Le tombeau d'Alexandre

importante. Il a dit que tous les archéologues du désert y seraient.
    — Est-ce qu’il t’a dit quand il rentrerait ?
    — Demain, risqua le gamin en haussant les épaules. Ou le jour d’après.
    — Bordel, murmura Rick. Qu’est-ce qu’on fait maintenant ?
    — Je ne sais pas, répondit Knox. Laisse-moi réfléchir.
    — J’y crois pas... Tout le reste était en grec. Pourquoi a-t-il fallu que ton Kalonymos écrive cette foutue inscription en démotique ?
    Knox se tourna vers son ami, bouche bée.
    — Quoi ? demanda Rick. Qu’est-ce que j’ai dit ?
    — Je crois que tu viens de trouver la solution.

Chapitre 30
     
    I
    Mohammed ne s’était pas encore remis de ses émotions lorsque le téléphone sonna.
    — Allô ?
    — Nicolas Dragoumis à l’appareil. Vous vous souvenez de moi ? Je vous ai aidé à financer les tests pour...
    — Bien sûr que je me souviens de vous, monsieur Dragoumis. Que puis-je faire pour vous ?
    — Je pense que vous avez dû recevoir de bonnes nouvelles.
    — C’était vous ? C’est vous, mon ami du Caire ?
    — Oui.
    — Merci ! Merci ! Je vous serai éternellement redevable, monsieur Dragoumis. Vous pouvez me demander tout ce que vous voulez.
    — Tout ? Vous êtes vraiment sincère ?
    — Je vous le jure sur ma vie.
    — Je ne vous en demande pas tant mais, dites-moi, vous avez une pelleteuse sur le site ?
     
    II
    Gaëlle était restée à Siwa sans rien pouvoir faire. Bien que Mustafa et Zayn aient été recrutés pour deux semaines, elle leur avait donné leur journée afin de retourner faire des recherches chez le docteur Sayed. Mais lorsqu’elle était arrivée, elle avait trouvé la maison fermée, avec une note sur la porte disant qu’il avait été appelé au Caire. Elle était donc retournée à son hôtel, où elle avait passé l’après-midi dans un hamac, avant de prendre une douche fraîche pour retrouver un peu d’énergie. Puis elle avait loué une bicyclette bringuebalante et pédalait actuellement en direction d’une source d’eau douce locale, très prisée par les touristes. En roue libre sur un petit bout de route, elle doubla une charrette tirée par un âne, sur laquelle étaient assises trois femmes momifiées par leur tarfottet en coton brodé bleu indigo. L’une d’elles leva son voile et lui adressa un sourire timide mais radieux. Elle n’avait pas plus de quatorze ans.
    Les pneus de la bicyclette n’étaient pas assez gonflés. Il était difficile de pédaler sur la route, que le soleil rendait collante. Gaëlle aperçut avec soulagement la passerelle qui traversait le lac salé asséché. La source était un petit bassin profond, limité par un puits naturel en pierre. L’eau était transparente et des algues d’un vert vif flottaient à la surface. Quelques zaggalah étaient venus s’asseoir là, après avoir fini leur journée de travail sur les dattiers. Ils regardèrent Gaëlle avec une convoitise manifeste. Elle aurait bien aimé se baigner mais, gênée par leur regard, elle préféra aller boire une tasse de thé amer dans le verger, en compagnie de la jeune gardienne.
    Le soleil se coucha derrière les collines surplombant le grand lac salé et le ciel flamboya de couleurs pourpres et orangées avant de s’obscurcir pour la nuit. Le jour s’en était allé pour de bon. Gaëlle repensa à la jeune fille de la charrette, mariée à l’aube de la puberté pour passer le reste de sa vie coupée du reste du monde, avec un champ de vision réduit à un horizon des plus étroits. Puis elle eut une sorte de révélation. Brusquement, elle eut conscience du changement qui s’était opéré en elle au cours de ces dernières semaines. A cet instant, elle sut qu’elle ne pourrait plus jamais se retirer de la vie dans le confort physique et intellectuel de la Sorbonne pour élaborer d’obscurs dictionnaires de langues mortes. Ce travail était extrêmement utile, mais un peu en dehors de la réalité, comme les ombres chinoises. Gaëlle n’était pas une universitaire. Elle était archéologue, comme son père.
    Il était temps qu’elle fasse la paix avec elle-même.
     
    III
    Rick et Knox trouvèrent un hôtel avec une prise modem et purent télécharger les photos du niveau inférieur de la tombe. Mais Knox n’était pas très fort en déchiffrement et ne progressa pas beaucoup sur l’inscription. Rick, qui parcourait les autres photos, s’arrêta sur la mosaïque.
    — On n’a pas déjà