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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Nuremberg est le seul témoignage oculaire que l'on possède de ce
qui suivit. Il faut lui reconnaître un accent de vérité.
    Hindenburg répondit qu'en raison de la situation tendue il
ne pouvait, en bonne conscience, prendre le risque de transférer le pouvoir du
gouvernement à un nouveau parti comme les nationaux-socialistes, qui n'avait
pas de majorité et qui était intolérant, bruyant et indiscipliné.
    Là-dessus Hindenburg, avec un certain agacement, fit
allusion à divers incidents récents : bagarres entre les nazis et la police,
actes de violence commis par les partisans d'Hitler contre ceux qui n'étaient
pas de leur avis, excès contre les Juifs et autres actes illégaux. Tous ces
incidents l'avaient renforcé dans sa conviction qu'il y avait dans le parti de
nombreux éléments indisciplinés et indisciplinables... Après une longue
discussion, Hindenburg proposa qu'Hitler se déclarât lui-même prêt à collaborer
avec les autres partis, notamment avec la droite et avec le centre, et qu'il
renonçât à cette exigence d'avoir les pleins pouvoirs. En coopérant avec les
autres partis, déclara Hindenburg, il pourrait montrer de quoi il était
capable. S'il obtenait des résultats positifs, il ne tarderait pas à acquérir
une influence croissante et même dominante, fût-ce dans un gouvernement de
coalition.
    Hindenburg précisa que ce serait également le meilleur
moyen de dissiper la crainte si répandue qu'un gouvernement national socialiste
ferait mauvais usage de son pouvoir, supprimerait tous les autres points de vue
et éliminerait peu à peu ses adversaires. Hindenburg déclara qu'il était prêt à
accepter Hitler et les représentants de son mouvement dans un gouvernement de
coalition, dont le dosage précis devait être discuté, mais qu'il ne pouvait
prendre la responsabilité de donner à Hitler seul un pouvoir exclusif...
Hitler, cependant, refusa vigoureusement de se mettre dans la situation de
négocier avec les chefs des autres partis pour former un gouvernement de
coalition.
    La discussion n'aboutit donc pas, mais le vieux président,
toujours debout, avait eu le temps de haranguer sévèrement le chef nazi. Selon
les termes du communiqué officiel publié aussitôt après, Hindenburg «
regrettait que Herr Hitler ne s'estimât pas en position de soutenir un
gouvernement national désigné avec la confiance du président du Reich, comme il
avait accepté de le faire avant les élections au Reichstag. Aux yeux du
vénérable président, Hitler n'avait pas tenu parole, mais qu'il se méfie de
l'avenir. Le président, continuait le communiqué, a exhorté Herr Hitler à
diriger de façon chevaleresque l'attitude du Parti national socialiste dans
l'opposition, et de ne pas oublier sa responsabilité envers l'Allemagne et le
peuple Allemand. »
    Le communiqué donnant la version Hindenburg de la rencontre et
précisant qu'Hitler avait exigé « le contrôle total de l'État » fut publié si
rapidement qu'il prit au dépourvu l'appareil de propagande de Gœbbels et qu'il
fit beaucoup de tort à la cause d'Hitler, non seulement dans l'opinion
publique, mais parmi les nazis eux-mêmes. Hitler eut beau répliquer qu'il
n'avait pas demandé « le pouvoir absolu », mais seulement la Chancellerie et
quelques ministères, on crut généralement les propos de Hindenburg.
    Cependant, les troupes d'assaut mobilisées s'énervaient. Hitler
convoqua leurs chefs et leur parla le soir même. « C'est une entreprise
difficile, nota Gœbbels. Qui sait si leurs formations peuvent tenir? Rien n'est
plus difficile que d'annoncer à des troupes grisées par la victoire qu'on vient
précisément de leur souffler la victoire des mains. » Tard cette nuit-là le
petit docteur chercha à se consoler en relisant les lettres de Frédéric Le
Grand. Le lendemain, il s'en alla prendre des vacances sur les plages de la
Baltique. « Un grand désespoir règne parmi les camarades du parti »,
écrivit-il. Il refusa de quitter sa chambre, même pour leur parler. « Je ne
veux plus entendre parler de politique pendant au moins une semaine. Je ne veux
que profiter du soleil, de la lumière, du grand air et du calme. »
    Hitler se retira dans l'Obersalzberg pour méditer sur les mêmes
problèmes et envisager l'avenir immédiat. Comme le disait Gœbbels, « on vient
de manquer la première belle occasion ». Hermann Rauschning,
alors chef nazi de Dantzig, trouva le Führer de fort
mauvaise humeur dans son nid d'aigle.

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