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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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d'impôts et de
contributions aux services sociaux.
    « Mes camarades de parti, exprimez-vous clairement sur un point
: il ne reste qu'une dernière, une ultime chance pour la paysannerie allemande
», déclara Hitler lorsqu'il prit son poste de chancelier, et, en octobre 1933,
il déclara que « la ruine du paysan allemand sera la ruine du peuple allemand
».
    Pendant des années, le Parti nazi s'était efforcé de gagner
l'appui des fermiers. Le point 17 de « l'inaltérable » programme du parti leur
promettait « une réforme agraire... une loi de confiscation des terres sans
compensation pour le bien commun; l'abolition des intérêts sur les prêts
agricoles et la prévention de toute spéculation sur les terrains ». Comme la
plupart des autres points du programme, les promesses faites aux fermiers ne
furent pas tenues, sauf celles qui visaient la spéculation sur les terrains. En
1938, après cinq ans de régime nazi, la distribution des terres demeurait plus
inégale que dans tout autre pays d'Europe occidentale. Les chiffres publiés
cette année-là dans la publication officielle Statistical YearBook montraient que les 2 500 000 exploitations agricoles les moins importantes
occupaient moins de terre que le 0,1 pour 100 des plus grandes exploitations.
La dictature nazie, comme les gouvernements socialistes bourgeois de la
République, n'osait pas démanteler les immenses domaines féodaux des junkers,
qui s'étendaient à l'est de l'Elbe.
    Le régime nazi inaugura pourtant un vaste programme agricole,
accompagné d'une propagande sentimentale à grand tam-tam, à propos du Blut
und Boden (Le Sang et le Sol) et proclamant que le paysan était le sel de
la terre et le principal espoir du Troisième Reich. Pour mener à bien ce
programme, Hitler désigna Walther Darré, un des rares leaders du parti qui,
tout en souscrivant à la plupart des mythes nazis, connaissait bien son
domaine. Remarquable spécialiste de l'agriculture, avec une bonne formation
universitaire, il avait travaillé dans les ministères de l'Agriculture de
Prusse et du Reich. Contraint de démissionner à cause de conflits avec ses
supérieurs, il s'était retiré en 1929 dans sa propriété de Rhénanie pour y
écrire un livre intitulé La Paysannerie, source de vie de la Race nordique .
Un pareil titre ne devait pas manquer d'attirer l'attention des nazis. Rudolf
Hess présenta Darré à Hitler, qui fut si fortement impressionné qu'il le
chargea de mettre au point un programme agricole pour le parti.
    Après la démission de Hugenberg en juin 1933, Darré devint
ministre du Ravitaillement et de l'Agriculture. En septembre, il avait terminé
ses plans de remise en état de l'agriculture allemande. Deux lois fondamentales
promulguées ce mois-là réorganisaient toute la structure de la production et
des marchés, en s'efforçant d'assurer aux fermiers des prix plus élevés et en
même temps de mettre le paysan allemand sur un nouveau pied : on y parvenait,
de façon assez paradoxale, en revenant à un très ancien état de choses où les
fermes étaient substituées, comme à l'époque féodale, et où le fermier et ses
héritiers successifs étaient obligatoirement attachés à leur lopin de terre (à
condition qu'ils fussent des Allemands aryens) jusqu'à la fin des temps.
    La loi de la ferme héréditaire du 29 septembre 1933 constituait
un étonnant mélange, repoussant les paysans à l'époque médiévale tout en les
protégeant contre les abus de l'âge monétaire moderne. Toutes les fermes
jusqu'à 125 hectares, qui étaient capables d'assurer une vie décente à une
famille, furent déclarées biens héréditaires soumises aux anciennes lois de la
Constitution. Elles ne pouvaient être vendues, divisées, hypothéquées ou
saisies pour dettes. A la mort du propriétaire, elles devaient passer au plus
vieux ou au plus jeune fils, selon les coutumes locales, ou au plus proche
parent mâle, qui était obligé d'assurer la subsistance et l'éducation de ses
frères et sœurs jusqu'à leur majorité.
    Seul, un Allemand aryen, capable de prouver la pureté de son
sang en remontant jusqu'à 1800, pouvait être propriétaire d'une telle
exploitation. Et seul un tel homme, stipulait la loi, avait droit au « titre
honorifique » de Bauer , ou paysan, dont il était déchu s'il enfreignait
le « code d'honneur paysan » ou cessait, par incapacité ou toute autre raison,
d'exercer une activité agricole. Ainsi, le fermier allemand

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