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Le tombeau d'Alexandre

Le tombeau d'Alexandre

Titel: Le tombeau d'Alexandre Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Will Adams
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Pavlos l’avait anéantie. Comment en aurait-il été autrement ? Elle ne s’en était toujours pas remise. Elle ne s’en remettrait jamais. La douleur n’était pas comme elle l’avait imaginée, pas plus que l’amour. Elle se l’était représentée comme une forte houle qui emportait ses victimes dans un monde de détresse pour les redéposer ensuite là où elle les avait happées. Mais elle s’était trompée. La douleur avait changé la nature même de son être, aussi fondamentalement que le carbone soufflé altérait un lingot de fonte en fusion.
    Oui, la métaphore lui semblait appropriée. La douleur l’avait rendue dure comme de l’acier.
     
    II
    Nessim s’arrêta pour acheter un paquet de cigarettes à un vendeur et une femme jeta l’enveloppe en kraft dans la Saab par la vitre arrière. Il redémarra dans un nuage de poussière et retourna au parking souterrain de son hôtel.
    Il remonta dans sa chambre pour ouvrir l’enveloppe, trop mince à son goût, bien qu’il n’eût pas pensé que Knox ait pu être fiché. Il feuilleta le dossier. Les caractères étaient à peine lisibles à force d’avoir été photocopiés et les photos, presque entièrement noires.
    Il comprit rapidement que le service de la Sécurité ne s’était pas vraiment intéressé à Knox. Les documents faisaient essentiellement référence à un certain Richard Mitchell, avec qui Knox avait travaillé pendant plusieurs années. Apparemment, ce Mitchell avait été un peu trop bavard : il avait accusé le secrétaire général du CSA de vendre des papyrus au marché noir, un acte imprudent qui avait entraîné son exclusion de la communauté égyptologique et un rejet de toute demande ultérieure d’autorisation de fouilles.
    Cela expliquait ce que Knox faisait à Charm. Il tuait le temps en attendant que les choses se tassent en rêvant de trouver un trésor sur le lit marin. Mais ces informations n’étaient d’aucune utilité pour retrouver sa trace. En revanche, la dernière page du dossier n’était pas inintéressante. C’était une liste de tous les amis et associés connus de Knox, avec leurs adresses.
     
    III
    Nur attendait Mohammed à la porte. Elle avait la mine défaite, ce qui signifiait que Leila avait passé une mauvaise journée.
    — Tu es superbe, lui dit Mohammed en l’embrassant sur la joue et en lui tendant un petit bouquet de fleurs défraîchies.
    — Nous ne pouvons pas nous permettre ces fleurs, protesta-t-elle les larmes aux yeux.
    — C’est un cadeau, de la part de Sharif.
    Il regarda derrière elle, dans le couloir, en direction de la chambre de Leila.
    — Est-elle réveillée ? demanda-t-il.
    — Oui, mais elle est fatiguée.
    — Je ne resterai pas longtemps.
    Il frappa doucement à la porte de sa fille et entra. Leila sourit en le voyant. Il s’agenouilla à côté de son lit, mit la main dans sa poche et en retira une reine noire qu’il avait sculptée et vernie. Il aimait tailler des objets au couteau. Pendant les rares pauses qu’il prenait sur le site, il lui arrivait de chercher des chutes de bois assez tendres pour son couteau à linoléum. C’était une bonne thérapie. Quand on ne peut rien faire pour guérir son enfant, on peut au moins essayer de lui faire plaisir.
    Leila ouvrit de grands yeux émerveillés. Elle prit la statuette en acajou verni, la lécha du bout de la langue et la serra contre son cœur comme une poupée. Curieusement, elle s’était détournée de ses poupées depuis qu’elle avait appris sa maladie. Même les bonbons ne lui faisaient plus envie. C’était comme si sa vie était devenue trop sérieuse pour des distractions d’enfants.
    — Tu me lis une histoire, ce soir ? demanda-t-elle.
    — Bien sûr.
    Elle se pelotonna d’un air ravi. Mohammed avait contacté toutes les personnes que Nur et lui connaissaient pour leur demander de faire les tests. Cela lui avait fait du bien. Il avait eu le sentiment de faire quelque chose, d’être utile. Mais maintenant, il dépendait de nouveau du bon vouloir d’autrui. Il attendait. Et l’attente était une épreuve terrible pour un père.
    Lorsqu’il sortit de la chambre, il était découragé. Nur se mordit les lèvres mais ne put retenir ses larmes. Elle passait sa vie à pleurer, se tarissait de l’intérieur. Mohammed la prit dans ses bras et la serra fort contre lui. Parfois, au bord du désespoir, il avait presque envie d’en finir avec la vie pour que tout cela

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