Le templier déchu
ça, elle...
— Tais-toi. Plus un mot sur cette femme, coupa Alexandre d’une voix glaciale, ou je décline toute responsabilité quant à ce qu’il adviendra de toi.
Lucas le défia du regard, puis parut comprendre qu’il valait mieux ne pas prendre sa menace à la légère. Il s’esclaffa de nouveau.
— Oh, très bien ! Ça m’est égal, du moment que vous me tirez de ce bouge, ajouta-t-il en jetant un regard dégoûté autour de lui.
— Te plaindrais-tu du confort ? railla Alexandre. Je t’assure pourtant qu’il existe des cachots bien pires que celui-ci, des culs-de-basse-fosse où tu n’aurais que des rats et des poux pour te tenir compagnie. Et ici, au moins, tu n’as pas à craindre qu’on te livre au bourreau !
— Ah, c’est vrai, j’avais presque oublié que tu avais séjourné dans les prisons de l’Inquisition française ! ricana Lucas. Si, selon toi, cette geôle est un paradis, il n’empêche que je n’ai pas envie de m’y attarder, alors fais-moi sortir d’ici. Tout de suite.
— Tu sortiras quand j’en déciderai.
— Tu vas en décider maintenant . Je n’ai pas besoin de te rappeler pourquoi tu as intérêt à obtempérer.
Mâchoires serrées, Alexandre répliqua :
— Ce n’est pas si simple. Des accusations ont été portées contre toi auxquelles tu dois répondre.
— Réponds-y à ma place, voilà tout. Tu as tout pouvoir ici, pas vrai ? Tu es le tout-puissant comte de Marston aux yeux de ces culs-terreux. Alors débrouille-toi pour me libérer.
— Un procès va avoir lieu dans la matinée. Je suis ici pour t’annoncer la sentence que je vais prononcer.
— La sentence ? répéta Lucas, incrédule.
Il fit mine de se jeter sur Alexandre, mais Stephen le retint.
— Tais-toi Lucas, et écoute, marmonna ce dernier. La situation est loin d’être idéale, mais ton comportement ne nous laisse pas d’autre choix.
— Plusieurs personnes au village sont prêtes à témoigner qu’elles t’ont vu agresser Jeanne Lott, renchérit Alexandre.
— Ce ne sont que des enfants. Leur témoignage ne vaut rien ! contra Lucas.
— Il s sont au moins une demi-douzaine. Et c’est une chance qu’ils t’aient interrompu avant que tu déshonores complètement cette jeune fille. C’est bien la seule chose qui empêche son père de demander réparation en exigeant ta pendaison.
— Tout ça est ridicule, grommela Lucas, avant de demander : Et quel est ton plan pour me sortir d’ici ?
— Avant la tombée de la nuit, tu seras banni de Dunleavy Castle.
— Quoi ? s’exclama Lucas en regardant tour à tour ses deux compagnons. Tu n’es pas sérieux...
— Je le suis, si. Tu ne peux pas rester au château. T’y autoriser mettrait notre mission en péril, argua Alexandre, qui regrettait de ne pouvoir livrer Lucas au père de Jeanne afin qu’il ait la punition qu’il méritait. Si je prétendais que les événements d’hier n’ont aucune importance, nous deviendrions tous trois suspects aux yeux des villageois. J’apparaîtrais comme ayant pris le parti d’un Anglais contre mes gens.
Lucas demeura silencieux. Sur son visage, la colère succéda à la stupéfaction, avant de laisser place à la réflexion.
— Tu as sans doute raison, admit-il finalement de mauvaise grâce.
— Je suis soulagé de t’entendre le reconnaître, grinça Alexandre.
Lucas raisonna à voix haute :
— La mission se déroulera peut-être tout aussi bien si je quitte Dunleavy. D’autant que je pourrai ainsi renseigner Exford sur nos progrès. Les soldats du château se tiennent sur le qui-vive dans l’attente d’une éventuelle attaque anglaise, si bien que le comte ne peut s’approcher suffisamment pour que nous lui envoyions des messages. Mais si je servais d’intermédiaire...
— De mon côté, je continuerai de glaner des informations sur la garnison et la défense du château, afin de déterminer le moment le plus propice à l’attaque, ajouta Stephen.
Lucas réfléchit un instant, puis reprit :
— Après avoir quitté Dunleavy, je me rendrai à notre campement de base. Je reviendrai dans la région d’ici à un jour ou deux, en compagnie d’un petit groupe d’hommes. Nous nous cacherons dans les bois situés au sud du château. Personne n’ira nous dénicher là-bas, à moins que tu ne te mêles d’organiser une partie de chasse, ironisa-t-il à l’intention d’Alexandre. De là, nous pourrons organiser des rencontres secrètes durant lesquelles
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