Le Testament Des Templiers
jamais de prendre des vacances ? demanda Gatinois d’un ton incrédule. De quoi s’agit-il cette fois ?
– On vient d’essayer de renverser Simard et Mallory dans une rue de Cambridge. Un de nos hommes l’a vu de ses propres yeux. Ils ont été légèrement blessés seulement. Le conducteur s’en est tiré sans être inquiété. »
Gatinois poussa un grognement.
« Ses tentacules s’étendent donc jusqu’en Angleterre ! Sidérant, vraiment. Je dois reconnaître qu’il en a.
– Que devons-nous faire ? demanda Marolles.
– À quel propos ?
– De nos plans à nous.
– Absolument rien ! s’exclama Gatinois. Ça n’a rien à voir avec nos plans. Ne changez pas le moindre détail de l’opération. Pas le moindre détail ! »
21
L UNDI MATIN
L a réunion chez PlantaGenetics avec Fred Prentice, le biologiste ami de Sara, avait été fixée à 9 heures. La société de biotechnologie créée par un professeur de botanique de l’université de Cambridge était spécialisée dans la recherche de nouvelles molécules biologiquement actives provenant d’extraits de plantes. Leurs laboratoires bourdonnaient vingt-quatre heures sur vingt-quatre, avec des centaines de bras robotisés montant et descendant, prélevant à la pipette des échantillons extraits de plantes cueillies dans le monde entier et envoyées à Cambridge pour y être analysées.
Sara et Fred naviguaient dans les mêmes cercles de botanistes, et, sans avoir jamais eu l’occasion de collaborer, chacun suivait les travaux de l’autre, et ils se croisaient dans des conférences. À dire vrai, elle savait parfaitement qu’elle lui plaisait. Il avait osé l’inviter à dîner un jour, lors d’un congrès à la Nouvelle-Orléans. Le trouvant gentil et esseulé, elle avait accepté, mais avait réussi à échapper au baiser rituel de fin de soirée grâce à la réaction allergique qu’il avait faite après avoir absorbé une certaine épice dans sa soupe aux gombos.
Dans le taxi ce matin-là, Luc et elle avaient l’air de zombies sortis d’un film d’horreur. Luc avait l’avant-bras et la main bandés, et sa hanche le brûlait. Sara était couverte de sparadraps. Ayant sauté le petit déjeuner, ils s’étaient retrouvés dans le hall en retard et s’étaient dépêchés d’aller chercher un taxi. Une fois installés à l’arrière du véhicule, ils prirent enfin le temps de se regarder et se mirent à rire.
« Combien de temps nous faut-il pour aller là-bas ? demanda Luc au chauffeur.
– Pas plus de dix minutes, en remontant Milton Road jusqu’à Science Park. Vous êtes en retard ?
– Un peu », dit Sara.
Il était déjà 9 heures.
« Tu ne devrais pas appeler ? » demanda Luc.
Sara le fit aussitôt.
« Salut, Fred, c’est Sara, dit-elle d’un ton faussement enjoué. Désolée, mais nous sommes quelques minutes… »
Un éclair étincela au loin, brillant comme un flash de magnésium. Puis une explosion assourdissante retentit.
Un champignon de fumée blanche s’éleva au-dessus des arbres.
« Bon Dieu ! s’exclama le chauffeur de taxi. Ça ne doit pas être loin d’où nous allons ! »
Sara avait toujours son téléphone à l’oreille.
« Fred ? Fred ? »
Ils ne parvinrent jamais à Science Park. Les secours avaient bloqué la route et la circulation était détournée.
Il ne leur restait plus qu’à rentrer à leur hôtel, regarder les informations à la télévision dans le hall et suivre en direct les reportages couverts par le bruit des hélicoptères et le gémissement des sirènes.
L’explosion avait dévasté l’aile d’un bâtiment dans Science Park. Vers 11 heures, un journaliste de Sky lut la liste des sociétés qui y étaient hébergées. PlantaGenetics en faisait partie.
On évoqua une possible fuite de gaz ou une explosion chimique. L’éventualité d’une attaque terroriste fut aussi mentionnée. Le bâtiment était réduit à un tas de ruines fumantes. Il y avait de nombreuses victimes. Les unités spécialisées dans le traitement des brûlures de tout le Cambridgeshire et au-delà se remplissaient. On réclamait des donneurs de sang.
Puis, à midi, le téléphone de Sara sonna.
Elle regarda le nom affiché sur son appareil.
« Mon Dieu, Luc, c’est Fred ! » dit-elle.
Ils retournèrent aux urgences de Nuffield. La veille au soir, la salle d’attente était à peine pleine, avec juste quelques cas bénins.
Aujourd’hui,
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