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Le temps des illusions

Le temps des illusions

Titel: Le temps des illusions Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Evelyne Lever
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toujours favorisé l’intimité de Louis XV avec lesToulouse. Le ménage duduc du Maine ne lui inspire pas d’inquiétude. Il sait bien que l’infernale duchesse ne se mêlera plus de conspiration. Son année de prison l’a calmée. Quant au prince, toujours plongé dans ses ouvrages érudits, il n’a jamais comploté. Seules les folies de son épouse lui ont valu une douloureuse incarcération. Lors de sa libération, il ne voulait pas retourner à Sceaux. Partager son existence avecLouise-Bénédicte lui paraissait impossible, mais elle fit un tel tapage qu’il s’est résigné. Une fois de plus. Il ne quitte guère ses appartements pour avoir la paix tandis que sa femme règne sur une nouvelle cour qu’elle a eu un peu de mal à reconstituer. Après sa retentissante disgrâce, ses fidèles s’étaient dispersés et ils n’avaient pas tous envie de ramer de nouveau dans les galères du bel esprit.
    À près de cinquante ans, Mme du Maine reste coquette et désireuse de plaire. Elle mène la conversation avec un art consommé, mais ses interlocuteurs n’ont pas toujours assez de talent pour lui répondre. « J’aime beaucoup la société, dit-elle ; tout le monde m’écoute et je n’écoute personne. » Elle recherche avidement ceux qui peuvent lui donner la réplique en la faisant briller.Fontenelle est toujours un hôte assidu, mais il vieillit et devient sourd. Le fidèleMalézieu fatigue ses méninges à tourner des madrigaux à sa gloire mais il l’ennuie. Elle a ses souffre-douleur comme cette pauvre Mme Drouillet qui chante et dont tout le monde se moque sans que la malheureuse s’en rende compte. Enfin il y a pour le plus grand bonheur de la princessele poète Houdart de La Motteet leprésident Hénault, lequel se partagea un temps entre Palais-Royal et Sceaux. Il disait en plaisantant qu’il avait « deux ateliers » : il « dogmatisait le matin et chantait le soir ». Cet homme à l’esprit fin sait aussi bien tourner une épigramme que déclamer des vers ou discourir sur n’importe quel sujet. Il fait la joie de Mme duMaine. Elle a trouvé en lui un partenaire à sa hauteur. La cour de Sceaux est avant tout le rendez-vous des beaux esprits. Les joutes oratoires et la conversation en sont les principales distractions. Le temps des fameuses « nuits de Sceaux » est révolu.
    Lorsque son neveu, M. leDuc, fut disgracié, Mme du Maine, qui n’avait jamais voulu solliciter quoi que ce fût de ce prince, écrivit une lettre impérieuse à Mgr deFleury. Jalouse de sa belle-sœur lacomtesse de Toulouse qui jouit d’une pension de 50 000 livres comme toutes les princesses du sang, elle se plaint d’avoir été oubliée et surtout, elle réclame pour ses enfants le rang de prince du sang qui leur a été supprimé par lit de justice. Le cardinal s’est rendu à ses désirs. Elle bénéficiera de sa pension. Son mari et ses deux fils sont désormais reconnus comme princes du sang mais déclarés inaptes à la succession au trône. C’est une consolation, mais Louise-Bénédicte n’aura sûrement pas la joie de recevoir le roi. Son passé récent ne plaide pas en sa faveur et le jeune monarque ne goûte pas les jeux littéraires. Ils lui font peur.
    Plus précieuse que jamais et même pédante, la princesse épuise ses hôtes. Elle renouvelle les plaisirs de sa société : il y a chaque jour de grands soupers, des chasses, des promenades sur l’eau si le temps le permet. Ses réveillons de Noël sont un divertissement qu’on apprécie beaucoup. Le soir du 24 décembre, on se rassemble dès huit heures du soir ; un orchestre joue une symphonie et entonne des noëls classiques qui sont suivis par de prétendus noëls inspirés par les événements du jour ou par les plaisanteries des familiers. Ils sont écrits parM. le duc du Maine (il veut bien se prêter à une telle bagatelle), par son épouse et souvent aussi par son ancienne femme de chambre devenue Mme deStaal. Lamarquise du Deffand cherche le moyen de faire partie des hôtes de Sceaux. Pour l’heure, elle partage l’exil de Mme de Prie, ce qui n’est pas une situation d’avenir. Elle est trop habile pour ne pas s’en rendre compte.

    Silvia, Manon et les intermittences du cœur
    Lamarquise de Lambert réunit toujours autour d’elle une société choisie. On y rencontre les auteurs nouveaux comme cePierre Carlet de Marivaux qui enchante les femmes par ses pièces de théâtre où il leur réserve le beau

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