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Le Troisième Reich, T1

Le Troisième Reich, T1

Titel: Le Troisième Reich, T1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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étaient de grands et magnifiques blonds —
se produisit trop tard pour réellement améliorer l'élément hébreu « corrompu ».
A partir de là, Chamberlain se trouve en contradiction avec toute sa théorie de
la pureté de la race juive et il découvre que les Juifs deviennent une race «
négative et abâtardie », en sorte que les Aryens ont à bon droit « refusé »
Israël. En fait, il blâme les Aryens d'avoir conféré aux Juifs un « halo de
fausse gloire », puis il trouve que ces derniers « manquent lamentablement de
vraie religion ».
    En fin de compte, Chamberlain pense que la voie du salut passe
par les Teutons et leur culture et que les Allemands sont les plus doués
d'entre eux, car ils ont hérité les meilleures qualités des Grecs et des
Indo-Aryens. Cela leur donne le droit d'être les maîtres du monde. « Dieu ne
fait fond aujourd'hui que sur les seuls Allemands, a-t-il écrit ailleurs.
Telles sont la conviction et la vérité certaine qui sont les miennes depuis des
années. »
    La publication des Fondements du XIXe siècle créa une
sensation et valut à leur étrange auteur anglais un renom soudain en Allemagne.
Malgré son éloquence coutumière et la tenue de son style — Chamberlain était un
artiste-né —, le livre n'était pas d'une lecture facile. Mais il ne tarda pas à
être bien accueilli par les classes dirigeantes, qui semblent y avoir trouvé
exactement ce qu'elles désiraient croire. En dix ans, il eut huit éditions, avec
une vente de 60 000 exemplaires; quand éclata la guerre de 1914 ce chiffre
atteignait 100 000. Cette faveur du public se renouvela pendant la période
nazie, et je me rappelle l'annonce de sa vingt-quatrième édition en 1938; la
vente dépassait alors 250 000 exemplaires.
    Le kaiser Guillaume II fut l'un de ses premiers et de ses plus
enthousiastes lecteurs. Il invita Chamberlain à son palais de Potsdam; dès leur
première rencontre se forma entre eux une amitié qui dura jusqu'à la mort de
l'auteur en 1927 et qui fut marquée par une copieuse correspondance. Certaines
des quarante-trois lettres que Chamberlain écrivit à l'empereur (qui lui envoya
vingt-trois réponses) étaient de longs essais que Guillaume II utilisa dans
plusieurs de ses discours et déclarations sensationnels.
    « C'est Dieu qui a adressé votre livre au peuple allemand, et
vous qui me l'avez personnellement adressé », lui manda-t-il dans une de ses
premières missives. L'obséquiosité de Chamberlain et ses flatteries exagérées
sont parfois écœurantes : « Votre Majesté et ses sujets sont nés dans un saint
sanctuaire », écrit-il, ajoutant pour Guillaume II qu'il avait placé son
portrait dans son cabinet, vis-à-vis celui du Christ par Léonard de Vinci, de
sorte que, pendant son travail, il allait souvent de l'image de son Sauveur à
celle de son souverain.
    Cette servilité n'empêchait pas Chamberlain d'offrir
continuellement des conseils au monarque. En 1908, l'opposition populaire faite
à Guillaume II était telle qu'on vit le Reichstag désapprouver sa désastreuse
intervention dans les affaires étrangères; Chamberlain ne lui en déclara pas
moins que l'opinion publique étant fabriquée par des idiots et des traîtres, il
n'avait pas à en tenir compte; l'empereur lui répondit que, tous les deux, ils
s'entendraient et se serreraient les coudes : « Vous brandissez votre plume;
j'use de ma langue (et) de mon épée. »
    L'Anglais ne manquait jamais de rappeler au Kaiser la mission et
la destinée de l'Allemagne. « Lorsque l'Allemagne aura vaincu, écrit-il après
le début de la première guerre mondiale — et nous pouvons y compter avec
confiance, — il faudra qu'elle s'adonne immédiatement à une politique
scientifique de génie. Auguste entreprit ainsi une transformation politique du
monde; l'Allemagne doit faire de même... Pourvue d'armes offensives et
défensives, organisée aussi fermement et complètement que son armée, supérieure
à tous en art, en science, en technologie, en industrie, en commerce, en
finance, bref, en tous les domaines; guide, pilote et pionnière du monde ;
chaque homme à son poste, chaque homme donnant toutes ses forces à la cause
sainte; ainsi, l'Allemagne... conquerra le monde au moyen de son essentielle
supériorité. » Guillaume II décora Chamberlain de la Croix de fer pour avoir
incité à une si glorieuse mission son pays d'adoption (il s'était fait
naturaliser Allemand en 1916, en pleine guerre).
    Toutefois,

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