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Le temps des adieux

Le temps des adieux

Titel: Le temps des adieux Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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dans un seau d’eau grisâtre. Nous la regardâmes ensuite essuyer les comptoirs puis mettre de l’ordre sur ses trois malheureuses étagères où s’entassaient flacons et gobelets. Elle installa alors deux ou trois marmites noircies sur un comptoir et quelques amphores le long d’un mur.
    Quand nous la jugeâmes prête à nous accueillir, nous nous empressâmes de nous installer. Pour justifier tout le temps que nous comptions passer dans son modeste établissement, nous lui racontâmes que nous allions surveiller la rue en espérant y découvrir une opportunité – une opportunité malhonnête s’entend comme de vrais maraudeurs. Elle ne parut ni choquée ni surprise. Martinus se chargea de négocier avec elle, et quelques pièces changèrent de main. Nous pûmes ensuite nous installer plus discrètement sur des tabourets à l’intérieur. Elle posa devant nous un plat de quelque chose de froid nageant dans une sauce noirâtre. Je n’y fis pas grand mal.
    Tout d’abord, il ne se passa pas grand-chose. En dépit de mes intentions premières, je restai dans la même gargote que mon assistant Martinus – qui devait lui-même penser que j’étais son assistant. Il est vrai qu’il n’y avait qu’une seule autre caupona, celle où je m’étais installé avec Petro lors de notre première visite à Lalage. Et cette fois-là, nous avions clairement indiqué que nous étions des représentants de la loi.
    C’était peut-être difficile pour Martinus. Il avait environ une quarantaine d’années, c’est-à-dire qu’il était plus vieux que Petro dont il guignait le poste. Pour autant que je le sache, il ne s’était jamais marié et, s’il lui arrivait de discourir sur les femmes, ses aventures étaient fort discrètes et il menait une vie plutôt rangée. Il était doté de cheveux bruns et raides, avec une frange bien droite qui lui masquait une partie du front. Il possédait de fortes mâchoires et un grain de beauté sur une joue. Il était trop ennuyeux pour qu’on évoque seulement le sujet.
    Au fur et à mesure que la matinée s’écoulait, nous commençâmes à remarquer une certaine activité. Typique. Des gens du voisinage venant passer un petit moment de détente chez Platon.
    Tout d’un coup, Martinus me prévint discrètement.
    — Attention !
    Il venait de repérer des suspects. Trois hommes qui quittaient le lupanar : un homme mince en tunique bleu ciel, au visage intelligent, avec un parchemin roulé passé dans sa ceinture ; il était accompagné de deux individus à l’allure banale, l’un rondouillard, l’autre au visage vérolé. Comme nous ne les avions pas vus entrer, il était évident qu’ils avaient passé la nuit dans l’établissement.
    — Tu les connais ? demandai-je à voix basse.
    — Celui en bleu s’appelle Cicérone. C’est un hâbleur. Il engage la conversation avec les clients dans un bar à vin, et tandis qu’il les amuse avec ses histoires, ses complices les détroussent.
    Martinus sortit une tablette et un stylet et prit rapidement des notes. Au fil du temps, sa tablette se remplit rapidement. Pour donner le change, il avait sorti un jeu de dames de son sac de cuir. Malheureusement, nous ne pouvions pas faire semblant de jouer, et je déteste les dames. Martinus était un joueur intelligent dont la grande habileté m’obligeait à des prouesses.
    — Tu as besoin de t’entraîner, Falco, commenta-t-il, goguenard. (Martinus était imbu de sa science des jeux de société.) Pour gagner aux dames, il faut de l’agilité mentale, de la volonté, la faculté de bluffer, beaucoup de concentration…
    — Plus un damier et des pions, le coupai-je.
     
    À l’heure du déjeuner, tout un groupe se présenta à la porte de l’Académie de Platon. Tous ces hommes avaient l’air de clients réguliers, mais mon compagnon posa soudain sa main sur mon bras en me chuchotant à l’oreille.
    — Falco ! J’aperçois deux gros poissons.
    Je n’avais pas besoin qu’il me les désigne. Ils n’entraient pas dans le lupanar, ils en sortaient d’un pas nonchalant.
    — Je les connais. Il s’agit du Meunier et du Petit Icare qui sont venus me menacer chez moi. Ils doivent se planquer chez Platon.
    — Leur présence est une raison suffisante pour organiser une descente dans le bordel et tout retourner.
    — Tu crois ? Il faudrait être certain de coincer le gros gibier. Il vient ici, c’est certain, mais il ne fait peut-être qu’y passer.
    Au lieu

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