Le tombeau d'Alexandre
empruntée existait depuis l’Antiquité. C’était l’itinéraire que prenaient les caravanes pour aller du Nil à Siwa. De part et d’autre étaient éparpillés des os de chameau, des bidons d’essence vides, des pneus éclatés et de vieilles bouteilles d’eau. Ces déchets pouvaient être là depuis une semaine ou des dizaines d’années. Le désert occidental ne recyclait rien. Il figeait tout comme une capsule témoin. Lors d’un de ses voyages avec Richard, sur les traces des explorateurs du Zerzura Club qui avaient cartographié le désert occidental et le Gilf Kébir, Knox avait trouvé entre les dunes la dépouille d’un Bédouin. Assis devant les cendres d’un feu, l’homme était mort brusquement, sans doute d’une crise cardiaque. Il était accompagné de son chameau blessé, qui avait péri à côté de lui, incapable de bouger.
— Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Rick.
Le pare-brise était devenu presque opaque. Knox sortit la tête par la fenêtre. Une masse sombre menaçait à l’horizon, comme un nuage de pluie, mais il n’y avait pas de nuages et la pluie était le dernier fléau qu’on pouvait craindre dans le désert occidental.
— On va avoir des ennuis, murmura Knox.
III
Après son aller et retour au Caire, Elena arriva à la villa d’Ibrahim fraîche comme une rose mais d’une humeur massacrante.
— Vous êtes en retard, lui fit remarquer Nicolas avec colère, avant de la conduire à la cuisine, où Philippe Dragoumis était attablé avec Costis, son chef de la sécurité, et plusieurs de ses hommes. Je vous avais dit d’être là à neuf heures.
La simple vue de Philippe ajouta un poids sur les épaules d’Elena. Mais ce n’était pas le moment.
— J’avais à faire, répliqua-t-elle. Il n’y a pas le feu, que je sache.
— Nous devons être à Siwa à la tombée de la nuit.
— A Siwa ! Vous m’avez fait venir jusqu’ici uniquement pour me faire refaire tout le trajet dans l’autre sens ?
Nicolas fit un signe de tête en direction de l’écran de surveillance.
— C’est pour votre bien, précisa-t-il. Votre arrivée a été enregistrée. Demain soir, vous serez filmée en train de repartir. Et Ibrahim jurera que vous n’avez pas quitté sa villa entre-temps.
— Alors comment...
— Par la porte de derrière, dont nous avons truqué la caméra de sorte qu’elle ne montre rien.
Il regarda sa montre.
— Bon, dépêchons-nous ! reprit-il. Puis-je avoir votre portable ?
— Pourquoi ?
— Parce que si vous l’utilisez pendant le trajet, vous risquez de vous faire repérer, expliqua-t-il avec une patience exagérée. Ce n’est pas la peine d’avoir un alibi si vous gâchez tout à cause d’un simple coup de fil.
— Alors comment allons-nous communiquer ?
— Nous avons d’autres portables dans les voitures. Donnez-le-moi, je vous prie.
— Je ne l’ai plus, avoua Elena d’un air penaud. Je l’ai jeté.
— Vous l’avez jeté ? Pourquoi ?
— Est-ce vraiment important ? Dites-moi plutôt ce qui se passe. J’espère que ça vaut le déplacement.
— Vous ne serez pas déçue, grommela Philippe Dragoumis.
Elle se tourna vers lui et il lui fit signe de venir le rejoindre autour de la table. Il ouvrit les deux livres sur Siwa et les posa à côté d’une photo de la mosaïque.
— Ça alors ! murmura Elena.
— Nous l’avons enfin trouvé. Il ne nous reste plus qu’à le ramener chez nous.
Elle le regarda, horrifiée. Elle était archéologue. Les sites et les artefacts étaient sacrés pour elle.
— Le ramener chez nous ? répéta-t-elle.
— Bien sûr. Pourquoi croyez-vous que nous ayons fait tout cela ?
— Mais... c’est de la folie ! Vous n’y arriverez jamais.
— Et pourquoi pas ?
— D’abord, il n’y a peut-être plus rien.
— S’il n’y a plus rien, il n’y a plus rien. Mais je suis convaincu du contraire. Et tant que nous n’en aurons pas la preuve...
— Mais un chantier comme celui-ci peut durer des semaines, des années.
— Nous disposons d’une nuit. Cette nuit. Nous aurons une pelleteuse, un camion de transport et tout le matériel nécessaire sur place. Nikos et Vasilieos nous rejoignent là-bas. Deux de mes navires se dirigent en ce moment même vers Alexandrie. Ils arriveront au port demain matin, à temps pour charger ce que nous aurons trouvé. Faites-moi confiance, mes capitaines ont l’habitude de jouer au bonneteau avec les
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