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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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évidence, il n’y avait pas de temps à perdre.
    Le 23 juin, au lendemain de la capitulation officielle de
la France et de la signature de l’armistice franco-allemand à Compiègne, Molotov
convoqua une fois de plus von Schulenburg pour lui déclarer que « le
règlement de la question bessarabienne ne souffrait plus aucun délai ».
« Au cas où la Roumanie se refuserait à un accord pacifique, le
gouvernement soviétique était résolu à employer la force. »
    Il comptait fermement que l’Allemagne, « loin d’entraver
son action, lui apporterait son concours plénier ». Sans la moindre
justification, les exigences soviétiques s’étendirent également à la Bukovine
septentrionale (4). En effet, alors que la Bessarabie avait été enlevée à la
Russie par la Roumanie à la fin de la Grande Guerre, la Bukovine, demeurée
province autrichienne jusqu’à ce que la Roumanie s’en emparât en 1919, ne lui
avait jamais appartenu.
    Au cours des négociations qui préludèrent au Pacte
germano-soviétique, Ribbentrop s’était vu obligé de céder la Bessarabie à la sphère
d’intérêt russe, mais il n’avait jamais abandonné la Bukovine. C’est ce qu’il
rappela au Führer en réponse à la question posée par
celui-ci, à l’heure qui nous occupe.
    Les alarmes éprouvées par Berlin s’étendirent au G. Q. G. de l’armée.
Le pétrole de Roumanie était essentiel à la Wehrmacht, et l’Allemagne tout
entière avait un besoin absolu du blé et des denrées alimentaires que lui
fournissait ce pays. L’occupation de la Roumanie par l’Armée Rouge entraînerait
la perte du tout. Exactement un mois auparavant, au fort de la bataille de
France, l’état-major roumain avait envoyé à l’O. K. W. un S. O. S. l’informant
d’un rassemblement de troupes russes à la frontière.
    Dans ses notes datées du lendemain, le général Jodl résume en
deux lignes la réaction de l’O. K. W. : « La Russie concentre des
troupes à la frontière bessarabienne ; notre situation devient critique. »
Dans la nuit du 26 juin, un ultimatum de l’U. R. S. S. exige de la
Roumanie la cession immédiate de la Bessarabie et de la Bukovine septentrionale.
La réponse doit être donnée dans les vingt-quatre heures. Ribbentrop, pris de
panique, télégraphie sur-le-champ ses instructions au ministre plénipotentiaire
du Reich, à Bucarest.
    Elles se résument à ceci : conseiller au gouvernement
roumain de céder à l’ultimatum, ce qui fut fait le 29 juin. Douze heures
plus tard, les troupes soviétiques occupaient le territoire nouvellement acquis,
et Berlin poussait un profond soupir de soulagement : la source du pétrole,
menacée par l’U. R. S. S., était sauve.
    D’après ses actes et aussi par ce que révèlent les documents
secrets allemands saisis ultérieurement, il apparaît clairement que Staline, en
dépit de sa résolution de faire main basse sur tout ce qu’il pourrait glaner en
Europe Orientale, pendant que les Allemands se trouvaient accaparés ailleurs, ne
souhaitait ni n’envisageait une rupture avec Hitler. Vers la fin de juin, Churchill,
dans une lettre personnelle, s’efforça de mettre en garde le dictateur contre
le danger des conquêtes allemandes pour la Russie autant que pour la
Grande-Bretagne (5).
    Staline ne prit pas la peine de répondre. Sans doute croyait-il,
comme tout le monde, à la défaite imminente de l’Angleterre. Il se contenta de
rapporter à Berlin les inquiétudes britanniques. Entre-temps, Sir Stafford
Cripps, chef du Parti travailliste anglais, fut dépêché en hâte comme
ambassadeur à Moscou, dans l’espoir – oh ! combien précaire, avoua plus
tard l’intéressé – qu’un homme de gauche obtiendrait plus facilement l’oreille
des « Bolcheviks ».
    Cripps fut reçu par Staline au début de juillet et le premier
entretien, écrira Churchill dans ses Mémoires, fut « cérémonieux et
glacial ». Sur l’ordre de Staline, Molotov en communiqua par écrit la
teneur confidentielle à l’ambassade d’Allemagne. Ce document est des plus
intéressants ; il atteste plus qu’aucun autre à quel point les vues et les
calculs du dictateur soviétique en matière de politique étrangère demeuraient
bornés.
    Schulenburg le transmit séance tenante à la Wilhelmstrasse, sous
mention « Urgent et Ultra-Secret ». A sa lecture, Ribbentrop, plein
de gratitude ; fit savoir sans retard au gouvernement soviétique qu’il

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