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Le templier déchu

Le templier déchu

Titel: Le templier déchu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mary Reed McCall
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poursuive, ce qu’il fit au bout d’un moment, au prix d’un effort visible :
    — Madame, est-il possible que vous attendiez un enfant ? Vous n’étiez peut-être pas mariée avec messire Alexandre aux yeux de Dieu, mais vous avez vécu comme telle durant plusieurs semaines...
    — Je ne crois pas être enceinte, mon père, répondit Elizabeth, la gorge nouée. Je... je ne puis nier qu’il existe une possibilité, étant donné que nous avons eu très récemment des... enfin...
    Incapable de continuer, elle ferma les yeux. Le père Paul se garda de la presser et attendit, dans un silence empreint de compassion, qu’elle soit à même de s’exprimer.
    Ce qu’elle fit au bout de quelques secondes.
    — Je ne suis pas capable d’envisager cette éventualité pour le moment, mon père. Si jamais elle devenait réalité, alors, je l’affronterais.
    — Mais, messire Alexandre ne se posera-t-il pas la question ? Et cela ne risque-t-il pas de le pousser à revenir à Dunleavy ?
    Elizabeth croisa frileusement les bras sur sa poitrine avant de répondre :
    — Je ne le pense pas. Même si j’étais enceinte, messire Alexandre n’aurait rien à gagner à revenir ici, et beaucoup à perdre. Trop de gens savent maintenant qu’il a usurpé l’identité de feu mon époux pour qu’il puisse continuer à jouer ce rôle. Et s’il revient sous sa véritable identité, il n’échappera pas à l’accusation de haute trahison contre le royaume d’Écosse.
    Au cours des heures écoulées, la résignation s’était insinuée en elle, et il lui semblait à présent qu’elle refermait son étreinte glaciale autour de son cœur pour mieux lui rappeler ce que cet amour qu’elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver pour Alexandre avait de futile. Cet amour qui brûlait en elle, la dévorait, la consumait. Oui, elle l’aimait. Envers et contre tout. Pourtant, délibérément, elle s’était interdit de le lui redire après qu’il lui eut révélé son identité. Pour se protéger, peut-être, mais aussi, elle devait l’admettre, pour qu’il souffre juste un peu, juste retour de la douleur qu’il lui avait infligée.
    Dorénavant, ces mots qu’elle avait si sottement retenus, plus jamais elle ne pourrait les lui dire, et cette certitude la rongeait, ajoutant encore à la souffrance indicible qu’elle ressentait depuis son départ.
    — Mon père, reprit-elle, vous étiez présent quand messire Alexandre a déclaré qu’au moment de sa capture par les Anglais, il faisait route vers le nord dans l’intention de mener une vie à l’écart de tout et de tous ceux qu’il connaissait ?
    — Oui, je l’ai entendu dire cela.
    Elizabeth redressa les épaules et s’obligea à chasser de son esprit toute pensée et tout sentiment qui l’auraient affaiblie. Il n’était plus temps de regretter ou de se lamenter sur le passé. C’était l’avenir qui importait. Il fallait se prémunir contre l’ennemi qui n’allait pas tarder à frapper.
    — Je crois alors qu’il fera ce que lui dictent son instinct et la logique, mon père. Il ne reviendra pas. Je dois m’accommoder de cette évidence et faire taire tout autre espoir ou désir pour continuer ma propre route.
    Le prêtre acquiesça, lui prit le bras et l’escorta jusqu’à la porte. Une fois hors de la pièce, Elizabeth se tint très droite, soucieuse d’offrir l’image de la force et de la détermination, alors qu’en elle tout n’était que désolation et désespoir. Le fait de se savoir complice dans cette affaire ne faisait qu’ajouter à l’âpreté de son chagrin. Elle aussi était fautive pour s’être autorisée à tomber amoureuse d’un homme qui, elle le savait au fond de son cœur depuis le début, n’était pas son époux.
    Elle s’efforça de respirer lentement, calmement. Il n’y avait plus rien qu’elle pût faire désormais sinon continuer sa route comme elle l’avait si allègrement promis.
    Que Dieu lui vienne en aide, mais tenter d’oublier messire Alexandre de Ashby s’annonçait comme l’épreuve la plus difficile qu’elle ait jamais eu à affronter de sa vie !
    — Si vous n’y voyez pas d’objection, mon père, j’aimerais que vous m’entendiez en confession, murmura-t-elle en tâchant d’ignorer la sensation de vide qui grandissait dans sa poitrine. Je crains devoir vous confesser de nombreux péchés, et je prie pour que vous me donniez l’absolution.
    Elle ferma les yeux et, aussitôt, l’homme qu’elle

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