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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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vieux maréchaux deVillars, d’Huxelles, deTallard, parfaitement inoffensifs et plutôt hostiles aux changements ; des jeunes gens pleins d’avenir,Saint-Florentin etMaurepas, qui n’oseront jamais s’opposer à un vieillard revêtu de la pourpre romaine. Le futur cardinal a également appelé au Conseil leduc d’Orléans en raison de sa seule naissance. Les hommes forts du ministère sontMorville aux Affaires étrangères,Le Blanc à la Guerre etLe Pelletier des Forts, contrôleur général des Finances.
    La nouvelle équipe bénéficie d’une conjoncture favorable. Aucune menace sérieuse ne pèse sur la paix du royaume.Fleury a assuré l’Angleterre des intentions pacifiques du roi. Les diplomates s’emploient à réconcilier la France et l’Espagne, et l’empereur n’a pas de raison de provoquer la France. À l’intérieur, la querelle religieuse s’est assoupie, mais il suffit de peu de chose pour la rallumer.Quant à la situation financière, toujours préoccupante, elle s’est pourtant améliorée depuis l’effondrement de la banque deLaw.
    Paris est tranquille. Paris aime son joli roi. Aussi une vive inquiétude a-t-elle saisi la population à la fin du mois de juillet lorsqu’on a appris qu’il avait été deux fois saigné. Le Parlement a fait célébrer un Te Deum pour son rétablissement. Maisla reine est maintenant souffrante. Les médecins impuissants se perdent dans des digressions oiseuses. On a caché à Marie la mort de laduchesse d’Orléans qui n’a pas survécu à son dernier accouchement. Elle avait vingt-deux ans ! Toute la Cour, les grands corps de l’État, l’Université, les mendiants sont venus jeter de l’eau bénite sur son corps exposé au Palais-Royal. Marie allait si mal qu’elle a reçu les sacrements le 13 août. On a commencé à dire les prières des quarante heures à Notre-Dame et découvert la châsse de sainte Geneviève. En désespoir de cause, après avoir plusieurs fois saigné leur royale patiente, les médecins ont eu l’idée de lui donner de la poudre des Chartreux, une préparation à base d’antimoine qui a provoqué des évacuations salutaires. La reine est sauvée mais reste très faible.
    À Chambord, leroi Stanislas fait preuve d’un incroyable optimisme. « Vous avez appris, écrit-il, les incommodités du roi et de la reine. Dieu merci qu’elles sont passées ( sic ) et qu’on se peut fâcher présentement contre tous les deux. Leur sympathie va jusqu’à ce qui leur cause des maladies qui est de trop manger, puisque c’est une indigestion violente qu’ils ont eue,la reine surtout après avoir mangé cent-quatre-vingts huîtres et bu quatre verres de bière là-dessus 2 . » Les huîtres n’étaient sans doute pas fraîches…
    Stanislasest persuadé que le roi et la reine entretiennent les relations les plus tendres lorsqu’il ajoute à l’intention de son correspondant que les deux époux s’étaient donné une « touchante assistance mutuelle » pendant leur maladie. Les courtisans sont loin de partager cette opinion. Tout le monde a remarqué l’indifférence du roi à l’égard de sa femme.
    Le 27 août,Louis XV est parti pour Fontainebleau où la Cour demeurera trois mois. Il est censé revenir le samedi à Versaillespour voir la reine et retourner le lundi à Fontainebleau. Peu après son départ, les Parisiens entendirent battre la générale et virent partir dare-dare le régiment des gardes suisses et celui des gardes françaises. Le bruit courait qu’une bande de brigands masqués avait voulu enlever le roi et que les gardes étaient parties pour le protéger ! Il n’en était rien. Le feu avait pris dans les bruyères et s’était propagé jusqu’à la forêt sans qu’on pût l’éteindre. Les troupes avaient été appelées pour combattre l’incendie. En creusant des tranchées pour couper le cours du feu, elles parvinrent à l’éteindre. Paris en fut quitte pour la peur.
    À la fin du mois, la reine se sentit assez bien pour partir retrouver son époux, qui, on s’en doutait, n’est pas venu la voir. Il l’a bien accueillie. Le grand événement a été la remise de la barrette de cardinal à M. deFleury qui a le triomphe modeste. Il a cependant institué un cérémonial irritant et ridicule, celui de son petit coucher. À l’heure dite, « toute la France, useurs de parquet ou gens affairés » attend à la porte.Son Éminence entre, passe dans son cabinet ; quelques instants plus tard

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