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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Avant son départ, il avait détruit tout ce qui pouvait rappeler sa présence, puis avait disparu. Il n’était onc revenu. Sa fuite, confiait le prieur, avait été aussi subite et soudaine qu’un orage d’été. Jusqu’à ce moment, il avait été un véritable flambeau : un grand érudit doué pour l’étude, très apprécié de ses frères, un moine obéissant qui observait en tout point la règle de Saint-Benoît. Quant à son apparence, il était mince, de taille moyenne, avec une physionomie avenante et des manières courtoises. Le prieur n’avait découvert qu’une chose : frère Hubert avait reçu un mystérieux visiteur vers la Pentecôte. Après le départ de ce dernier, frère Hubert s’était retiré dans sa cellule en se disant malade ; trois jours plus tard, il était parti. Des rumeurs avaient filtré : elles prétendaient que frère Hubert avait non seulement renoncé à ses voeux, mais aussi à l’amour de Dieu, et qu’il était devenu venator hominum – chasseur d’hommes –, mais là-dessus le signataire ne pouvait faire nul commentaire.
    Corbett posa les deux lettres en entendant un coup à la porte et Ranulf qui l’appelait. Il tourna la clé, déverrouilla l’huis et son ami entra, chargé d’un nouveau gobelet de posset enveloppé dans un linge. Sans qu’on l’y invite, il s’assit sur une sellette.
    — Chanson s’est endormi, Messire, et vous devriez en faire autant.
    Le magistrat prit le gobelet, s’installa sur le bord de son lit et but sans se hâter. Il voulait dormir du sommeil du juste, sans rêves, illusions ou cauchemars terrifiants provoqués par un excès de vin. Il fixa les froides dalles grises et frissonna en sentant un méchant courant d’air qui, s’infiltrant comme un démon sous la porte, lui picotait la peau.
    — Messire ?
    Le magistrat leva les yeux.
    — Quelles conclusions tirez-vous de tout ceci ?
    Corbett se mit à rire :
    — Des conclusions ? Eh bien, Ranulf, pas la moindre.
    Il sirota une autre gorgée de vin, posa la coupe entre ses pieds chaussés de housseaux et se pencha en avant, les mains croisées.
    — Ranulf, as-tu eu des nouvelles de Lady Constance ?
    Le clerc rougit en entendant mentionner la fille du capitaine du château de Corfe. Il l’avait rencontrée juste quelques semaines auparavant alors que lui et Corbett traitaient une affaire pour le roi dans l’Ouest.
    — Oh, pas encore, Messire ! Mais notre tâche actuelle ?
    — Je parle de la tâche actuelle parce que tu es bien décidé à obtenir de l’avancement dans le service royal ou, si tu en décides ainsi, à entrer dans l’Église en tant que prêtre, mais un prêtre éperonné par une grande ambition. N’est-ce pas vrai, Ranulf ?
    Son compagnon remua les pieds, s’essuya les mains sur ses chausses, mais soutint son regard. Il en avait souvent discuté avec « Maître Longue Figure ». Ranulf était déterminé à faire carrière. Il avait étudié tous les ouvrages que lui avait prêtés Corbett et observé les méthodes du magistrat avec autant d’attention et d’avidité qu’un chat affamé épiant un trou de souris.
    — Une des choses que je t’ai apprises, déclara Corbett en levant les mains comme s’il priait, c’est de ne jamais porter de jugement avant d’avoir rassemblé tous les faits, tout ce que tu peux. Ranulf, ici nous avons affaire au crime, au meurtre d’un être humain par un autre être humain, à un massacre illégitime. Tu peux être certain de ceci : le meurtre est le fruit d’une plante ignoble et maléfique. Pourtant, n’oublie pas que c’en est toujours le fruit, le bouton gâté, et non la racine. Pense à un arbrisseau poussant au bord d’une eau noire, envahie d’herbes et pleine de cônes pourrissants et de feuilles mortes. Sur cet arbrisseau mûrit un champignon, gros et rebondi comme un coussin. Tu n’aimes pas la campagne, Ranulf, mais tu as dû voir de tels spectacles : c’est à ça que ressemble le meurtre, à un arbrisseau décomposé nourri de haine, de colère et de ressentiment. C’est cela que nous devons affronter. D’un côté il y a cette pauvre famille massacrée à Maubisson. Pourquoi ? Comment ? Nous avons aussi Decontet, le crâne fendu comme un cruchon de vin. Nous avons découvert quelques fruits du meurtre : les dépouilles, la haine, la division. Mais, dans le cas qui nous occupe, les racines descendent plus profond : Blackstock, le pirate, faisant la guerre en mer et

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