Le tombeau d'Alexandre
vu ça quelque part ? demanda-t-il.
— Comment ça ?
Rick prit son appareil numérique, fit défiler les photos jusqu’à la peinture d’Oupouaout, et le tendit à Knox.
— Le ciel, dit-il.
Knox comprit immédiatement. La ligne d’horizon était presque identique à celle de la mosaïque. Le ciel entourait deux groupes de soldats dans la mosaïque et Oupouaout et son étendard dans la peinture. Knox redoubla d’efforts pour déchiffrer l’inscription. C’était le visage d’Alexandre sur la bannière du dieu loup qui lui avait fournit l’élément catalyseur. Quand il eut terminé, il lut sa traduction à Rick et lui expliqua ce que le message signifiait.
— Une tombe remplie de richesses propre à accueillir Alexandre, murmura Rick. Ça alors !
— Pas étonnant que les Dragoumis soient à sa recherche ! Et ils ont une longueur d’avance sur nous. Allons-y !
— Où ça ?
— À Siwa. La terre d’Amon, le père d’Alexandre.
— Siwa ! s’exclama Rick, incrédule. J’aurais dû m’en douter...
Mais il était aussi excité que Knox par les progrès qu’ils faisaient.
Il prit un guide dans la jeep et ils regardèrent la carte ensemble. Siwa n’était pas si loin de Farafra, du moins à vol d’oiseau. Mais si on voulait emprunter la route, il fallait remonter à Alexandrie, longer la côte jusqu’à Marsa Matrouh et redescendre vers le sud, ce qui revenait à parcourir trois côtés d’un carré sur environ mille quatre cents kilomètres. L’autre solution consistait à traverser le désert en suivant l’ancienne route des caravanes. Cet itinéraire permettait de gagner près de mille kilomètres, mais la conduite était plus rude.
— Qu’est-ce que tu en penses ? demanda Rick.
— On coupe par le désert, répondit Knox sans hésiter. Là, au moins, Nessim et ses hommes ne nous retrouveront pas.
— J’espérais que tu dirais ça !
Ils devaient d’abord obtenir l’autorisation de circuler. Le désert était jonché de postes de contrôle, où les officiers n’avaient rien de mieux à faire que d’enquiquiner les quelques personnes qui s’y aventuraient.
En partant sans autorisation, ils seraient allés au-devant de sérieux problèmes. Mais maintenant que le passeport de Knox n’éveillait plus les soupçons, ce n’était qu’une question de temps et de bakchich. Le commandant de l’armée leur demanda quelques heures pour effectuer les démarches. Pendant ce temps, ils retournèrent en ville pour acheter de l’eau, de la nourriture, un pneu de rechange supplémentaire et des bidons d’huile et d’essence. Puis ils se mirent en route, profitant de la fraîcheur de la nuit pendant qu’il en était encore temps.
IV
Augustin ouvrit la porte, un drap blanc taché enroulé comme un sarong autour de la taille. Lorsqu’elle vit son visage s’assombrir brusquement, Elena n’eut pas besoin d’en savoir davantage. Avec un calme olympien, elle passa devant lui pour aller dans sa chambre. La fille avait des cheveux blonds hérissés, un piercing en cuivre sur la lèvre inférieure, les seins plats avec de gros mamelons et le pubis rasé.
— Vous êtes sa femme, je suppose, dit-elle en tendant la main pour prendre un paquet de Marlboro Lights et un briquet en plastique.
Elena tourna les talons. Augustin faillit dire quelque chose mais y renonça lorsqu’il vit son expression. Elle descendit les escaliers à la hâte et marcha d’un bon pas jusqu’à sa voiture. Elle ne regrettait pas de ne pas l’avoir prévenu de sa visite. Au contraire, elle préférait être au courant. Mais sa colère augmentait de minute en minute. À un feu, son portable se mit à sonner et elle reconnut le numéro d’Augustin. Elle baissa sa vitre et le jeta par la fenêtre. Il ricocha sur la pierre. Il y avait beaucoup de circulation ce jour-là. Elle appuya sur l’accélérateur et cria de toutes ses forces en attirant sur elle les regards inquiets des passants. Après avoir fait une queue-de-poisson à un camion, elle tourna le volant à toute vitesse pour prendre la route du Caire. Elle n’avait pas de destination en tête. Elle voulait juste rouler jusqu’à ce que le moteur explose.
Ce n’était pas à cause d’Augustin. Augustin n’était rien, seulement un écran sur lequel elle avait projeté le souvenir de Pavlos. C’était Pavlos son homme, le seul homme qu’elle ait jamais aimé. Depuis dix ans, elle ne pensait qu’à lui. Depuis dix ans, sa
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