il s’agissait vraiment.
    — Quelle énigme est-ce là ?
    — Deux personnages sous un même masque, est-ce une énigme ?
    Le Saxon marqua une courte pause pour mieux souligner l’importance de ce qu’il allait dévoiler.
    — Voici, dit-il, Amric, petit-fils du duc d’Aquitaine Hunald, bâtard de ce Waïfre qui mena si longue lutte contre Pépin le Rusé, père de notre souverain, avant de périr sous les coups d’un traître.
    Un long silence accueillit cette révélation comme si chacun regardait ce corps étendu sur le sol avec des yeux nouveaux, en évoquant les temps, qui n’étaient pas si lointains, où Francs et Aquitains s’étaient affrontés en une guerre longue et cruelle. Le comte ne parvint plus à contenir son indignation.
    — Ainsi, s’écria-t-il, les désordres et les scandales, les forfaits et les crimes qui ont eu lieu en ce pays étaient la continuation du plus détestable des conflits ; et sous la

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