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Le tresor de l'indomptable

Le tresor de l'indomptable

Titel: Le tresor de l'indomptable Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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avoir jadis un beau jardin ; malgré la neige, la glace et les rafales de vent mordant, Corbett pouvait encore distinguer les contours des pelouses, des tonnelles, des banquettes d’herbe, d’une fontaine brisée, d’un pavillon en ruine et de treillis effondrés. Il entendit du bruit derrière lui et sentit le parfum de Lady Adelicia.
    — Le soir où vous avez vu Sir Rauf transportant ce que vous pensez être un cadavre, où allait-il ?
    Corbett se retourna. La jeune femme se tenait sur le seuil, le visage emmitouflé pour se protéger du froid. Elle désigna un bosquet de vieux pommiers à cidre. Le magistrat y emmena les autres. Les arbres étaient serrés, pourtant, entre eux et le mur, s’étendait un étroit espace. Des broussailles enchevêtrées l’obstruaient, mais Corbett remarqua une surface d’environ trois pieds de long sur autant de large qui était éclaircie comme si on l’avait récemment désherbée. Il commanda aux gardes, qui s’étaient munis de pics et de pioches, de creuser, négligeant les objections du maire qui faisait observer que la terre serait dure comme du fer.
    — Il se peut, commenta Corbett avec un petit sourire, mais ce ne pourrait être qu’une tombe superficielle. Sir Rauf était un vieil homme et il n’aurait pas excavé très profond. Il n’aurait onc pensé que quelqu’un viendrait en ce jardin pour chercher ce qu’il y avait caché. De plus – d’un geste il engloba les environs –, cette partie du verger est protégée par des arbres et des buissons ; le sol n’est peut-être pas très difficile à bêcher.
    Il fit signe aux gardes d’approcher.
    — Un demi-marc à vous partager, offrit-il, si, dans l’heure, nous mettons la main sur ce qui est enterré ici.
    Cela mit fin à toute protestation. Corbett revint dans la maison et ordonna que l’on enferme Lady Adelicia dans sa chambre. Puis il demanda à Ranulf de faire une fouille rapide de la cave au grenier et permit au père Warfeld et à Desroches de s’en aller à condition qu’ils reviennent avant le coucher du soleil.
    Au moment où ils partaient, les gardes arrivaient du Cerf couronné avec des tourtes, de la bière et deux plats couverts remplis de légumes. Chanson veilla à la distribution pendant que son maître retournait dans le cabinet de Sir Rauf, moins froid et mieux éclairé à présent. Il s’assit dans la chaire de cuir à haut dossier devant la table et tâta les rainures dans le bois des accoudoirs recouverts de cuir. Réprimant sa furieuse déception, il se mit à fureter dans les registres des quatre dernières années et exigea que Lechlade, qui empestait la bière et traînait les pieds, l’assiste. Dès qu’il eut commencé, le magistrat constata que la tâche était aisée. Decontet, pour avoir été un marchand, n’en était pas moins clerc jusqu’au bout des doigts. Les entrées des recueils, recettes et dépenses, pour chaque trimestre, étaient toutes notées avec soin. Corbett eut vite fait le tour des nombreuses et prospères affaires de Sir Rauf : moutons, laine, peaux et parchemins, vins de Gascogne, céréales, bois de construction et fourrures de la Baltique, ainsi que prêts à diverses personnes ou groupes, y compris le souverain et des courtisans en vue. Néanmoins, en dépit de sa fortune, Decontet se montrait fort ladre, même avec sa propre femme, à qui il ne remettait que de maigres sommes. Un relevé de débours, de l’argent envoyé par le biais de marchands de confiance à des individus anonymes dans les ports du Hainaut, des Flandres et du Brabant, retint l’attention de Corbett. Aucun justificatif n’était fourni, pas davantage pour le revenu généreux provenant de certains navires, «  a certis navibus  ». Corbett sourit in petto. Il avait travaillé bien des mois à l’Échiquier de la Recette à Westminster sous l’oeil d’aigle de Walter Langton, évêque de Coventry et Lichfield, trésorier d’Édouard I er  : dans maints registres de comptes saisis par la Couronne, il était tombé sur de semblables entrées. En réalité, Decontet, comme d’autres grands négociants à Londres et à Bristol, avait fait plus que patricoter un peu dans la piraterie. Il avait, en secret, financé des bateaux de guerre en échange d’un pourcentage sur leurs profits, ce que la Couronne faisait semblant d’ignorer. Castledene avait-il raison ? L’Indomptable avait-il été l’un des investissements de Decontet ? Après tout, Sir Rauf

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