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Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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de fierté envahit la poitrine de Nicolas.
    Philippe se redressa et planta ses yeux noirs totalement impassibles dans ceux de son fils. Un roi impudent , en effet.
    — Oui ?
    — Vous aviez raison, père. Ils ont trouvé Akylos.
    N’y tenant plus, Nicolas laissa déborder son enthousiasme.
    — Cette fois, nous y sommes ! s’exclama-t-il.

Chapitre 8
     
    I
    Un camion bleu déboîta juste en face d’Elena pour doubler une camionnette verte plus lente que lui. De retour à son chantier dans le Delta, Elena pila nerveusement et klaxonna jusqu’à ce qu’il se rabatte. Puis elle baissa sa vitre et montra le poing au conducteur abasourdi, en lui hurlant quelques expressions fleuries en arabe pour lui dire sa façon de penser.
    Elle était d’une humeur massacrante, d’une part, parce qu’elle avait eu une conversation avec Nicolas et, d’autre part, à cause de ce Français impertinent. À eux deux, ils avaient remué le souvenir de son défunt mari, Pavlos. Et elle détestait ça car, à chaque fois, elle éprouvait la douleur de l’avoir perdu.
    Lorsqu’elle avait rencontré Pavlos, elle le connaissait depuis longtemps. Elle avait été à la fois exaspérée et amusée par le ton, la fougue et l’esprit de ses articles, qui tournaient le nationalisme macédonien en ridicule. Elle avait été intriguée, aussi, par les rumeurs selon lesquelles les femmes se jetaient à ses pieds. C’était une femme fière et indépendante et, comme tant de femmes de son genre, elle mourait d’envie de tomber amoureuse. Ils avaient fini par se rencontrer à l’occasion d’un débat à la radio, à Thessalonique. Il avait eu l’art de la surprendre dès le départ. Elle l’avait imaginé vif, insolent, chic, convaincant. Mais il s’était avéré complètement différent. S’il n’était pas véritablement arrogant, il avait une confiance en lui remarquable. Dès la première poignée de main, elle avait été sous le charme. Pendant toute l’émission, il avait eu une façon troublante de la regarder, comme si elle était totalement mise à nu, comme s’il comprenait tout ce qu’elle disait et savait même lire entre les lignes. Il l’avait regardée comme un film qu’il avait déjà vu.
    Il avait gardé l’avantage tout au long du débat, démonté ses meilleurs arguments avec humour et profité inlassablement de ses points faibles. Jamais elle n’avait été disséquée de la sorte, comme un cadavre dans un cours d’anatomie. Déconcertée, elle avait essayé de reprendre le dessus en citant une remarque de Keramopoullos concernant le style idiosyncrasique des céramiques macédoniennes, avant de se souvenir que c’était en réalité Kallipolitis qui l’avait faite. Elle avait alors levé les yeux craintivement vers Pavlos, qui l’avait regardée avec un grand sourire. Pendant un instant cruel, sa réputation avait été entre ses mains. Et cet instant  – celui pendant lequel elle avait été à sa merci  – avait changé sa vie.
    Deux jours après le débat, elle avait erré dans son musée de salle en salle, sans s’arrêter, les bras croisés comme un toxicomane en manque. A chaque fois qu’elle avait essayé de travailler, un besoin maladif comparable à la faim l’en avait empêchée. Elle n’appelait jamais les hommes, mais elle avait appelé Pavlos. Craignant qu’il ne se moque d’elle, elle s’était présentée avec brusquerie avant d’admettre qu’il avait soulevé des questions intéressantes lors du débat. Il l’avait remerciée. Et elle s’était dégonflée. Le téléphone contre la joue, elle aurait voulu dire quelque chose d’intelligent ou de blessant, mais elle n’avait pas trouvé quoi. Et puis il l’avait invitée à dîner. Elle aurait pu pleurer de joie.
    Comment ça s’était passé entre eux ? C’était arrivé, sans qu’elle se souvienne des détails, comme si l’intensité de son amour avait été trop grande pour sa mémoire, comme si, pour elle, la mémoire avait été une fonction de la conscience de soi. Mais elle se souvenait du plaisir de ce moment. Aujourd’hui encore, il lui arrivait d’éprouver une pointe de volupté lorsqu’elle apercevait un sosie de Pavlos dans la rue, lorsqu’elle sentait la fumée de sa marque de cigarettes sur un passant ou quand un homme la regardait avec la même arrogance que lui, comme l’avait fait ce maudit Français avec la certitude de pouvoir la mettre dans son lit quand il lui plairait.
    La mort de

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