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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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Reich à la guerre. Imprimer des
billets de banque n'était qu'un de ses procédés. Il manipula la monnaie
allemande avec une telle habileté qu'elle eut à un moment, selon les
estimations des économistes étrangers, jusqu'à 237 valeurs différentes. Il
négocia des accords d'échanges étonnamment profitables (pour l'Allemagne) avec
des douzaines de pays et, à la stupéfaction des économistes orthodoxes,
démontra brillamment que plus on devait à un pays, plus on faisait d'affaires
avec lui.
    La façon dont il créa le crédit dans un pays qui avait peu de
capitaux liquides et pratiquement pas de réserves financières fut l'œuvre d'un
génie ou — comme le dirent certains — d'un maître manipulateur. Son invention
des billets « Mefo » était un bon exemple. Il s'agissait simplement de billets
émis par la Reichsbank, garantis par l'État et qui servaient à payer les
fabricants d'armement. Ces billets étaient acceptés par toutes les banques
allemandes et escomptés finalement par la Reichsbank. Comme ces billets
n'apparaissaient ni dans les comptes publiés par la Banque Nationale, ni dans
le budget du gouvernement, ils aidèrent à assurer le secret du réarmement
allemand. De 1935 à 1938, ils servirent exclusivement à financer le réarmement
et atteignirent un total de 12 milliards de marks. En expliquant un jour cette
méthode à Hitler, le comte Schwerin von Krosigk, le malheureux ministre des
Finances, observa que c'était simplement un moyen de « battre monnaie (14) ».
    En septembre 1936, avec l'inauguration du plan de quatre ans
sous le contrôle de fer de Gœring, qui remplaça Schacht comme dictateur
économique, bien qu'il fût aussi ignorant en ce domaine que l'était Hitler,
l'Allemagne passa à une économie de guerre totale. L'objectif de ce plan était
de permettre à l'Allemagne de se suffire à elle-même en quatre ans, si bien
qu'un blocus en temps de guerre ne l'étouffât pas. On réduisit au strict
minimum les importations, on pratiqua un contrôle sévère des prix et des
salaires, on limita les dividendes à 6 pour 100, on créa de vastes usines pour
la fabrication de caoutchouc, de textile, de carburant synthétique et autres
produits à partir des matières premières dont disposait l'Allemagne, et l'on
construisit une gigantesque aciérie Hermann Gœring pour fabriquer de l'acier à
partir de minerais à faible teneur.
    Bref, l'économie fut mobilisée pour la guerre, et les hommes
d'affaires, tout en voyant leurs bénéfices augmenter, devinrent de simples
rouages dans une machine de guerre, leur action étant limitée par tant de
restrictions, par tant de formulaires à remplir que le docteur Funk, qui
succéda à Schacht en 1937 comme ministre de l'Économie et en 1939 comme
président de la Reichsbank, fut contraint d'avouer que « les communications
officielles occupent maintenant plus de la moitié de la correspondance totale
d'un industriel allemand » et que « le commerce extérieur allemand implique
chaque jour 40 000 transactions séparées; et pourtant, pour une seule
transaction, il faut remplir jusqu'à 40 formulaires différents ».
    Ensevelis sous des montagnes de paperasserie, recevant de l'État
des instructions sur ce qu'ils pouvaient produire, en quelles quantités et à
quels prix, accablés par une imposition de plus en plus forte et par
d'incessantes « contributions spéciales » au parti, les hommes d'affaires qui
avaient accueilli avec un tel enthousiasme le régime hitlérien parce qu'ils
comptaient sur lui pour anéantir le syndicalisme et pour permettre à un chef
d'entreprise d'opérer librement, les hommes d'affaires allemands perdaient
leurs illusions. Parmi eux se trouvait Fritz Thyssen, un de ceux qui avaient
fourni les premières et les plus importantes contributions au parti. Fuyant
l'Allemagne à la déclaration de guerre, il reconnut que « le régime nazi a
ruiné l'industrie allemande »
    Et à tous ceux qu'il rencontrait à l'étranger il déclarait : «
Quel crétin (Dummkopf) j'ai été (15)! »
    Au début pourtant, les hommes d'affaires essayaient de se
persuader que le régime nazi était la réponse à toutes leurs prières. Bien sûr,
l' « inaltérable » programme du parti leur avait paru menaçant, avec ses
promesses de nationalisation des trusts, de partage des bénéfices avec les
grossistes, « de communalisation des grands magasins, qui seraient loués à bas
prix à de petits commerçants » (comme l'expliquait le

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