Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
La main libre de Corbett se posa sur sa dague quand la forme sombre s’approcha, mais ce n’était qu’un mendiant, le visage gris et tremblant de froid, qui le fixa de ses yeux chassieux et réclama en geignant une pièce que le clerc lui lança. Corbett regarda le vagabond s’éloigner puis reprit son chemin.
    L’austère clocher de St Pancrace surgit enfin au-dessus des arbres. Corbett se détendit en sentant la fumée d’un feu de bois et d’alléchants effluves de viande mêlés à l’âcre odeur des chevaux et du foin. Il traversa une petite passerelle, remonta la sentine et, poussant une grille branlante, entra dans le cimetière. L’église n’était guère qu’un vieux bâtiment ressemblant à une grange sous un toit pentu très détérioré, et flanqué d’une disgracieuse tour trapue. Des planches avaient été clouées aux fenêtres en ogive et sur la porte du porche. Corbett fit le tour de l’édifice et soupira de soulagement. Les Joyeux étaient déjà réveillés. Leurs chariots bâchés aux couleurs vives étaient rangés en file devant l’ancien presbytère. La barrière qui l’entourait était en ruine, son toit de chaume affaissé, et porte et volets pendaient sur leurs gonds. Les voyageurs avaient allumé des feux ; des femmes préparaient de petits chaudrons de bouillie d’avoine ou déposaient des tranches de viande salée sur des grils improvisés. Un homme surgit de derrière une charrette, flèche encochée à son arc. Corbett déposa son arbalète et leva les deux mains en signe de paix ; la lumière était chiche et il ne voulait commettre aucune erreur.
    — Salut, cria-t-il, salut aux Joyeux ! Je cherche Vive-la-joie.
    — Sir Hugh !
    Vive-la-joie, capuchon repoussé, sortit du presbytère en ordonnant à l’archer de ne pas faire le sot, et il fit signe à Corbett d’avancer.

 
    CHAPITRE VII
    Hominum que contente mundique hujus et cupido.
    La lutte de l’homme avec l’homme et la cupidité du monde.
    Poème médiéval
    Le clerc pénétra dans la petite salle du presbytère. Elle était propre et le plancher avait été récuré ; un maigre feu pétillait dans l’âtre et de la paille noircie bouchait les étroites fenêtres. Vive-la-joie pria la femme qui s’affairait devant la cheminée et les enfants accrochés à sa robe de les laisser. Il invita Corbett à s’asseoir sur un tabouret près du feu et s’accroupit à ses côtés, le dos tourné au foyer, comme s’ils étaient de vieux camarades, ce qui en fait était le cas. Le magistrat attendit que tout le monde soit sorti puis tendit la main droite. Un sourire fendit le visage gercé par le vent de Robert Ormesby, jadis clerc, et, à l’heure actuelle, Vive-la-joie chez les Joyeux. Ranulf, pas plus que le roi, ne savait qu’Ormesby était un espion de Corbett. Ce dernier payait sur ses propres fonds les renseignements que Vive-la-joie et sa troupe rassemblaient en vagabondant à travers les villes et les villages prospères de l’est et du sud du royaume.
    — Pur hasard, murmura le Joyeux, que de vous avoir rencontré à Harbledown Hill.
    Il eut un sourire contraint.
    — Dès que j’ai ouï parler de trois cavaliers conduits par un clerc royal, j’ai deviné de qui il s’agissait.
    Il montra l’endroit d’un geste circulaire.
    — Je vous remercie pour notre logement.
    Corbett se pencha vers le feu.
    — Comment allez-vous ?
    — Je fais encore des rêves, des cauchemars, grommela Ormesby en évitant de regarder le magistrat.
    — À propos de Stirling ?
    Vive-la-joie détourna les yeux, le souffle court, essayant d’effacer de son esprit cette fatale bataille qui s’était déroulée six ans auparavant quand Wallace, le chef écossais, avait tendu une embuscade à l’avant-garde anglaise au pont de Stirling.
    — Je les vois toujours, murmura-t-il, les Écossais, une horde d’hommes hérissés de pointes d’acier comme un énorme et malveillant hérisson avançant vers nous, j’entends résonner les cornes, s’élever les cris de guerre. Et Cressingham, ce stupide bâtard !
    Corbett se contentait de fixer les flammes. Il avait perdu d’autres amis, des clercs en cotte de mailles, dans ce désastre où Hugh de Cressingham, chevalier du Cygne et trésorier d’Édouard en Écosse, voulant à tout prix que ses troupes avancent sans délai, était passé par le pont de Stirling et tombé tout droit dans le piège de Wallace. Pour des hommes comme Vive-la-joie, la seule

Weitere Kostenlose Bücher