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Le Troisième Reich, T2

Le Troisième Reich, T2

Titel: Le Troisième Reich, T2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: William Shirer
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remarquer qu’il s’était tenu jusque-là à des considérations d’ensemble.
A son tour d’exposer les « vues » de Staline, de qui il avait reçu
des « instructions précises ».
    Là-dessus, le Commissar soviétique fonça tête baissée :
« Les questions se mirent à pleuvoir, drues comme grêle », rapporte
Schmidt. Hitler était mal préparé à l’assaut, les procès-verbaux de la séance
le soulignent. « Aucun homme d’État étranger ne s’était permis jusqu’alors
de parler au Führer sur ce ton en ma présence (32) », note encore l’interprète.
    Que manigançait l’Allemagne en Finlande ? Molotov était curieux de le savoir. Que signifiait l’instauration d’un Ordre
nouveau en Europe et en Extrême-Orient ? Quel rôle y serait-il dévolu
à l’U. R. S. S. ? Quelle était la signification du Pacte tripartite ? Il existait aussi nombre de points à élucider concernant les intérêts de
la Russie dans les Balkans et la mer Noire, en Bulgarie, Roumanie, en Turquie, etc.
    Bref, le gouvernement soviétique souhaitait recevoir des explications.
    Pour la première fois de sa vie, sans doute, Hitler fut trop
interloqué pour riposter. Il proposa tout bonnement d’ajourner la séance « en
raison d’une éventuelle alerte aérienne » et promit de poursuivre la
discussion à fond le lendemain.
    Le moment d’abattre les cartes se trouvait différé, mais
seulement différé, et le matin suivant, à la reprise du dialogue, l’impitoyable Molotov recommença son tir. La question finlandaise en fut
la première cible et donna lieu, entre les deux hommes, à une acerbe et
véhémente controverse.
    « Le gouvernement soviétique demande le retrait des troupes
allemandes occupant la Finlande, commença Molotov.
    — Les troupes allemandes « n’occupent » pas la
Finlande, répondit Hitler. Elles ne font que la traverser pour passer en
Norvège. »
    A son tour il interroge :
    « L’U. R. S. S. a-t-elle l’intention de faire la guerre à
la Finlande ? ».
    D’après le procès-verbal allemand, Molotov offrit une réponse
quelque peu évasive qui ne satisfit pas son interlocuteur.
    « Il ne doit pas y avoir de conflit dans la Baltique, insista
le Führer. Cela amènerait inévitablement une tension dangereuse dans les
relations germano-soviétiques. »
    Menace voilée qu’il appuya un moment plus tard en déclarant que
semblable tension pourrait entraîner des « conséquences imprévisibles ».
    « L’Union Soviétique s’inquiète singulièrement de ce qui se
passe en Finlande. Où veut-elle en venir ? demanda-t-il.
    — A un règlement analogue à celui que l’Union Soviétique a
conclu au sujet de la Bessarabie », répondit Molotov.
    Cela se traduisait par l’annexion pure et simple ! La
réaction d’Hitler entama visiblement l’impassibilité du ministre russe, qui s’empressa
de demander au dictateur « son opinion à ce sujet ». Au tour d’Hitler
de répliquer évasivement en répétant sa déclaration antérieure : « Il
ne doit pas y avoir de conflit entre la Finlande et l’U. R. S. S. en raison des
prolongements incalculables qu’il entraînerait. »
    « La position que vous prenez introduit un nouveau facteur
dans le débat », rétorqua Molotov.
    Le ton des deux interlocuteurs s’emporta alors à tel point que
Ribbentrop, passablement inquiet de la tournure que prenaient les choses, crut
bon d’intervenir : « Il n’y a véritablement aucune raison pour que la
question finlandaise fasse l’objet d’un désaccord entre les gouvernements
allemand et soviétique, dit-il. Il ne peut s’agir que d’un simple malentendu. »
    Hitler saisit la perche opportunément tendue par son ministre et,
changeant de sujet, revint au thème sempiternel de la défaite britannique.
« Tournons-nous vers des problèmes plus importants », proposa-t-il.
    La Russie n’était-elle pas tentée de participer à la gigantesque
curée que promettait l’écroulement de la Grande-Bretagne ?
    Après l’achèvement de notre conquête, dit le Führer, l’Empire
britannique sera comparable à un domaine mis en liquidation pour cause de
faillite ; un domaine de 40 millions de kilomètres carrés. Là, l’U. R. S. S.
trouvera l’accès à une mer libre de glaces et réellement ouverte. Jusqu’ici, une
minorité de 45 millions d’Anglais a gouverné les 600 millions d’habitants que
compte l’Empire britannique. L’Allemagne va écraser cette

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