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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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l’opération.Dubois se confessa en moins de dix minutes. Comme il refusait l’opération de la dernière chance, il fallut que leduc d’Orléans vînt lui dire : « Vous n’avez guère de courage ! » « J’en ai contre toute autrechose, lui répondit-il, mais je ne saurais me déterminer à ce qu’ils veulent me faire. »La Peyronie confia au prince qu’il ne répondait de rien. Très ému, il ne put s’empêcher de pleurer et supplia Dubois de consentir à l’opération. Le cardinal céda à ses instances.
    Les chirurgiens se disposèrent à intervenir. Quatre aides s’emparèrent du malheureux qui criait. L’opération ne dura que quatre minutes. Le duc d’Orléans marchait de long en large dans la galerie. Lorsqu’il apprit que le cardinal se reposait, il ne voulut pas le fatiguer. Il en reçut des nouvelles toutes les heures. L’état du malade s’aggrava. Il mourut le lendemain 10 août 1723.
    Le duc d’Orléans se rendit chez le roi.
    « Sire, M. le cardinal est mort, dit-il.
    – J’en suis fâché, répondit le roi.
    – Sire, je ne vois personne qui soit plus en état que moi pour rendre service à S.M. en qualité de Premier ministre. »
    Le roi ne répondit rien, le duc d’Orléans en conclut que ce silence était un acquiescement.
    Le prince a aussitôt demandé à ses roués de revenir auprès de lui.Nocé est arrivé le premier. Les autres ne vont pas tarder. Ils feront connaissance avec la nouvelle maîtresse de Son Altesse, une jouvencelle de seize ans, Mlle Houel, une Provençale qui allait entrer au couvent et que sa tanteMme de Sabran a conduite auprès de son ancien amant. Elle est grande, bien faite, et elle a de belles dents. Naïve et sotte, elle lui donne les plaisirs qu’on accorde aux vieillards, mais il ne tarde pas à s’ennuyer avec elle. Il l’a couverte de bijoux et lui a offert un somptueux trousseau. Le duc d’Orléans a satisfait un autre goût en se faisant offrir par le chapitre de Reims un Titien et un Correge qu’il avait admirés dans la cathédrale.
    Le prince travaille avec le roi et les ministres ; le soir il a repris ses folles habitudes mais le cœur n’y est plus. La mort rôde autour de ces fins de partie.Saint-Simon, qui redoute sa fin prochaine, est allé trouver M. deFleury et lui a conseillé de prendre ses dispositions avec le roi afin qu’il pût devenir Premier ministre. L’évêque lui a répondu que seul un prince du sang pouvait succéder au duc d’Orléans. Il pense àM. le Duc auquel M. de Saint-Simon prête « une bêtise presque stupide, une opiniâtreté indomptable, une fermeté inflexible, un intérêt insatiable et des entoursaussi intéressés que lui ». Il n’a sans doute pas tort et M. deFleury partage probablement son avis sans oser le dire. Il est même parvenu à lui faire l’éloge du prince. Que de finesse chez ce prélat !

    Philippe d’Orléans est mort à la sourdine
    Après un été caniculaire accompagné d’une sécheresse qui laissait présager des récoltes médiocres, un troupeau en partie décimé par manque d’eau et de foin, la misère était générale. Les puits de Paris étaient desséchés et la petite vérole multipliait les victimes dans la capitale. Malgré son état déliquescent, leduc d’Orléans travaillait avec la même régularité qu’auparavant. Cependant les mauvaises langues prétendaient qu’à certains moments on pouvait lui faire signer n’importe quoi. Il sombrait dans une sorte d’hébétude.
    Le 2 décembre, il dit à son épouse qu’il se sentait la tête fort chargée et qu’il avait mal à l’estomac. Il reprit ses activités pendant l’après-midi. Prenant un peu de temps pour se reposer avant de se rendre chez le roi, il demanda s’il y avait quelque femme capable de le divertir un moment. Le valet de chambre lui répondit que lamarquise de Prie et laduchesse de Fallari se trouvaient là. Il fit entrer la duchesse et s’assit à côté d’elle devant la cheminée.
    « Crois-tu de bonne foi, demanda-t-il, qu’il y ait un Dieu, qu’il y ait un enfer et un paradis après cette vie ?
    – Oui, mon prince, je le crois certainement, dit-elle.
    – Si cela est comme tu le dis, reprit-il, tu es donc bien malheureuse de mener la vie que tu mènes.
    – J’espère cependant, ajouta-t-elle, que Dieu me fera miséricorde 7 . »
    Leprince se plaignit de lourdeur à l’estomac. Il s’assit dans un fauteuil, appuya ses bras sur les accoudoirs et

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