Le tombeau d'Alexandre
auparavant et il était là, à la clinique de Charm. Il respira profondément pour se calmer avant de frapper à la porte de sa chambre.
Nessim était entré dans l’armée égyptienne à l’âge de dix-sept ans. Il était devenu parachutiste et faisait partie de l’élite. Mais une entorse au genou avait mis fin à son rêve de faire carrière dans le service actif. Il avait donc quitté l’armée pour devenir mercenaire dans les incessantes guerres africaines. Un obus de mortier lui avait alors atterri sur la cuisse, sans toutefois exploser. Cette fois, cette aventure l’avait convaincu qu’il était temps pour lui de ralentir le rythme. De retour en Égypte, il s’était fait un nom en tant que garde du corps, raison pour laquelle Hassan al-Assyuti avait voulu le recruter comme chef de la sécurité. S’il avait été peureux, il n’aurait jamais survécu à une vie comme celle-là. Pourtant, il y avait quelque chose chez Hassan qui lui faisait peur. Il n’aimait pas lui annoncer de mauvaises nouvelles.
— Entrez, marmonna Hassan.
Il avait la voix plus douce que d’habitude et un peu asthmatique. La mâchoire fêlée, il avait perdu une dent. De plus, il avait les côtes gravement contusionnées, ce qui rendait sa respiration douloureuse.
— Eh bien ? s’enquit-il.
— Vous voulez bien nous excuser ? demanda Nessim au médecin assis au chevet du blessé.
— Avec plaisir, répondit le médecin d’un ton un peu trop emphatique.
Nessim le regarda sortir et referma la porte derrière lui.
— On a la fille, annonça-t-il. Elle allait prendre un bus.
— Et Knox ?
— On a failli le coincer. À l’aéroport du Caire. Il a filé.
— Failli ? Beau travail...
— Je suis désolé, monsieur.
Hassan ferma les yeux. De toute évidence, crier aurait été trop douloureux.
— Et vous vous prétendez chef de la sécurité ? Regardez-moi ! Vous laissez l’homme qui m’a fait ça se promener dans toute l’Égypte comme un simple vacancier ?
— Vous aurez ma démission dès que...
— Je ne veux pas de votre démission ! Je veux Knox. Amenez-le-moi ici, compris ? Ramenez-le-moi. Je veux qu’il me voie en face. Je veux qu’il sache ce qu’il a fait et le prix qu’il va payer pour ça.
— Oui, monsieur.
— Peu importent les moyens. Je me fiche de ce que ça me coûtera. Mettez tout le monde sur le coup. L’armée. La police. Tout ce que vous voudrez. Suis-je assez clair ?
— Oui, monsieur.
— Alors qu’est-ce que vous faites encore là ?
— Sauf votre respect, monsieur, il y a différentes façons de le retrouver. La première, que vous suggérez à juste titre, consiste à utiliser vos contacts dans la police et dans l’armée.
Hassan plissa les yeux. Malgré son emportement, c’était un homme rusé.
— Mais ?
— Nous n’avons pas eu de difficultés à obtenir leur concours la nuit dernière. Nous leur avons simplement dit que Knox avait provoqué un incident grave sur un bateau mais que nous n’en savions pas plus. Cela dit, si nous voulons qu’ils continuent à collaborer avec nous, il va falloir leur fournir des preuves de cet incident.
Hassan regarda Nessim d’un air incrédule.
— Et vous trouvez que ce qu’il m’a fait ne constitue pas une preuve suffisante ?
— Bien sûr que si, monsieur.
— Alors, où voulez-vous en venir ?
— Jusqu’à présent, seules des rumeurs circulent. J’ai sélectionné moi-même les membres de votre équipe médicale. Ils ne parleront pas. J’ai posté mes hommes à votre porte. Personne ne peut entrer sans mon autorisation. Mais si nous impliquons la police, elle voudra mener sa propre enquête. Elle viendra vous interroger, prendre des photos de vous et contactera les autres personnes présentes sur le bateau, y compris votre ami de Stuttgart et la fille. Vous devez vous demander si cela va vraiment vous aider et quelles seront les conséquences pour votre réputation lorsque des photos de vos blessures paraîtront dans les journaux avec un article expliquant pourquoi elles vous ont été infligées, ce qui pourrait arriver, car nous savons tous les deux que vous avez autant d’ennemis que d’amis dans la police. Songez aussi au coup qui sera porté à votre autorité lorsqu’on apprendra qu’un simple moniteur de plongée vous a passé à tabac et qu’il a réussi à s’échapper, même un court moment.
Hassan fronça les sourcils et hocha la tête. Il était conscient
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