Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
Vom Netzwerk:
chiffre de 1 milliard 200 millions
de marks. Outre ses plaisants bénéfices, l'homme d'affaires avait tout lieu de
se réjouir de la façon dont, sous le régime hitlérien, les ouvriers avaient été
remis à leur place. Il n'y avait plus de revendications de salaires
déraisonnables. En fait, les salaires se trouvèrent légèrement réduits, malgré
une augmentation de 25 pour 100 du coût de la vie. Et, surtout, il n'y avait
plus de grèves ruineuses. En fait, il n'y avait plus de grèves du tout. De
telles manifestations de désordre étaient interdites dans le Troisième Reich.

LE SERVAGE DE LA MAIN-D’OEUVRE
    Privé de ses syndicats, des conventions collectives et du droit
de grève, le travailleur allemand du Troisième Reich devint un serf industriel,
lié à son maître l'employeur, à peu près comme les paysans du Moyen Age étaient
liés au seigneur du manoir. Le « Front du Travail », qui remplaçait
théoriquement les anciens syndicats, ne représentait pas l'ouvrier. D'après la
loi du 24 octobre 1934 qui l'avait créé, il était « l'organisation des
travailleurs allemands intellectuels et manuels ». Il groupait non seulement
les salariés, mais aussi les employeurs et les membres des professions libérales.
Il constituait en réalité une vaste organisation de propagande, et, comme le
disaient certains travailleurs, une gigantesque escroquerie.
    Son but, exposé dans le texte de la loi, n'était pas de protéger
le travailleur, mais de « créer une authentique communauté sociale et
productive de tous les Allemands. Sa tâche consiste à veiller à ce que chaque
individu soit capable... de donner le maximum de travail. » Le Front du Travail
n'était pas une organisation administrative indépendante, mais, comme presque
tous les autres groupements en Allemagne nazie, à l'exception de l'armée,
partie intégrante du N.S.D.A.P. ou, comme le disait son chef, le docteur Ley —
cet « ivrogne bafouillant » pour reprendre la formule de Thyssen — « un
instrument du Parti ». A vrai dire, la loi du 24 octobre stipulait que ses
cadres devaient être issus des rangs du parti, les anciennes unions nazies, les
S.A. et les S.S., et c'était bien de là qu'ils venaient.
    Déjà, la loi réglementant la main-d'œuvre nationale du 20
janvier 1934, connue sous le nom de « Charte du Travail », avait remis le
travailleur à sa place et rétabli l'employeur dans son ancienne position de
maître absolu, sujet, il est vrai, aux interventions de l'État tout-puissant.
L'employeur devenait « le chef de l'entreprise », les employés, les « disciples
» ou Gefolgschaft . L'article 2 de la loi précisait que « le chef de
l'entreprise prend les décisions pour les employés et les ouvriers dans tous
les domaines concernant l'entreprise ». Et, tout comme autrefois le seigneur
était censé être responsable du bien-être de ses sujets, de même, sous la loi
nazie, l'employeur était-il « responsable du bien-être des employés et des
travailleurs ». En retour, précisait la loi, « les employés et les ouvriers lui
doivent fidélité », c'est-à-dire qu'ils devaient travailler dur et longtemps,
sans récriminations ni murmures, même s'il s'agissait de salaire.
    Les salaires étaient fixés par des conseillers du travail,
nommés par le Front du Travail. En pratique, ceux-ci fixaient les tarifs selon
les désirs de l'employeur — il n'était pas question même de consulter les
ouvriers sur ces questions — mais après 1936, quand la main-d'œuvre se fit rare
dans les industries d'armement et que certains employeurs tentèrent d'élever
les salaires pour attirer l'embauche, l'échelle des salaires fut maintenue à un
niveau plus bas sur ordre de l'État. Hitler ne cachait pas son jeu sur ce point
: « Cela a été l'inébranlable principe du gouvernement national socialiste,
déclara-t-il au début du régime, de ne permettre aucune augmentation du taux de
salaire horaire, mais de ne tolérer d'augmentation de revenus que par une
augmentation du rendement (16) ». Dans un pays où la plupart des salaires
étaient fondés, du moins en partie, sur le travail à la pièce, cela signifiait
qu'un travailleur ne pouvait espérer gagner davantage que par une accélération
ou par une prolongation de ses heures de travail.
    Par rapport aux États-Unis, et en tenant compte de la différence
du coût de la vie et des services sociaux, les salaires en Allemagne avaient
toujours été bas. Sous le régime nazi, ils

Weitere Kostenlose Bücher