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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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point 16), avec aussi sa
réforme agraire et l'abolition de l'intérêt sur les hypothèques. Mais les
industriels et les financiers ne tardèrent pas à apprendre qu'Hitler n'avait
pas la moindre intention de respecter une seule des promesses économiques
contenues dans le programme du parti : ces promesses radicales n'avaient été
lancées que pour attirer des voix.
    Durant les premiers mois de 1933, quelques radicaux du parti
s'efforcèrent de mettre la main sur des groupes d'affaires, de s'emparer des
grands magasins et de créer un État corporatif sur le modèle de celui que
Mussolini s'efforçait d'instaurer. Mais ils furent rapidement contrés par
Hitler et remplacés par des hommes d'affaires conservateurs. Gottfried Feder,
le premier mentor d'Hitler en matière d'économie, l'illuminé qui voulait abolir
« l'esclavage et l'intérêt », fut nommé sous-secrétaire au ministère de
l'Économie, mais son supérieur, le docteur Karl Schmitt, le magnat de
l'assurance, qui avait passé sa vie à prêter de l'argent et à percevoir des
intérêts, ne lui donna rien à faire et, quand Schacht devint ministre, il
décida de se passer des services de Feder.
    Les petits hommes d'affaires, qui avaient constitué l'un des
principaux soutiens du parti, et qui attendaient beaucoup du chancelier Hitler,
ne tardèrent pas à se trouver nombreux à être anéantis et relégués au rang des
salariés. Des lois promulguées en octobre 1937 décrétèrent la dissolution pure
et simple de toutes les sociétés ayant un capital inférieur à 20 000 dollars et
interdirent la création de nouvelles sociétés avec un capital inférieur à 200
000 dollars. Cela régla rapidement le sort d'un cinquième de toutes les petites
entreprises. Par contre, les grands cartels, que même la République avait
favorisés, furent encore renforcés par les nazis. En fait, aux termes d'une loi
du 15 juillet 1933, ils furent rendus obligatoires. Le ministère de l'Économie
avait pouvoir d'organiser de nouveaux cartels ou d'ordonner à des firmes
d'adhérer à des cartels déjà existants.
    Le système des multiples groupements commerciaux organisé sous
la République fut maintenu par les nazis, mais la loi fondamentale du 27
février 1934 les réorganisa dans le cadre d'une hiérarchie bien ordonnée et les
plaça sous le contrôle de l'État. Toutes les entreprises étaient obligées
d'adhérer à ces groupements. A la tête d'une structure incroyablement complexe
se trouvait la Chambre Économique du Reich, dont le président était nommé par
l'État, et qui contrôlait 7 groupes économiques nationaux, 23 chambres
économiques, 100 chambres de l'industrie et du commerce et 70 chambres des
métiers.
    Au milieu de cette organisation labyrinthienne, de cette
multitude de bureaux et d'agences du ministère de l'Économie, du Plan de quatre
ans et de l'avalanche de décrets et de lois particulières, même l'homme
d'affaires le plus avisé était souvent perdu, et il fallait engager des avocats
spécialisés pour permettre à une firme de fonctionner. Les pots-de-vin qu'il
fallait verser pour trouver le moyen d'approcher les fonctionnaires capables de
prendre les décisions dont on avait besoin ou pour tourner les règlements
infinis du gouvernement et des associations commerciales, ces pots-de-vin finirent
par devenir astronomiques. « C'était devenu une nécessité économique », déclara
un homme d'affaires à l'auteur de ces lignes.
    Pourtant, malgré toutes ces tracasseries, l'homme d'affaires
réalisait d'appréciables bénéfices. Les industries lourdes, principales
bénéficiaires du réarmement, augmentèrent leur marge bénéficiaire de 2 pour
100, chiffre de l'excellente année de 1926, à 6,5 pour 100 en 1938, la dernière
année complète de paix. Même la loi limitant à 6 pour 100 les dividendes ne
gênait pas les sociétés. Tout au contraire. Théoriquement, d'après la loi,
toute somme supérieure à ce chiffre devait être investie en bons d'État : il
n'était pas question de confiscation.
    En fait, la plupart des firmes réinvestissaient dans leurs
propres affaires les bénéfices non distribués, qui s'élevèrent de 175 millions
de marks en 1932 à 5 milliards de marks en 1938, année où le total des dépôts
dans les banques d'épargnes n'atteignait que 2 milliards, ou moins de la moitié
des bénéfices non distribués, et durant laquelle les bénéfices distribués sous
la forme de dividendes n'atteignaient que le

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