Le tombeau d'Alexandre
t’aider. Et puis, comment on découvrirait qui tu es ? Je n’ai pas l’intention de parler de toi.
— Quelqu’un pourrait me reconnaître.
— Je ne crois pas. Ibrahim, bien sûr, mais il est sympa, il n’irait pas plus loin. De toute façon, il ne va plus jamais sur le terrain. Il pourrait salir son costume. À part lui, il n’y a personne que tu connaisses. Et ce sont tous des amis, excepté cette splendide Grecque arrogante, Elena, et sa...
— Elena ? demanda Knox interloqué. Elena Koloktronis ?
Augustin resta interdit.
— Tu la connais ?
— Non, se moqua Knox. C’est un coup de chance.
— Où l’as-tu rencontrée ?
— Tu te souviens de ce qui est arrivé à mes parents et à ma sœur ?
— Bien sûr, pourquoi ? Elle a quelque chose à voir là-dedans ?
— C’était son mari qui conduisait.
— Ah... Et il... ? Il est aussi... ?
— Oui.
— Je suis désolé pour vous deux, mais ça ne change rien. Elle ne sera pas là demain.
— Tu en es sûr ?
— Elle dirige un chantier de fouilles dans le Delta. Elle est juste venue aujourd’hui pour présenter sa photographe : Gaëlle Dumas, une Française. Tu la connais ?
— Non.
— Alors tout va bien ! s’exclama Augustin en levant sa bouteille de bière pour trinquer. Je ne vois pas ce qu’on risque.
Chapitre 9
I
Augustin avait raison. Ils étaient arrivés au site les doigts dans le nez. Et il avait également eu raison de vouloir emmener Knox, dont l’excitation était à son comble. Cela faisait trop longtemps que celui-ci n’avait pas participé à une fouille. Bien trop longtemps. Le simple fait d’être sur le terrain le réjouissait. Les bruits, les odeurs, les plaisanteries. ... Tout en haut, un groupe électrogène alimentait un treuil qui remontait un flot presque incessant de paniers en cuir, remplis de décombres destinés à être passés au crible à la lumière du jour. Leur contenu serait ensuite envoyé au musée ou servirait de remblai. Des lampes et des ventilateurs, reliés par des mètres et des mètres de rallonges blanches, avaient été disposés dans toute la nécropole. Des fouilleurs munis d’un masque et de gants blancs, répartis dans les différentes salles, retiraient avec précaution les artefacts et les restes humains, à genoux dans l’espace confiné des tombes.
Augustin avait apporté tout le matériel de plongée avant de passer chercher Knox. Ils se hâtèrent de descendre jusqu’à la nappe phréatique et enfilèrent leur équipement. Ils prirent le temps de vérifier mutuellement leurs systèmes. Quand on plongeait aussi souvent qu’eux, on était parfois tenté de bâcler cette étape. Mais dans un labyrinthe clos comme celui-ci, si les choses tournaient mal, on ne pouvait pas se débarrasser de sa ceinture de lest et nager vers la surface. Il n’y avait pas de surface.
Augustin tenait une corde en nylon. Il était prudent, dans ce genre d’environnement, de s’inspirer de l’astuce de Thésée. Mais il n’y avait aucun endroit où la fixer.
— Reste là, dit Augustin.
Quelques minutes plus tard, il revint avec un panier en cuir chargé de décombres, autour duquel il noua la corde orange avant de tirer plusieurs coups secs. Puis Knox et lui s’attachèrent l’un à l’autre à l’aide d’un filin de sécurité, allumèrent leur lampe et descendirent dans l’eau. Tandis qu’Augustin déroulait la corde derrière lui, ils avancèrent sans palmes, lestés pour marcher au fond. Avec cette méthode, ils soulevaient davantage de sédiments mais gardaient mieux leurs repères. Ils trouvèrent presque immédiatement l’entrée d’une salle, dont la plupart des loculi étaient encore fermés. La lampe d’Augustin éclaira un portrait saisissant. C’était un homme aux yeux immenses, qui semblait les regarder. Augustin fouilla la pierre à l’aide de son canif et en sortit une lampe funéraire en bronze, qu’il mit dans son étui.
Ils explorèrent trois autres chambres. La galerie serpentait d’un côté puis de l’autre. Soudain, la corde s’accrocha à quelque chose. Augustin tira pour la dégager. L’eau était de plus en plus opaque. Parfois, les sédiments tourbillonnaient à tel point qu’ils se voyaient à peine. Knox vérifia sa réserve d’air. Cent trente bars. Ils avaient décidé de garder le dernier tiers en guise de réserve de secours. Il montra son baromètre à son partenaire. Augustin pointa le doigt vers la
Weitere Kostenlose Bücher