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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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von
Schulenburg, de « la compréhension du gouvernement soviétique à l’égard
des mesures défensives auxquelles l’Allemagne se voyait contrainte et leur
souhaitait un plein succès (1). » Un mois plus tard, informé de l’offensive
de la Wehrmacht contre les Pays-Bas, la Belgique et la France, le ministre
soviétique exprima une fois de plus sa satisfaction. Chapitré par Ribbentrop, l’ambassadeur
avait expliqué que cette mesure s’imposait en raison de la menace imminente d’une
pénétration anglo-française de la Ruhr par la Belgique et la Hollande.
    « Molotov a témoigné d’une parfaite compréhension, rapporte
la dépêche expédiée à Berlin par l’ambassadeur ; il se rend compte que l’Allemagne
a le devoir de se prémunir contre une agression franco-britannique et a ajouté
qu’il ne doute aucunement de notre succès (2). »
    Le 17 juin, jour où la France demanda l’armistice, Molotov
fit mander von Schulenburg à son cabinet afin de lui transmettre les
chaleureuses congratulations du gouvernement soviétique à l’occasion du « splendide
succès de la Wehrmacht ».
    Le ministre russe avait encore quelque chose à dire à l’ambassadeur
du Reich, mais d’infiniment moins agréable à entendre pour une oreille
allemande. Il s’agissait, en effet, de l’informer de l’action entreprise par l’Union
Soviétique dans les États Baltes, « afin de mettre un terme aux intrigues
par lesquelles l’Angleterre et la France s’efforçaient de fomenter la discorde
et la méfiance entre l’Allemagne et l’U. R. S. S. dans les territoires baltes (3). »
Pour y couper court une fois pour toutes, expliqua Molotov (on voit d’ici son
petit œil scintiller derrière le lorgnon), le gouvernement soviétique venait de
déléguer un émissaire spécial dans chacun des trois États Baltes : Dekanozov
en Lituanie ; Vichinsky en Lettonie et Chadanov en Estonie.
    Les trois émissaires, choisis parmi les meilleurs hommes de main
de Staline, s’acquittèrent de leur mission avec le zèle et la minutie qu’on est
en droit d’attendre d’un pareil trio, en particulier des deux derniers
personnages.
    Dès le 14 juin, jour de l’entrée des troupes allemandes à
Paris, l’U. R. S. S. adressait à la Lituanie un ultimatum, expirant au bout de
neuf heures, par lequel elle exigeait la démission de son gouvernement, l’arrestation
de quelques-uns de ses hauts fonctionnaires et le droit d’introduire sur son
territoire autant de troupes soviétiques que bon lui semblerait.
    Bien que le gouvernement lituanien se fût soumis à l’ultimatum
dans le délai imposé, le Kremlin ne s’estima pas satisfait et, vingt-quatre
heures plus tard, les troupes russes occupaient la Lituanie, seul État Balte
situé à la frontière allemande. Les lendemains et surlendemain, la Lettonie et
l’Estonie recevaient de l’U. R. S. S. un ultimatum similaire. Après quoi, à
leur tour, elles furent occupées par l’Armée Rouge. Dans le domaine de l’agression,
Staline se révélait aussi brutal qu’Hitler, aussi impitoyable et, s’il se peut,
plus cynique encore.
    Une fois les chefs politiques incarcérés, la presse jugulée et
tous les partis proclamés illégaux sauf, bien entendu, le Parti communiste, le
Kremlin mit en scène, le 14 juillet, de pseudo-élections dans les trois
États. Dès que les trois parlements ainsi « élus » eurent voté en
faveur de l’incorporation de leurs pays respectifs à l’Union Soviétique, celle-ci
consentit à « accueillir » l’un après l’autre les trois États Baltes
au sein de la mère patrie, la Lituanie le 3 août, la Lettonie le 5, l’Estonie
le 6.
    Adolf Hitler en éprouva une cuisante humiliation, mais, absorbé
par son entreprise d’invasion de l’Angleterre, il ne put que la ravaler. Les
lettres de protestation des représentants des trois États Baltes à Berlin leur
furent retournées sur instructions de Ribbentrop. Le 11 août – comble d’humiliation
pour le Reich – Molotov intima brusquement à la Wilhelmstrasse l’ordre de « liquider »
en l’espace de quinze jours ses légations de Riga, de Kaunas, de Tallinn et de
clore tous ses consulats baltes avant le 1er septembre.
    L’annexion des États Baltes ne suffit pas à assouvir l’appétit
de Staline. Par ailleurs, la débâcle incroyablement rapide des armées
françaises et britanniques attisa sa résolution de battre le fer pendant qu’il
était chaud. De toute

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