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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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dû s'y attendre
de la part d'un ancien homme d'affaires, ex-chancelier de l'Échiquier,
Chamberlain voulut savoir qui dédommagerait le gouvernement tchèque de la perte
des propriétés publiques qui passeraient à l'Allemagne dans les Sudètes.
    Hitler, qui, d'après François-Poncet, semblait pâle et
tourmenté, et s'irritait d'autre part de ne pouvoir suivre, comme le faisait
Mussolini, les propos échangés en français et en anglais répondit sur un ton de
colère qu'aucun dédommagement n'était prévu. Quand le Premier Ministre s'éleva
contre la clause stipulant que les Tchèques, en quittant le pays des Sudètes,
ne pourraient même pas emmener leur bétail (cette condition figurait déjà dans
les propositions de Godesberg) et s'écria : « Cela signifie-t-il que les
fermiers seront expulsés mais que leur bétail sera confisqué ? » Hitler explosa
:
    « Notre temps est trop précieux pour que nous le perdions à
discuter de pareilles bagatelles », cria-t-il à Chamberlain. Le Premier
Ministre n'insista pas (84).
    Pourtant il avait insisté d'abord pour qu'un représentant
tchèque fût présent, ou du moins, selon son expression, « qu'on pût l'avoir
sous la main ». Son pays, dit-il, ne pouvait, bien entendu, s'engager à donner
la garantie que le territoire des Sudètes serait évacué le 10 octobre (comme
l'avait proposé Mussolini) si aucune assurance à ce sujet n'était donnée par le
gouvernement tchèque. Daladier le soutint mollement. Le gouvernement français,
dit-il, ne « tolérerait aucun retard de la part du gouvernement tchèque », mais
il pensait que « la présence d'un représentant tchèque, qui pourrait être
consulté si nécessaire, serait profitable ».
    Mais Hitler ne voulut rien entendre. Il ne consentait à admettre
aucun Tchèque en sa présence. Daladier céda sans difficulté, mais Chamberlain
finit par obtenir une petite concession. Il fut convenu qu'un représentant
tchèque pourrait se tenir à la disposition des participants « dans la pièce à
côté », comme le suggérait le Premier Ministre.
    En effet, pendant la séance de l'après-midi, deux représentants
tchèques, le docteur Vojtech Mastny, le ministre tchèque à Berlin, et le
docteur Hubert Masaryk, des Affaires étrangères de Prague, arrivèrent et furent
sans vergogne introduits dans une pièce voisine. Après qu'on les eut laissés
s'y morfondre de quatorze à dix-neuf heures, le ciel leur tomba, pourrait-on
dire, sur la tête. A dix-neuf heures, en effet, Frank Ashton-Gwatkin, qui avait
appartenu à la mission Runciman et faisait maintenant partie de la suite de
Chamberlain, vint leur apprendre de mauvaises nouvelles.
    Un accord général était intervenu, dont il ne pouvait pas encore
leur donner les détails, mais qui était « beaucoup plus dur » que les
propositions franco-britanniques. Masaryk demanda si les Tchèques ne pouvaient
être entendus, mais, comme le rapporta ensuite le représentant tchèque à son
gouvernement, l'Anglais lui répondit « qu'il semblait ignorer combien la
situation des grandes puissances était difficile et qu'il ne pouvait comprendre
à quel point les négociations avec Hitler avaient été pénibles ».
    A dix heures du soir, les malheureux Tchèques furent conduits
auprès de Sir Horace Wilson, le fidèle conseiller du Premier Ministre. Wilson
leur communiqua, de la part de Chamberlain, les principaux points de l'accord
des quatre puissances et leur remit une carte des zones sudètes qui devraient
être immédiatement évacuées par les Tchèques. Quand les deux envoyés tentèrent
de protester, le fonctionnaire britannique leur coupa la parole. Il n'avait
rien de plus à dire, déclara-t-il, et il sortit rapidement. Les Tchèques
continuèrent à protester auprès d'Ashton-Gwatkin, qui était resté avec eux.
Mais ce fut en vain.
    « Si vous n'acceptez pas, leur dit-il au moment de sortir, vous
serez obligés de régler vos affaires avec les Allemands absolument seuls.
Peut-être les Français vous diront-ils cela moins brutalement, mais, vous
pouvez m'en croire, ils partagent nos vues. Ils se désintéressent de la
question. »
    C'était la vérité, si désolante qu'elle dut alors paraître aux
deux émissaires tchèques. Le 30 septembre, peu après une heure du matin,
Hitler, Chamberlain, Mussolini et Daladier, dans l'ordre que je viens
d'indiquer, apposèrent leur signature sur l'accord de Munich, stipulant que
l'armée allemande entrerait en

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