Le tombeau d'Alexandre
bénéficier d’un accès illimité.
— Mais ce n’est pas...
— Ce sont ses conditions. Vous les acceptez, oui ou non ?
Ibrahim regarda Mohammed, qui se tordait anxieusement les mains en attendant le verdict.
— Oui, soupira Ibrahim.
— Bien. Je vais en informer monsieur Dragoumis.
Ibrahim se tourna vers Mohammed et hocha la tête. L’homme corpulent ferma les yeux et se détendit d’un seul coup. Puis il se dirigea d’un pas incertain vers son bureau, sans doute pour passer quelques appels personnels.
— Alors, c’est bon ? demanda Mansoor, qui avait rejoint Ibrahim.
— Oui.
— Fouille destructrice ou non destructrice ?
C’était une bonne question. Dans deux semaines, si le groupe hôtelier avait gain de cause, des tonnes de décombres seraient déversées dans la cage d’escalier comme dans un vulgaire site d’enfouissement de déchets. L’ouverture serait condamnée, un parking serait bâti à la surface et personne n’aurait plus jamais accès à la nécropole. Dans ce cas, il faudrait que les archéologues retirent tout ce qui avait de la valeur, les sarcophages, les portes, le bouclier, et qu’ils découpent les sculptures dans les murs et la mosaïque dans le sol de la rotonde. C’était tout à fait possible, mais cela demanderait du temps et du savoir faire, ainsi qu’un matériel adéquat. Ils devraient s’organiser dès maintenant. D’un autre côté, Alexandrie manquait cruellement de sites historiques, notamment du début de l’époque ptolémaïque. Si Ibrahim parvenait à négocier un accès permanent à la cage d’escalier avec le groupe hôtelier, la nécropole constituerait un atout appréciable d’un point de vue touristique, mais seulement si la mosaïque, toutes les sculptures et les principaux artefacts restaient sur place. Par conséquent, tous ces éléments devraient être protégés pendant la fouille.
— Non destructrice, finit par répondre Ibrahim. Je vais parler aux responsables de l’hôtel. Peut-être comprendront-ils l’intérêt d’avoir un site ancien sur leur propriété.
— Et peut-être mettront-ils des suites à notre disposition par pure bonté d’âme, ricana Mansoor.
— Oui, bon. Je vais essayer de négocier. Mais vous pouvez vous charger de cette fouille, n’est-ce pas ?
— Ça ne va pas être facile. Chatby peut attendre, il n’y a pas d’urgence. Nous pouvons transférer l’équipe, le groupe électrogène et l’éclairage. Mais nous aurons besoin de main-d’œuvre supplémentaire.
— Contactez qui vous voulez. Vous avez le budget nécessaire.
— D’accord, mais qui dit grande équipe dit ventilation ; et je ne veux pas qu’on remonte les artefacts par l’escalier, c’est le meilleur moyen de provoquer des accidents. Nous devrons installer un monte-charge au-dessus de la cage d’escalier. Et Augustin voudra une pompe, à coup sûr. Et il nous faudra beaucoup d’autres choses, vous en êtes conscient ? Nous aurons besoin de spécialistes pour analyser tout ce que nous remonterons. Il y a mille cinq cents loculi à vider, peut-être plus. Cela signifie que six à sept mille dépouilles humaines, ou ce qu’il en reste, vont arriver au musée ou à l’université d’ici à quinze jours.
Mansoor claqua des doigts.
— Nos deux semaines vont passer comme ça ! conclut-il.
Ibrahim sourit, car Mansoor aimait monter les problèmes en épingle pour avoir la satisfaction de les résoudre.
— Vous feriez mieux de commencer maintenant, alors, lui conseilla-t-il.
VII
Akylos !
Nicolas n’arrivait pas à y croire. Et pourtant, en même temps, il n’était pas surpris. Ce qui était écrit était écrit. Et le retour de la grandeur macédonienne était écrit, et pas seulement dans le livre de Daniel.
— C’était quoi, ce coup de fil ? cria Julia Melas pour couvrir le rugissement du moteur de la Lamborghini Murciélago.
Cette journaliste en herbe d’un journal canadien interviewait Nicolas et son père pour une chronique sur la Macédoine. Il y avait une grande communauté d’expatriés au Canada, source non négligeable de soutien moral et financier. De plus, Julia n’était pas vilaine à regarder. Peut-être que si les choses tournaient bien...
— Le groupe Dragoumis sponsorise la recherche historique dans le monde entier, répondit Nicolas. La vérité ne se cantonne pas à un seul pays, vous savez.
Il freina pour tourner en direction des collines. Poussé par la
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