Le Troisième Reich, T2
intentions, provoquerait
un scandale et le dépouillerait de son prestige en Angleterre.
Il est aussi convaincu que l’heure actuelle est prématurée,
puisqu’il n’y a pas jusqu’ici, en Angleterre, de tendance à un rapprochement
avec l’Allemagne. Cependant, aussitôt que cet état d’esprit changera, il sera
prêt à revenir immédiatement… Ou l’Angleterre fera alors appel à lui, ce qu’il
considère comme tout à fait possible, ou l’Allemagne exprimera le désir de
négocier avec lui. Dans les deux cas, il est prêt à s’imposer n’importe quel
sacrifice, sans la moindre ambition personnelle.
Il restera en communication permanente avec son hôte et a
convenu avec lui d’un mot code, au reçu duquel il reviendra immédiatement.
A la consternation des Allemands, le duc et la duchesse s’embarquèrent
le soir du 1er août sur le paquebot américain Excalibur. Dans le dernier
compte rendu de l’échec de sa mission, un long télégramme personnel « au
ministre des Affaires étrangères », Schellenberg déclarait le lendemain qu’il
avait fait tout son possible pour empêcher le départ. Un frère de Franco, ambassadeur
d’Espagne à Lisbonne, consentit à faire un ultime appel aux Windsor pour les
décider à ne pas partir. L’automobile transportant les bagages du duc fut « sabotée »,
prétendit Schellenberg, de façon que les bagages arrivent en retard au bateau. Les
Allemands répandirent des rumeurs selon lesquelles une bombe à retardement
avait été placée à bord du navire. Les officiels portugais retardèrent le
départ de celui-ci jusqu’à ce qu’ils l’eussent visité de fond en comble.
Néanmoins, les Windsor partirent ce soir-là. Le complot nazi
avait échoué. Schellenberg, dans son dernier rapport à Ribbentrop, en rendit
responsables l’influence de Monckton, l’effondrement « du plan des
Espagnols » et « la mentalité du duc ».
Il existe un dernier document concernant le complot dans les papiers
saisis du ministre des Affaires étrangères allemand. Le 15 août, le
ministre allemand à Lisbonne télégraphia à Berlin : « Le confident
vient de recevoir des Bermudes un télégramme du duc, qui lui demande de le
prévenir dès qu’une action serait à conseiller. Doit-on y répondre ? »
Aucune réponse n’a été trouvée dans les papiers de la
Wilhelmstrasse. A la mi-août, Hitler avait décidé de conquérir l’Angleterre par
les armes. Il n’avait plus besoin d’un nouveau roi pour l’Angleterre. L’île, comme
tous les autres territoires conquis, serait gouvernée de Berlin. C’était du
moins ce qu’il pensait…
Dans une déclaration faite par l’entremise de ses avoués, le 1er août
1957, après que les documents allemands furent libérés pour être publiés, le
duc qualifia la correspondance entre Ribbentrop et les ambassadeurs allemands
en Espagne et au Portugal de « fabrication de toutes pièces et, en partie,
de falsification de la vérité ». Windsor expliqua que, pendant qu’il était
à Lisbonne, en 1940, attendant de partir pour les Bahamas, « certaines
personnes », qu’il découvrit être des sympathisants pro-nazis, avaient
tenté de le persuader de retourner en Espagne et de ne pas occuper son poste de
gouverneur.
« On m’a même donné à entendre qu’il y aurait un risque
personnel pour la duchesse et moi si nous allions aux Bahamas, dit-il. Pas un
seul moment je n’ai pensé à écouter cette suggestion, que j’ai traitée avec le
mépris qu’elle méritait. »
Le ministre des Affaires étrangères anglais publia une
déclaration formelle affirmant que jamais, au cours de la guerre, le loyalisme
du duc envers la Grande-Bretagne n’avait été ébranlé.
23 -
L’HEURE DE LA RUSSIE :
L’OPÉRATION BARBEROUSSE
En cet été 1940, Staline, mettant à profit les préoccupations d’Hitler
accaparé par la conquête de l’Europe occidentale, prenait possession des États
Baltes et, peu après, des Balkans. En surface, la plus amicale entente régnait
entre les deux dictateurs. A l’occasion de chaque nouvelle conquête, de chaque
nouvel acte d’agression de l’Allemagne, Molotov, porte-parole de Staline, adressait
de flatteuses congratulations au Führer.
Lorsque, le 9 avril 1940, les Allemands envahirent la
Norvège et le Danemark, le commissaire du peuple aux Affaires étrangères d’U. R.
S. S. s’empressa d’assurer l’ambassadeur d’Allemagne à Moscou, le comte
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