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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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pour établir dans quelle mesure les
dispositions étaient judicieusement prises, les forces armées prêtes à marcher,
Halder et Witzleben vraiment décidés à donner l'ordre de passer à l'action.
Nous possédons seulement les déclarations d'une poignée de partisans qui, après
la guerre, étaient soucieux de prouver leur opposition au national-socialisme,
et ce qu'ils ont dit et écrit pour leur défense est souvent contradictoire et
déroutant [135] .
    Si, comme le prétendent les conspirateurs, leurs projets
allaient être mis à exécution, il est bien certain que l'annonce du voyage de
Chamberlain à Munich leur coupa l'herbe sous le pied. Les généraux ne pouvaient
guère arrêter Hitler et le juger comme criminel de guerre, alors que, de toute
évidence, il allait faire une importante conquête par des moyens pacifiques.
    Parmi tant d'incertitudes, une seule chose est hors de doute —
et sur ce point on ne peut que donner raison au docteur Schmidt — jamais plus
l'opposition allemande ne retrouverait une aussi magnifique occasion de se
débarrasser d'Hitler, de mettre rapidement fin au Troisième Reich, enfin
d'épargner une guerre à l'Allemagne et au monde. Si nous ne craignions pas les
généralisations, nous dirions que les Allemands sont d'ordinaire un peu trop
enclins à reprocher aux étrangers leurs échecs.
    Certes, dans l'affaire de Munich, avec les conséquences
désastreuses qu'elle entraîna, la responsabilité de Chamberlain et de Halifax,
de Daladier et de Bonnet est écrasante. Mais on peut les excuser dans une
certaine mesure de ne pas avoir pris très au sérieux les informations qu'on
leur donnait au sujet de la révolte d'un groupe de généraux et de civils
allemands, dont la plupart avaient mis tous leurs talents au service d'Hitler.
    S'ils les avaient eux-mêmes oubliés, leurs conseillers à Londres
ou à Paris auraient pu leur rappeler certains événements récents, et peu
encourageants, de l'histoire d'Allemagne : l'armée avait contribué à porter
l'ancien caporal, au pouvoir, elle avait saisi avec joie les occasions qu'il
lui offrait de réarmer, elle avait assisté, sans en être choquée, selon toute
apparence, à la destruction de toute liberté individuelle par le régime
national socialiste, elle n'avait même pas protesté contre le meurtre d'un des
siens, le général von Schleicher, ni contre la destitution, à la suite d'une
machination infâme, de son chef le général von Fritsch; tout récemment, elle
avait approuvé le viol de l'Autriche et même fourni les effectifs militaires
nécessaires à l'opération. De quelques reproches qu'on puisse accabler les
partisans français et britanniques de l'apaisement à tout prix — et certes leur
responsabilité est grande — il n'en est pas moins vrai que les généraux
allemands eux-mêmes et les civils qui trempaient dans le complot n'ont pas su,
au moment opportun, prendre leur décision.

L’ABDICATION DE MUNICH:
29-30 SEPTEMBRE 1938
    Le 29 septembre, à midi et demie, dans cette cité bavaroise
vouée au style baroque où, dans les sombres arrière-salles de petits cafés
minables, il avait fait ses humbles débuts d'homme politique, où il avait connu
l'humiliation lors du putsch manqué de la Brasserie, Adolf Hitler
accueillait en vainqueur les chefs de gouvernement de Grande-Bretagne, de
France et d'Italie.
    De très bonne heure le matin, il était allé à la rencontre de
Mussolini jusqu'à Kufstein, sur l'ancienne frontière austro-allemande, afin
d'établir avec lui les bases d'une action commune à la conférence. Dans le
train qui remontait vers Munich, Hitler, qui était d'une humeur
particulièrement belliqueuse, expliquait au Duce, avec cartes à l'appui,
comment il comptait « liquider » la Tchécoslovaquie. Ou bien, lui dit-il, les conversations
qui allaient commencer réussiraient tout de suite, ou bien il aurait recours
aux armes. Ciano, qui assistait à l'entretien, dit que le
Führer ajouta : « D'ailleurs, le moment viendra où nous devrons combattre côte
à côte contre la France et l'Angleterre. » Mussolini acquiesça (80).
    Chamberlain, lui, ne se donna pas la même peine pour rencontrer
Daladier et élaborer avec lui une stratégie commune aux deux démocraties
occidentales avant d'affronter les deux dictateurs fascistes. En fait, à mesure
que la journée s'avançait, la plupart des journalistes qui se trouvaient comme
moi en contact avec les délégations britannique et française

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