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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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sa
part de butin en Croatie et en Dalmatie.
    14   août . — Je trouve Mussolini soucieux.
Je n'hésite pas à susciter en lui, et par tous les moyens, des réactions
anti-allemandes en lui parlant de son prestige ébranlé, de son rôle peu
brillant de satellite et, surtout, en lui fournissant une documentation qui
établit la mauvaise foi de l'Allemagne dans la question polonaise. Notre
alliance a été conclue sur une base que les Allemands désavouent maintenant. Ce
sont eux les traîtres, et nous ne devons pas avoir de scrupules à les lâcher.
Mais Mussolini en a encore beaucoup.
    Le lendemain, pendant six heures, Ciano examina le problème sous
toutes ses faces avec Mussolini.
    15   août . — Le Duce... est d'avis que
nous ne pouvons pas marcher aveuglément avec l'Allemagne. Mais... il ne veut
pas rompre brutalement les relations avec Berlin... Il commence à se persuader
que les démocraties se battront. « Cette fois-ci, c'est la guerre. Et nous ne
pouvons pas la faire parce que notre situation ne nous le permet pas. »
    18 août . — Dans la matinée, entretien avec le Duce
en proie à ses habituelles variations de sentiments. Il croit encore possible
que les démocraties ne marchent pas et qu'alors l'Allemagne réalise à bon
compte une magnifique affaire dont il ne veut pas être exclu. Et puis, il
craint la colère d'Hitler. Il croit qu'une dénonciation du pacte — ou quelque
chose d'approchant — pourrait inciter Hitler à abandonner la question polonaise
pour régler son compte à l'Italie. Tout cela le rend nerveux et inquiet.
    20   août . — Le Duce a fait volte-face. Il
veut à tout prix se ranger aux côtés de l'Allemagne dans le conflit qui s'avère
imminent... Entretien à trois avec Mussolini et Attolico. (L'ambassadeur était
revenu de Berlin en vue de consultations.) En voici la substance : il est trop
tard pour lâcher les Allemands... La presse du monde entier dirait que les
Italiens sont des lâches. J'essaie de discuter, mais c'est peine perdue ce
soir. Le Duce tient fermement à son idée.
    21   août . — Aujourd'hui j'ai parlé très
clairement... Lorsque je suis entré dans la pièce, Mussolini m'a confirmé sa
décision de marcher avec les Allemands. « Duce, ai-je dit, vous ne pouvez et ne
devez pas faire cela... Je suis allé à Salzbourg pour convenir d'une politique
commune — je m'y suis trouvé placé devant un diktat. Ce n'est pas nous, ce sont
les Allemands qui ont violé le pacte... Déchirez-le, jetez-le à la face
d'Hitler... »
    A l'issue de cette conférence, il fut décidé que Ciano
chercherait à rencontrer Ribbentrop le lendemain au Brenner pour le prévenir
que l'Italie resterait en dehors d'un conflit provoqué par une attaque
allemande contre la Pologne. Il lui fallut des heures pour obtenir le ministre
nazi au téléphone. Ciano l'avait appelé à midi et ce n'est qu'à dix-sept heures
trente qu'il eut Ribbentrop au bout du fil. Son interlocuteur ne fut pas en
mesure de lui répondre immédiatement s'il lui était possible de le rencontrer
au Brenner sous un délai aussi bref, car il « attendait un important message de
Moscou ». Il lui déclara donc qu'il le rappellerait plus tard. Ce qu'il fit à
vingt-deux heures.
    22 août . — Le coup de théâtre s'est produit hier
soir à dix heures trente (nota Ciano dans son Journal), Ribbentrop a téléphoné
qu'il préférait me rencontrer à Innsbruck plutôt qu'à la frontière, car il
devait partir ensuite pour Moscou afin d'y signer un accord politique avec les
Soviets.
    Pour une nouvelle, c'en était une : Mussolini en fut surpris
tout autant que Ciano. Les deux hommes arrivèrent à la conclusion qu'une
rencontre des ministres des Affaires étrangères « n'était plus opportune ». Une
fois de plus, l'allié allemand leur avait prouvé son mépris en les laissant
dans l'ignorance de ses tractations avec Moscou.
    Les hésitations du Duce, les sentiments anti-allemands de Ciano,
l'éventualité d'une dérobade italienne (aux termes de l'article II du Pacte
d'Acier, lorsque l'un des partenaires se trouvait « entraîné dans une guerre
contre une tierce puissance », l'alliance devait jouer automatiquement), tout
cela, Berlin le savait avant le 22 août, date du départ de Ribbentrop pour
Moscou.
    Le 20 août, le comte Massimo Magistrati, chargé d'affaires
italien à Berlin, était allé trouver Weizsaecker à la Wilhelmstrasse. « Au
cours de sa visite, devait écrire le secrétaire d'État

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