Le tombeau d'Alexandre
insistait, mais Augustin n’en démordait pas. Il décida de lui faire confiance. Ils nagèrent côte à côte en se heurtant mutuellement, en se donnant des coups de pied, en s’égratignant contre les parois. Arrivé au bout de sa réserve d’air, Knox se mit à avoir des spasmes, les poumons presque vides. Augustin le tira vers le haut le long de l’escalier et il émergea enfin à l’air libre en crachant son détendeur pour respirer goulûment. Allongés l’un à côté de l’autre, les deux hommes sentaient leur poitrine se soulever comme un soufflet.
Augustin tourna la tête vers Knox, une étincelle dans le regard, comme s’il pensait à quelque chose de drôle mais n’avait pas encore la force de le dire.
— Il y a les plongeurs qui sondent les eaux et ceux qui font de vieux os, dit-il enfin en haletant.
Knox éclata d’un rire qui lui fit mal aux poumons.
— Je crois que tu devrais essayer d’avoir une pompe.
— Tu as raison. Et pas un mot sur ce qui vient de se passer, d’accord ? Pas pendant au moins un an ou deux, en tout cas. Je suis censé être un pro.
— Pas de problème.
Knox se releva péniblement, déboucla son gilet stabilisateur et le laissa tomber avec sa bouteille vide sur le sol de pierre.
— Regarde ! s’écria Augustin. Le panier a disparu !
Knox fronça les sourcils avec angoisse. Soulagé de s’en être sorti indemne, il avait oublié ce qui avait provoqué l’incident au départ.
— Qu’est-ce que ça veut dire ?
Il s’accroupit à l’endroit où le panier se trouvait. Il avait pensé que le nœud d’Augustin s’était tout simplement défait.
— Tu ne crois quand même pas que c’est Hassan qui a fait ça ? demanda-t-il à son ami.
— Non, répondit Augustin avec l’air de trouver cette possibilité tirée par les cheveux. Je crois que c’est beaucoup plus simple ça.
— C’est-à-dire ?
— C’était un panier rempli de décombres. Or, quelle est la priorité numéro un de Mansoor ?
— Extraire les décombres, convint Knox avec soulagement.
— On a eu beaucoup de chance, mon pote !
Des bruits de pas discrets résonnèrent dans la galerie. Une jeune femme aux cheveux bruns, élancée et séduisante, sortit de l’ombre, un appareil photo numérique suspendu autour du cou par une bretelle rouge et noire.
— Beaucoup de chance ? Vous avez trouvé quelque chose ?
Augustin se releva d’un bond et se précipita pour s’interposer entre elle et Knox.
— Regarde ! s’exclama-t-il en sortant sa lampe funéraire. Des salles et des salles de loculi fermés !
— Génial !
Elle regarda derrière lui pour saluer Knox.
— Moi, c’est Gaëlle, dit-elle.
Knox n’avait pas d’autre choix que de se présenter à son tour.
— Mark.
— Enchantée, Mark.
— Moi de même.
— Comment ça va, la photo ? demanda Augustin à Gaëlle en lui effleurant l’épaule.
— Bien, répondit-elle. Mansoor a apporté tout le matériel d’éclairage du musée pour que je puisse photographier l’antichambre, mais je ne peux pas y rester longtemps, il fait trop chaud. C’est à cause du plâtre. Il ne faut pas qu’il craquelle.
— Non, en effet. Je crois que tu es toute seule ici. Peut-être qu’on pourrait dîner ensemble un de ces soirs ? Je pourrais te montrer l’ancienne Alexandrie.
— Ça serait super ! s’écria Gaëlle, dont le regard s’éclaira immédiatement.
Elle eut l’air si enthousiaste qu’elle rougit et se sentit obligée de s’expliquer.
— C’est juste qu’à mon hôtel, on ne peut pas manger sur place et ils n’aiment pas que les clients montent de la nourriture dans les chambres. Et je déteste manger seule au restaurant. J’ai l’impression que tout le monde me regarde.
— Pourquoi on ne te regarderait pas ? Une belle fille comme toi. Tu es à quel hôtel ?
— Au Vicomte.
— Dans ce taudis ! Mais pourquoi ?
Gaëlle haussa les épaules d’un air penaud.
— J’ai demandé au chauffeur de taxi de m’emmener à un hôtel central et pas cher.
— Il t’a prise au mot ! dit Augustin en riant. A ce soir, alors. Huit heures, ça te va ? Je viendrai te chercher.
— Super !
Elle regarda Knox, resté dans l’ombre.
— Tu viens aussi, non ? lui demanda-t-elle.
— Je crois que ça ne va pas être possible.
— Oh...
Apparemment gênée, elle eut une drôle d’expression sur le visage.
— Bon, dit-elle. À plus tard, alors.
Et elle
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